Scène ouverte aux poètes

Sur scène : Mackenzy Orcel en maître de cérémonie, Dany Laferrière, Coutechève Lavoie Aupont, Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas De Roblès, Ananda Devi, James Noël…

20 juin 2017.
 

« Quelque soit le lieu d’où résonne la littérature, elle fait entendre, photographie, questionne les mots/maux du monde. Elle parle de l’humain, donc est résolument ancrée dans l’universel. Elle est le langage d’hier, d’aujourd’hui et du monde qui vient. Elle porte les cicatrices de l’Histoire. Elle doit être lue, être entendue, secouer les consciences, désarmer les certitudes. » (Mackenzy Orcel)
Avec Sophie BOUREL, Néhémy PIERRE-DAHOMEY, Dany LAFERRIÈRE, Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, Rodney SAINT-ELOI, Ananda DEVI, Hakan GÜNDAY, Coutechève LAVOIE AUPONT, Yahia BELASKRI, Martine FIDÈLE, Aurélia LASSAQUE, Nii AyikweiI PARKES, James NOËL, Makenzy ORCEL, Guy-Junior REGIS et la présence d’Azad Zyia EREN… : ils sont les nouvelles voix qui nous viennent d’Haïti, ou qui portent Haïti au cœur. Rassemblés pour une soirée magique à l’Univers, superbement accompagnés par le guitariste Yoann MINKOFF.

 

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Témoignage

Autobiographie américaine

Bouquins - 2024

L’œuvre autobiographique de Dany Laferrière, rassemblée dans ce volume, montre qu’il personnifie une démarche singulière, qu’a déterminé son attitude envers la vie. Et c’est cette attitude qui fait que tant de lecteurs aiment mettre leurs pas dans les siens.
"Un matin de février 1984, il y a quarante ans de cela, je me suis réveillé dans le grand froid montréalais, avec cette idée étrange qu’on ne devrait pas écrire plus d’un livre. Le manuscrit que j’avais fatigué toute la nuit dernière s’était assoupi près de la fenêtre de ma modeste chambre, au milieu des restes du repas de la veille. De mon lit, je l’observais avec un mélange de suspicion et de tendresse. J’attendais trop peut-être de ce premier roman écrit pourtant dans la misère et la liberté. D’abord qu’il me sorte de l’usine, ensuite qu’il me rende célèbre.
Venant d’un pays qui a connu l’esclavage et la dictature, et ayant longuement vécu dans des villes comme Montréal, Miami ou New York, avant de parcourir São Paulo, Mexico, San Juan ou Buenos Aires, je me sentais comme un arbre qui marche dans sa forêt. J’ai fouillé dans l’histoire pour découvrir que cette Amérique continentale était le rêve de Bolívar dont la devise se résumait à « Un continent, un pays ». Tant de cultures diverses que les écrivains de ce continent ou de ce pays allaient m’apprendre. J’ai donc décidé d’entreprendre une longue balade littéraire, en commençant par cette Caraïbe où j’ai pris naissance, et où je suis tombé, un jour de pluie, sur le recueil du poète haïtien René Philoctète Ces îles qui marchent. Je note dans mon calepin noir ce vers rimbaldien : « Je suis venu vers toi, nu, et sans bagages ». C’est donc les mains libres et la tête légère que j’ai entrepris cet interminable voyage dans cette Amérique bigarrée et survoltée."
D. L.

 

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Romans

Le jour des caméléons

Grasset - 2023

Une île : Maurice, la narratrice du roman. Quatre personnages : un oncle las de la vie, sa nièce, unique lumière pour lui, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance.
Une journée où tout va exploser : la cité, les haines, peut-être l’île. Enfin, d’étranges animaux qui attendent patiemment que les humains finissent de détruire ce qui leur reste – leur humanité, leur foyer – pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d’action. Le compte à rebours est lancé, le drame peut commencer.
Mais reprenons. Le roman s’ouvre, la ville est à feu et à sang. Zigzig, le caïd meneur, tient dans ses bras une fillette ensanglantée. Les plus pauvres viennent de s’attaquer aux plus riches dans le centre névralgique de l’île : le shopping center, désormais en ruines. Au loin, un volcan gronde. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques heures plus tôt, Zigzig partait avec les siens attaquer ses rivaux tandis que Sara regardait danser une femme libérée sur une plage abandonnée. L’île rembobine et nous raconte. On suivra tour à tour chacun des personnages jusqu’à ce que leur destin se mêle. On remontera aussi le cours de l’Histoire pour comprendre comment les peuples, les servitudes et les logiques du monde moderne ont saccagé cette terre de merveilles et divisé ses habitants.
Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, Ananda Devi nous emporte dans un roman impossible à lâcher pour nous plonger dans le chaos des hommes. Le destin est en marche. Mais dans cette histoire-là, ceux qu’on croit les plus féroces seront peut-être les seuls héros.


