Le Phare, voyage immobile

de Paolo Rumiz

Paolo Rumiz n’en est pas à son premier voyage, lui qui a longé les 7 000 kilomètres des frontières de l’Europe, de l’Arctique à la mer Noire, traversé les Balkans, franchi les montagnes à la recherche d’Hannibal, descendu le cours du Pô. Et pourtant il s’apprête à vivre le plus étonnant d’entre eux : son premier voyage immobile.

Isolé dans un phare perché sur un rocher au milieu de la Méditerranée, avec pour seuls compagnons les gardiens, il a soudain le sentiment d’être libre, sans agenda, sans horaire, sans aucune connexion avec le monde. Enfin loin de tout mais, curieusement, peut-être aussi au centre de tout. Un nouvel univers où plus rien ne ressemble à rien, où même les étoiles ne semblent pas à leur place.

Se consacrant à l’exploration de son minuscule environnement, un kilomètre de long sur 200 mètres de large, il nous raconte la nature, le cri des oiseaux, le silence des poissons, nous décrit le bâtiment où il loge, la lanterne du phare. Il nous parle tempêtes, orages, vents et nous fait partager le quotidien des gardiens, ceux d’aujourd’hui mais aussi ceux de jadis. Il nous livre ses pensées, nous invite, comme il invite ses compagnons de solitude, à sa table pour un risotto magique.

C’est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d’île déserte et de vie d’ermite se laisseront entraîner dans ce voyage immobile tout en délicatesse, empathie et érudition. Un récit prenant, inoubliable et aussi un fabuleux livre de mer.