- Biographie
- Bibliographie
- Présentation de Les Derniers Jours de Smokey Nelson
- Présentation de Le Ciel de Bay City
- © Marie-Reine Mattera
Voix dissonante, cette romancière francophone née aux USA interroge depuis des années les contradictions de la société américaine. Son écriture incantatoire, d’une vitalité dérangeante, décrit une Amérique paradoxale, qui se considère comme "la plus grande démocratie du monde" malgré le triste record qu’elle détient : réunir dans ses prisons le quart de la population carcérale mondiale.
Installée au Québec depuis 1979, Catherine Mavrikakis enseigne à l’Université de Montréal et profite du temps qui lui reste pour écrire. Unanimement acclamée par la critique pour son roman Le ciel de Bay City, Grand Prix du Livre de Montréal (2008) et Prix des Libraires du Québec (2009), elle est également une universitaire très engagée en faveur de l’abolition de la peine de mort. Son essai Condamner à mort : Les meurtres et la loi à l’écran, récompensé par de nombreux prix en 2006, dresse un réquisitoire contre la pensée cynique et l’indifférence contemporaine face à l’intolérable.
Dans son dernier roman, Les derniers jours de Smokey Nelson, un récit à plusieurs voix construit comme un chant en canon, l’écrivain brosse le portrait d’une Amérique en morceaux. Coupable d’un assassinat sanglant, Smokey Nelson est condamné à mort : il attend son exécution depuis 19 ans. Quel sens donner à cet acte après tant d’années ? Laissant dans l’ombre le profil psychologique et les motifs du meurtrier, Catherine Mavrikakis donne la parole à trois Américains, dont les souvenirs douloureux refont surface à mesure qu’approche le jour de l’exécution. Leurs voix se mêlent, entrent en résonance, chacun évoquant ses liens avec celui qui n’a droit à la parole que dans les dernières pages du roman, Smokey Nelson. Au delà du plaidoyer passionné contre la peine de mort, Catherine Mavrikakis signe un roman au souffle puissant, dans la lignée des grands romanciers américains qu’elle chérit : Faulkner, McCullers, McCarthy...
Le blog de Catherine MAVRIKAKIS
Romans
- Les derniers jours de Smokey Nelson (Sabine Wespieser, 2012)
- Le ciel de Bay City (Sabine Wespieser, 2009)
- Fleurs de crachat (Leméac, 2005)
- Ça va aller (Léméac, 2002)
- Deuils cannibales et mélancoliques (Trois, 2000)
Théâtre
- Omaha Beach (Héliotrope 2008)
Essais
- Condamner à mort : Les meurtres et la loi à l’écran (PMU, 2005)
- Ventriloquies avec Martine Delvaux (Léméac, 2003)
Recueil
- L’éternité en accéléré (Héliotrope, 2010)
Présentation de Les Derniers Jours de Smokey Nelson
Dans ce grand livre choral, quatre voix alternent pour évoquer celui dont l’exécution est prévue le 15 août 2008 au pénitencier de Charlestown. Sydney Blanchard est noir comme Smokey Nelson. Des années auparavant, il a été arrêté par erreur et a purgé une peine de prison avant que le vrai coupable soit identifié : sa longue imprécation commence à Seattle, sur la tombe de Jimi Hendrix.
Pearl Watanabe a découvert la scène du crime dans le motel des environs d’Atlanta où elle travaillait alors. Elle est repartie vivre à Honolulu après le drame. En vacances chez sa fille alors que tous les médias ne parlent que de l’imminence de l’exécution, elle est rattrapée par le cauchemar qui la hante depuis un clair matin d’octobre 1989.
Ray Ryan, lui, se prépare à quitter son domaine des montagnes de Géorgie pour aller assister à la mort programmée. Il écoute la voix de Dieu, qui dans un prêche ininterrompu l’enjoint à trouver l’apaisement dans la vengeance : c’est sa fille qui a été assassinée avec son mari et ses deux enfants.
Auteur du quadruple meurtre, Smokey Nelson voit se dérouler ses toutes dernières heures avant l’injection mortelle.
