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Intermittents: Pôle Emploi s'acharne sur le poète Yvon Le Men

­­VIDÉO - Alors que il vient d'être radié rétroactivement du régime des intermittents et doit rembourser près de 30.000€ d'indemnités, l'écrivain breton répond en poésie dans En fin de droits et s'explique au Figaro.

«Quand on a connu la pauvreté pendant longtemps et qu'elle menace de revenir, notre corps s'en souvient. Je ne t'ai pas oublié, tu reviens avec le froid qui tombe trop tôt; les bonnes nouvelles, trop tard». Dans En fin de droits, Yvon Le Men en poésie et Pef en illustration, lancent un appel au secours, «un cri qui se joint à d'autres cris», contre la réforme des intermittents du spectacle. Affilié depuis 1986 à ce régime, contre toute attente, le poète est aujourd'hui radié et contraint de rembourser 29.796€ d'indemnités.

L'association Étonnants Voyageurs, créée par l'auteur Michel Le Bris, a lancé une pétition de soutien au poète breton. Non sans rappeler son œuvre, elle est intitulée: Fin de droits, de quel droit?. Les créateurs de cette pétition expliquent: «Le collectif œuvre afin qu'Yvon Le Men retrouve son statut d'auteur interprète, artiste du spectacle, ambassadeur d'une littérature vivante et dénonce une radiation injustifiée motivée par les économies programmées que subit le spectacle vivant.»

Interrogé par Le Figaro, Yvon Le Men raconte ce qu'il s'est passé: «J'écris et lis des poèmes sur scène depuis 1972, et de façon professionnelle depuis 1974. J'ai évidemment mal vécu financièrement pendant longtemps, je n'ai jamais pu vivre de mes droits d'auteur, sinon je serais mort de faim. En 1986, j'ai obtenu le statut d'intermittent du spectacle. Je travaillais en collaboration avec une association qui s'appelle Chant manuel, subventionnée par la ville de Lannion et le département des Côtes-d'Armor, et également avec Étonnants voyageurs, dirigé par Michel Le Bris. En 2013, j'ai eu 60 ans et demi. À cet âge là, un intermittent peut demander un «droit de maintient» qui lui permet de continuer jusqu'à 65ans, ce que je m'apprêtais à avoir. Mais, ce jour-là, je ne sais pas ce qui est arrivé, peut-être que Pôle emploi voulait effectuer des contrôles de façon plus sévère, et ils ont conclu que ce que je faisais n'était pas de l'ordre du spectacle. Ils ont immédiatement suspendu mes indemnités»

« Toute cette histoire à cause d'un mot qui manque à ma case, à ma cause »

Yvon Le Men

L'écrivain revient ensuite sur la lecture de son poème, En fin de droits, à Saint-Malo, dans le cadre du festival international du livre qui se tenait du 7 au 9 juin 2014, expliquant que le public lui a fait ovation: «Il y avait 400 personnes, les gens ont applaudi pendant 5 minutes et 100 livres sont partis en un quart d'heure. Si les gens avaient un doute ils n'auraient pas été là. Lorsque je lis un poème sur scène, il y a tout un travail d'interprétation et de mise en scène, c'est un véritable boulot de comédien. Mais pôle emploi, qui avait jugé pendant 25 ans que mon travail était effectivement de l'orde du spectacle, le qualifie maintenant comme de la conférence. Cela ne tient pas la route et c'est d'ailleurs pourquoi le festival s'est mobilisé». Yvon Le Men explique que la première raison pour laquelle Pôle emploi s'acharne sur lui aujourd'hui, c'est parce qu'il ne rentre pas dans les cases: «Toute cette histoire à cause d'un mot qui manque à ma case, à ma cause» écrit-il dans son poème.

Puis il continu, expliquant ce que l'administration lui reproche également: «Un jour, on m'a demandé comment je négocie mes contrats. Si je décide de tout sur le plan créatif, en revanche c'est l'association qui elle s'occupe de ce que je gagne. Car non, je ne suis pas le dirigeant de cette association, je n'ai pas de carnet de chèques. Je ne fais pas mes contrats de travail, et il existe un président. L'administration m'accuse d'être directeur de l'association, mais ce n'est pas le cas. Il y a un président, un bureau, et en parallèle, ils accusent le président d'être un homme de paille. Il est menacé, non pas accusé, de devoir 40.000 euros pour «trafic de main d'œuvre». Paradoxalement, ils accusent le président de faire du prêt de main d'œuvre et m'accusent également d'être le dirigeant. Il faudrait savoir...»

« Je donne de l'humanité aux gens qui m'en refusent, qui contestent mon statut de poète »

Yvon Le Men

Alors, face à ces accusations qu'il juge injustifiées et au silence qu'il a reçu de la part de Pôle Emploi, Yvon Le Men a décidé de répondre en saisissant la justice, et en poésie. «J'ai écris ce poème pour demander où êtes vous? Où est votre humanité? On m'a souvent dit qu'il n'y avait pas d'humanité dans l'administration, mais moi je refuse de dire ça. Dans mon poème, je donne de l'humanité aux gens qui m'en refusent, qui contestent mon statut de poète et me dise que non, je n'ai pas eu la vie que j'ai cru mener.» Bien qu'il ne sache pas si la pétition et son poème vont jouer en sa faveur contre pôle emploi, Yvon Le Men garde toujours espoir: «J'espère que ces personnes vont m'écouter, et puis s'il ne le font pas, il reste la justice. Mon avocat est assez confiant sur mes droits, il a des arguments assez solides».

Par dessus tout, le poète est blessé par le silence de Pôle Emploi. Chaque fois qu'il a tenté de discuter, il s'est retrouvé face à un mur. «Personne ne parle, personne ne m'a parlé». Il se sent en totale abstraction, comme dans un monde irréel. Pour lui, tout ceci est un acharnement: «J'ai peut-être fait des erreurs, mais je n'ai pas commis un crime»

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