Daniel Cohn-Bendit est né le 4 avril 1945 à Montauban. Ses parents avaient fui les nazis dès 1933 et s’étaient réfugiés en zone libre, puis dans la clandestinité jusqu’à la fin de l’Occupation. Il grandit donc dans le Tarn-et-Garonne, dans l’Eure puis à Paris, avant de rejoindre son père en Allemagne en 1958. Apatride, il opte définitivement pour la nationalité allemande en 1959. C’est de cette expérience intime qu’il tire ses profondes convictions européennes.
Il passe son baccalauréat en 1965 au lycée allemand "Odenwaldschule" à Oberhambach, avant de rentrer en France pour entamer des études de sociologie à Nanterre. Lors de Mai 68, il sera le porte-parole et leader de la révolte étudiante. À l’époque, on le surnomme « Dany le rouge ». Agitateur politique redouté, véritable vedette médiatique, il est finalement expulsé du pays vers l’Allemagne. Il devient un symbole, même s’il reconnait avoir été très rapidement « ringardisé ». Plus qu’un leader, Daniel Cohn-Bendit représente aujourd’hui encore « la » figure de Mai 68, avec son œil moqueur, sa langue bien pendue et sa tignasse rousse.
Interdit de territoire jusqu’en 1978, il revient à plusieurs reprises illégalement en France pour rendre visite à ses amis ou à son frère. Mais c’est désormais à Francfort qu’il continue ses activités militantes. Entre 1969 et 1973, il travaille comme éducateur dans une crèche antiautoritaire et autogérée, puis dans la librairie Karl Marx. Il fréquente la « scène sponti »de Francfort (milieu anarchiste), se lie d’amitié avec Joschka Fischer (futur ministre des Affaires étrangères Gerhard Schröder), avec qui il partage un appartement où ils vivent en communauté.
Il milite au sein du groupe Revolutionärer Kampf (Combat révolutionnaire) et contribue aux revues Autonomie, et Pflasterstrand ("Sous les pavés, la plage »), dont il devient rédacteur en chef en 1976, qu’il définit comme le « magazine de référence du milieu anarchiste à Francfort. » Il s’éloigne pourtant progressivement d’une perspective révolutionnaire, avant de commencer une carrière politique quelques années plus tard. Il officialisera publiquement son abandon de la perspective révolutionnaire dans un ouvrage-bilan, Nous l’avons tant aimée, la Révolution.
En 1984, Daniel Cohn-Bendit adhère au parti Die Grünen, le parti vert allemand. Élu conseiller municipal à Francfort cinq ans plus tard, il accepte le poste honorifique de conseiller municipal des affaires multiculturelles à la mairie de Francfort, sous une coalition rouge-verte, poste qu’il occupera jusqu’en 1997. De 1994 à 2003, il anime aussi régulièrement une émission littéraire, "Literaturclub", diffusée sur la chaîne suisse allemande "Schweizer Fernsehen", ainsi que sur la chaîne allemande "3 SAT".
En juin 1994, Daniel Cohn-Bendit devient membre du Parlement Européen élu sur la liste des Grünen. Il renouvelle ensuite son mandat d’eurodéputé en alternant sa candidature sur des listes françaises ou allemandes. Entre 2002 et 2014, il est co-président du groupe des Verts/ALE au Parlement Européen.
Très investi dans la vie politique européenne, Daniel Cohn-Bendit défend une ligne réformatrice, beaucoup moins radicale que par le passé : il promeut une Europe fédérale ouverte sur le monde, l’immigration et les problématiques du développement durable, tout en ayant accepté l’économie de marché. Il se définit lui même en 1999 comme un « libéral-libertaire ».
En 2009, il est à l’origine du rassemblement "Europe Écologie" réunissant des personnalités issues du milieu politique et associatif, qui recueille 16,28% en France, et est réélu au Parlement Européen en tant que tête de liste en Ile-de-France. Il quitte le Parlement européen en 2014, après 20 ans de participation active, et ne se représente pas aux élections européennes. Il n’abandonne pas pour autant son influence, et en septembre 2010, il cofonde le Groupe Spinelli, un groupe de réflexion ayant pour but de renforcer la tendance fédéraliste au Parlement européen.
À l’occasion des 50 ans de Mai 68, son essai Forget 68 est réédité. Il y incite à laisser de côté l’idée de « refaire » mai 68, pour se tourner vers des idées d’avenir. Il participe également au livre Mai 68, le Débat, qui donne la parole à des acteurs et des opposants pour débattre de l’impact qu’ont eu ces événements sur la société française.
Grand amateur de foot (il a été chroniqueur en 2016 avec Guy Roux, sur Europe 1), il signe Sous les crampons, la plage, un essai réjouissant qui revient sur cinquante ans de notre mémoire collective, mêlant son amour du foot offensif, généreux, festif et son amour de la politique.
Il participe également au film de son ami Romain Goupil, La Traversée : en 50 jours de tournage, ils arpentent la France, 50 ans après les changements amenés par Mai 68.
Bibliographie
- Sous les crampons la plage, avec Patrice Lemoine (Robert Laffont, 2018)
- Mai 68, le Débat, collectif (Gallimard, 2018)
- Et si on arrêtait les conneries ?, avec Hervé Algalarrondo (Fayard, 2016)
- L’Humeur de Dany (Robert Laffont, 2014)
- Que faire ? (Hachette, 2010 ; réédition, 2010)
- Pour supprimer les partis politiques !? Réflexions d’un apatride sans parti (Indigène éditions, 2013)
- Debout l’Europe !, avec Guy Verhofstadt (André Versaille éditeur, 2012)
- La Gouvernance en révolution(s) (Charles Léopold Mayer, 2012)
- Forget 68 (Éditions de l’Aube, 2008 ; réédition, 2018)
- Une envie de politique, avec Lucas Delattre et Guy Herzlich (La Découverte, 1998)
- Petit dictionnaire de l’euro, avec Olivier Duhamel et Thierry Vissol (Le Seuil, 1998)
- Nous l’avons tant aimée, la révolution (Barrault Éditions, 1986)
- Le Grand Bazar (Belfond, 1975)
- Le Gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme, avec Gabriel Cohn-Bendit (Seuil, 1969)