Depuis près de vingt ans, ces quatre figures d’une Amérique en perdition sont hantées par le même et abominable souvenir. Sans cesse ramenées à leur passé, elles deviennent comme autant d’incarnations d’une société abandonnée à elle-même que Catherine Mavrikakis scrute avec une formidable acuité.
Revue de presse :
- " Parodie grimaçante d’Etats-Unis en perdition, Les Derniers Jours de Smokey Nelson fait entendre la cacophonie d’un monde, hier vanté comme un génial melting-pot, aujourd’hui décrié pour ses ghettos communautaires. Le roman de Catherine Mavrikakis décrit formidablement cette dérive des mini-continents. Mieux : elle en fait entendre la musique, mêlant la fureur de Jimi Hendrix aux volutes maîtrisées du jazz, et les rudes chants des évangélistes aux ridicules et joviales mélodies d’une pub pour Coca-Cola." Le Monde
- "Magnifique ! Puissant ! Troublant ! Les adjectifs ne manquent pas pour évoquer le nouveau roman de Catherine Mavrikakis. Il faudrait s’en débarrasser, pourtant, des adjectifs, lorsque l’on veut parler d’un livre qu’on a aimé. Voici un roman qui hante, longtemps après qu’on en a tourné la dernière page." L’Express
- "L’écriture incantatoire de Catherine Mavrikakis prend toute son ampleur et fait jaillir des images puissantes, comme dans un film de Lars von Trier." Télérama
- "Ce roman choral est d’abord un roman social, la peinture d’une société qui perd tout repère et attise la haine raciale. C’est aussi un texte engagé, contre une Amérique qui tue plutôt que de trouver des solutions." Médiapart
Présentation de Le Ciel de Bay City
Amy, née un 4 juillet, jour de fête nationale aurait dû incarner le renouveau, la foi en l’avenir, l’adolescente Américaine typique. Mais Amy, enfant d’une juive polonaise réfugiée au Nouveau Monde, a grandi dans le silence du génocide, silence voulu par cette mère traumatisée et tyrannique. Ce non dit nourrit son adolescence qui respire la haine. Les fantômes ne se laissent pas si facilement oublier et le jour de ses 18 ans, c’est à son tour de voir sa famille partir en fumée sous le toit de maison de tôle de Veronica Lane. Alors pour s’évader, pour échapper à la fumée et aux cendres, Amy devient pilote de ligne et interroge le ciel sans fin de Bay City.
Grand roman américain en ce qu’il ne cesse de croire possible l’avenir de ses personnages, Le Ciel de Bay City interroge avec une effrayante justesse la capacité d’un peuple à oublier son histoire.
Revue de Presse :
- "Le Ciel de Bay City est un roman d’une force peu commune. Tout y est symbole, métaphore, plongée dans les méandres d’une mémoire fantasmatique, alors même que le récit s’ancre dans une réalité décrite d’une plume féroce. La drôlerie côtoie l’indicible du vertige, l’obsession du mal et de l’enfer, avec une fluidité étonnante, par l’effet d’une langue habitée qui joue sans effort de tous les registres : cette histoire de la terre et du ciel, ce « roman américain », est une véritable révélation." Le Magazine Littéraire
- "Psalmodié avec fureur, construit comme un labyrinthe pernicieux, Le Ciel de Bay City plonge dans un bourbier qui a pour nom l’Histoire, et remue des émotions contradictoires - désirs de mort, désirs de vie. Au fil des pages, au rythme des bouillonnements émotionnels d’Amy et de Catherine Mavrikakis, le ciel de Bay City vire, tantôt « mauve », tantôt « turquoise », « pervenche » ou « violet ». En finale, toutes deux le désignent « bleu, saignant ». Le Ciel de Bay City, fiction qui ne craint ni l’horreur ni la beauté, ni l’indécence ni la douceur, est le roman de l’indicible enfin écrit." Télérama
- "Pénétrante métaphore sur la mémoire et l’oubli, l’Ancien et le Nouveau Monde, Le Ciel de Bay City illumine cette rentrée de son ton bigarré - entre le noir et le mauve - et de ses éclairs de cruelle poésie. " L’Express