MAC DONALD Ian

Irlande

3 avril 2017.
 

Improbable western spatial évoquant par sa puissance poétique le Bradbury des Chroniques martiennes ou encore le réalisme magique d’un Gabriel Garcia Marquez, le premier roman de Ian Mac Donald, Desolation Road, lui avait valu le prix Locus en 1989. À nouveau publié en France par les éditions Denoël depuis 2009, l’auteur britannique s’est entre temps imposé dans le monde anglo-saxon comme l’un des écrivains les plus importants et les plus influents de sa génération.

Né en 1960 à Manchester, il émigre avec sa famille en 1965 vers la terre natale de sa mère : l’Irlande. À Belfast, le conflit nord-irlandais qui fait rage marque profondément sa jeunesse. Cette période imprègne toute son œuvre, traversée par une réflexion sur les tensions entre hommes d’origines et de cultures différentes.
À l’âge de 9 ans, il découvre la SF grâce à la télévision et couche sur le papier ses premières fantaisies. Publié dès 1982 dans des revues spécialisées, il se consacre à plein temps à l’écriture à partir de 1987 et voit rapidement son travail distingué par les prix les plus prestigieux de la SF anglo-saxonne : le Prix Locus en 1989, le Prix Philip K. Dick en 1991, le prix Arthur C. Clarke en 1993 (nominé pour le meilleur roman), le prix Theodore Sturgeon en 2001, le prix Hugo en 2007...

Ian McDonald s’est fait un nom grâce à des textes résolument modernes, une SF à la fois prospective et poétique, émouvante et contemplative jusque dans la violence et l’hyper-technologie. Reconnu comme un styliste au talent impressionnant, l’écrivain a développé une œuvre foisonnante qu’il déploie dans des futurs proches et lointains, la plupart du temps dans le champ de l’anticipation et du post-cyberpunk. Ses histoires, qui tiennent souvent du baroque, mettent en scène une multitude de personnages pittoresques ou marginaux, dont les destins individuels se croisent sur plusieurs trames temporelles.

Déplaçant l’épicentre des récits science-fictifs, ses œuvres d’une beauté insolite explorent les futurs possibles d’espaces non-occidentaux : l’Afrique, l’Inde ou le Brésil. Ces sociétés traditionnelles non-occidentales, en proie aux transformations de la mondialisation et des technosciences (avec une prédilection pour la nanotechnologie et la biotechnologie), se voient forcées de s’adapter, pour le meilleur comme pour le pire, à une nouvelle donne, à de nouvelles normes d’existence ; c’est là ce qui fait le sel et le souffle des romans de l’auteur.

Véritable monument de SF prospective, récompensé en 2011 par le Grand Prix de l’Imaginaire du roman étranger, Le fleuve des Dieux (Denoël, 2010) installe son intrigue passionnante sur les bords du Gange. Dans l’Inde de 2047, les cités surpeuplées sont sillonnées par d’innombrables intelligences artificielles, de nouvelles castes crées par la biologie se développent, tandis qu’aux frontières couve une guerre meurtrière pour la répartition des ressources en eau...

Dans la même veine, La Maison des Derviches, traduit en Françait, aborde les rivages du Bosphore. Un attentat étrange frappe au cœur la tentaculaire cité d’Istanbul. Entre trafic d’art religieux et business pétrolier, mystique islamique et nanotechnologies, dans le dédale des rues stambouliotes écrasées par la chaleur se noue une intrigue vertigineuse...

Il revient cette année avec Luna, premier volume d’une trilogie violente qui raconte la lutte des cinq familles qui contrôlent l’industrie d’une Lune colonisée. Un premier volet très réussi dont on attend d’ores et déjà la suite avec impatience.


Bibliographie en français :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Luna

Denoël - 2017

2110. Sur une Lune où tout se vend, où tout s’achète, jusqu’aux sels minéraux contenus dans votre urine, et où la mort peut survenir à peu près à n’importe quel moment, Adrianna Corta est la dirigeante du plus récent des cinq « Dragons », ces familles à couteaux tirés qui règnent sur les colonies lunaires. Elle doit l’ascension météoritique de son organisation au commerce de l’Hélium-3. Mais Corta-Hélio possède de nombreux ennemis, et si Adrianna, au crépuscule de sa vie, veut léguer quelque chose à ses cinq enfants, il lui faudra se battre, et en retour ils devront se battre pour elle… Car sur la Lune, ce nouveau Far West en pleine ruée vers l’or, tous les coups sont permis. Une approche visionnaire de notre société de consommation, où l’on retrouve des thématiques chères à Ian McDonald telles que les tensions entre différents groupes de population, qu’on peut imaginer inspirées des conflits de l’Irlande du Nord.


Revue de presse :