Cédric Herrou est né 22 juin 1979 à Nice. Agriculteur, il produit des olives dans la vallée de la Roya dans les Alpes-Maritimes, près de la frontière franco-italienne.
À partir de 2015, Cédric Herrou commence régulièrement à traverser la frontière près de sa ferme pour offrir de l’aide aux réfugiés souhaitant entrer en France. Il est arrêté à plusieurs reprises pour ce que les médias nomment alors un « délit de solidarité ». En août 2016, il est arrêté tandis qu’il transporte huit migrants dans son van à travers la frontière. Après avoir conclu que ses intentions sont humanitaires, le procureur de Nice refuse de porter des accusations.
Mais le 20 octobre 2016, il est de nouveau arrêté après que lui et trois autres militants ont occupé l’ancienne gare SNCF de Saint-Dalmas-de-Tende : il aidait une cinquantaine de migrants, principalement originaires d’Érythrée et du Soudan, pour les loger dans la gare désaffectée.
Se définissant comme « un lanceur d’alerte » se substituant à l’Etat dans l’accueil des demandeurs d’asile, Cédric Herrou est à nouveau interpellé le 24 juillet de la même année à la gare de Cannes. C’est sa sixième garde à vue en moins d’un an. Le parquet de Grasse ouvre alors une enquête et lui impose un contrôle judiciaire qui lui interdit de quitter le territoire national et de se trouver dans une gare ou sur le parvis d’une gare. Il doit également pointer tous les quinze jours à la gendarmerie. D’après son avocat, Cédric Herrou a accueilli chez lui jusqu’à 400 personnes par semaine.
En appel, il est condamné à quatre mois de prison avec sursis. Cédric Herrou déclare alors à la sortie du tribunal : "J’invite le parquet à venir dans la vallée de la Roya entendre les familles des quinze personnes mortes en tentant de franchir la frontière. J’attends avec impatience les trente prochaines décennies et on verra qui se retrouvera devant les tribunaux. Je continuerai à me battre. Ils n’ont qu’à me mettre directement en prison, ce sera plus simple. » Un nouveau procès l’attend au tribunal de Nice en octobre, pour injure publique : il est accusé d’avoir fait un parallèle entre le traitement des migrants demandant l’asile et celui des juifs sous l’Occupation.
Aujourd’hui, Cédric Herrou est devenu un symbole de la crise migratoire et de l’incapacité de la France et de l’Europe à apporter une réponse proportionnée à une crise devenue avant tout humanitaire.
En octobre 2016, le New York Times lui consacre un premier article qui fait connaître son action à l’international, puis tout un éditorial le mois suivant qui traite des questions soulevées par ses actions. The Guardian vient de lui consacrer un mini-documentaire réalisé par Spencer Wolff, Les rebelles de la vallée, présenté au festival cette année. Michel Toesca lui a également consacré un documentaire, Libre, qu’il présente au Festival de Cannes cette année.
« J’étais perché sur ma montagne, avec mes poules et mes oliviers, quand le monde est subitement venu à moi », écrit l’agriculteur dans son livre Change ton monde, dans lequel il raconte son histoire ; un récit captivant et émouvant, préfacé par J.-M.-G Le Clézio.