TEMPS FORTS DU SAMEDI : Après-midi

Résolument gothique

22 mai 2015.
 

LE RETOUR DU DIABLE

Alain Rey publie son Dictionnaire amoureux du diable, Saul
Black (alias Glen Duncan) a signé Moi Lucifer, Alain Morvan
publie une Pléiade rassemblant des classiques du gothique, le philosophe
Pierre Cassou Noguès Une histoire de machines, de
Vampires et de fous
. Diable d’hier et d’aujourd’hui, permanence
du gothique : rencontres intenses sur le retour du diable (à
14h)
 ! Avec aussi Michel Le Bris. Comme si l’on n’en finissait pas
d’interroger la figure du Malin, et l’opposition (ou connivence ?)
entre deux figures : Satan oppresseur, Satan rebelle.

DE FRANKENSTEIN À THE BLACK CAT

Le vrai Frankenstein, bien sûr (à 17h45) de John Whale avec
Boris Karloff, mais aussi, géniale rareté, où rôde la figure du
diable, inspirée par une nouvelle infernale d’Edgar Alan Poe :
le Black Cat d’Edgar G. Ulmer (à 15h).

GOTHIQUE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

Et pour finir, à 17h45 : le siècle des Lumières nous promettait
une marche cadencée vers le Progrès et la Liberté sous les
lumières de la Raison – voilà qu’il se creuse en souterrains,
se dresse en châteaux maléfiques, se renverse en nuit noire.
Gothique sera l’espace de cette dé flagration, où semblent s’annoncer
les tumultes du temps, depuis le Vatheck de Beckford
et le Moine de Lewis jusqu’au Frankenstein de Mary Shelley.
Gothique, il revient à chaque période de rupture : romantisme
noir, fantastique fin de siècle, et aujourd’hui encore, dès le
milieu des années 70, quand s’effondrent les idéologies. Avec
Alain Morvan, Saul Black (alias Glen Duncan), Hubert
Haddad et Pierre Cassou Noguès
.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

Pour l’amour des livres

Grasset - 2019

« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable  ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.

Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches  » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là  ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…

Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.

J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture  : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »


 

DERNIER OUVRAGE

 
Essais

La bienveillance des machines

Seuil - 2022

Des applications qui déterminent notre humeur, des robots humanoïdes qui s’adaptent à notre comportement, des caméras qui devinent nos gestes, ces technologies nous surveillent pour notre bien : elles sont bien-veillantes. Faudrait-il croire, contre l’idée répandue d’une intelligence artificielle hostile, et qui un jour pourrait prendre le pouvoir, à une bienveillance des machines, toutes organisées autour de nous pour notre plus grand bonheur ? Ou bien l’existence d’un « règne des machines », qui pourraient prendre soin des humains, nous affecte-t-elle au point que notre identité humaine en soit bouleversée ? C’est par le biais des fictions que nous imaginons pour habiter de nouvelles formes de vie que Pierre Cassou-Noguès explore notre rapport à la technologie contemporaine. Car si celle-ci transforme notre environnement matériel, elle chamboule aussi le contenu de nos pensées, de nos émotions, jusqu’aux dimensions les plus intimes de nos subjectivités. Ainsi la philosophie peut-elle analyser à la fois ces nouvelles réalités et les possibilités qu’elles promettent, pour le meilleur comme pour le pire.

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Leçons d’un tueur

Presses de la Cité - 2015

Sept cadavres de femmes qui semblent n’avoir aucun point commun ont été découverts dans des lieux géographiques différents et parfois longtemps après leur mort. La police a pour seul indice d’étranges objets retrouvés dans les corps mutilés des victimes. L’inspectrice du Département des homicides de San Francisco, Valérie Hart, se lance à la poursuite du maniaque lorsqu’il devient évident que la prochaine victime va être une petite fille de dix ans, piégée dans une cabane isolée du Colorado...

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Frankestein et autres romans gothiques

Gallimard - 2014

Un seul roman : il n’en faut pas plus à Horace Walpole pour conduire la sensibilité romanesque de son temps sur de nouvelles voies. Le Château d’Otrante (1764) inaugure le genre du récit gothique, où le passé tient le présent à la gorge et où un Moyen Âge angoissant empiète sur les Lumières. La mixité générique de ce livre fondateur, où le sublime coexiste avec le grotesque en vertu d’un hiatus emprunté à Shakespeare, va essaimer pendant près d’un siècle. Les romanciers gothiques anglais tirent parti de la passion la plus invasive et la mieux ancrée dans la psyché : la peur. Macabres et spectaculaires, situées au cœur de demeures hantées ou de souterrains parsemés d’ossements, leurs histoires doivent produire des émotions extrêmes, en premier lieu la terreur et la pitié. Confronté à la noirceur d’âme de « héros » monomaniaques et déviants prêts à briser tous les tabous (inceste, matricide, viol), le lecteur va de frayeur en horreur avant de compatir aux malheurs des victimes – de sexe féminin pour la plupart. En 1796, Le Moine de M. G. Lewis atteint les sommets en matière de sensationnalisme, avec une forte dimension érotique et mortifère qui fit beaucoup pour le succès de ce roman, toujours actif aujourd’hui. En 1818, la jeune Mary Shelley parachève cette tradition en donnant naissance à une créature monstrueuse qui se nourrit des mythes de Prométhée et de Faust. Elle met en discours un concept inouï : l’assemblage, à partir de morceaux de chair morte, d’un être humain, par le docteur Victor Frankenstein, qui fait fi de la sexualité et de la reproduction biologique. Féconde invention…