 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Essais

Les racistes n’ont jamais vu la mer

Mémoire d’encrier - 2021

Parlons de racisme puisque le racisme concerne tout le monde. Les écrivains Rodney Saint-Éloi et Yara El-Ghadban invitent à prendre part à cette conversation délicate, mais combien nécessaire. Ni manifeste, ni manuel, ni acte d’accusation, Les racistes n’ont jamais vu la mer engage le dialogue sur nous-mêmes et sur les autres. Tout s’exprime librement, se confronte et se répond. Les mots. Les expériences. Les idées. Les émotions. Parlons de racisme puisqu’il faut dépasser le repli sur soi. Pour vivre ensemble, autrement.

 

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Belle Merveille

Zulma - 2017

12 janvier 2010, jour fatidique du séisme ravageur. Un survivant ténu – autoproclamé Bernard – rencontre Amore, Napolitaine œuvrant comme bénévole dans une ONG. Le coup de foudre sonne comme un regain. Pour sortir du grand chaos de la ville soliloque et disloquée, et aider Bernard à se délivrer de son effondrement, Amore, belle tigresse de Frangipane, lui propose un voyage à Rome.
À bord d’Ici-Bas Airlines, Bernard décolle, les yeux fermés. Une étrange mappemonde, entre autres belles merveilles – comme on dit l’extraordinaire dans le parler en Haïti –, se dessine dans la pensée de celui qui rêve de retourner au pays en héros…
Belle merveille est un roman flash. Qui nous dit, avec un humour et une causticité débridés, l’amour, le sexe salutaire, la confusion, la folie, et puis l’absurdité de l’aide internationale quand elle tire à elle la couverture des désastres. Écrit dans une langue syncopée, magnifiquement inventive, Belle merveille est un premier roman qui porte si bien son nom.

Revue de presse

 

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Poésie

La nuit des terrasses & caverne suivi de cadavres

La Contre Allée - 2023

« J’ai commencé à fréquenter les bars, donc boire, très tard dans ma vie. Pour une raison très simple, il faut payer après avoir consommé… Aujourd’hui, dès que j’arrive dans une ville, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est d’aller faire la tournée des bars. Tous les poèmes de La nuit des terrasses forment ensemble une seule plongée à travers ces espaces réels ou imaginaires, pour combiner non seulement ces instantanés, ces souvenirs disparates, mais aussi inviter l’autre à sortir sa tête de son verre, à la convivialité. Le verbe "boire » ne se conjuguet- il pas mieux ensemble ? La nuit des terrasses célèbre l’instant, la rencontre des corps et l’amitié. »

d’autres limites
que rien ne franchit
sinon l’heure ivre de tes lieux offerts
jetés dans la nuit des terrasses

le miroir épouse la forme de sa réflexion
ne reste que la houle
pour bercer l’enfance
la mémoire désormais
sera faite d’eau
un peuple s’est mis à danser sur la mer
inlassable soif
ou vaste étendue de whisky


 

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Revue

Apulée n° 9 - Art et politique

Zulma - 2024

L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.

De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…

Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !

 

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Poésie

Make pa

(Editions Ruptures, 2016) - 2016

« Make pa » est un recueil de poèmes en créole de 138 pages de Coutechève Lavoie Aupont. Il est publié aux Éditions Ruptures cette année dans la collection l’Enraciné. Ce recueil comme première parution du poète dans la langue de Frankétienne est préfacé par l’écrivain Jean Emmanuel Jacquet et est composé de trois poèmes-fleuves, « Nan depale », « San blese » et « Pwomès ».

Dans le premier poème, Coutechève Lavoie Aupont semble converser avec une femme. Ce qui fait dire qu’il s’agit ici d’un dialogue. Mais paradoxalement, il est à la fois locuteur et interlocuteur, c’est-à-dire que c’est surtout un monologue. Un monologue-dialogue ou l’inverse. Il raconte à cette femme les lieux symboliques de Port-au-Prince dans leur éclat, mais surtout dans leur cruauté. Leurs contes à eux et également ce dont on ignore : Ri Lantèman, Granri, Pòtay Lawogan, Madan kolo, Channmas, Katedral et Pòtay Sen Jozèf, sont de ces lieux qui hantent l’imaginaire du poète errant et baladeur. Coutechève Lavoie Aupont retrace la carte de la ville, non pas avec des instruments géométriques, mais avec des mots. Combien parmi eux savent que les mots servent parfois à tracer de lignes de vie ! Coutechève Lavoie Aupont est un poète maudit, puisqu’il insulte Dieu dans sa bonté et son infinitude.


Revue de presse :

 

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Romans

Zamir

Gallimard - 2024

Zamir a six jours lorsqu’une bombe explose à al-Aman, un camp de réfugiés à la frontière turco-syrienne où sa mère l’a abandonné. Il survit, grâce à l’acharnement d’un chirurgien, mais reste défiguré. Élevé par All for All, une organisation humanitaire internationale, il devient un symbole, une image idéale pour collecter des fonds. Jeune adulte, il s’en émancipe pour rejoindre la Fondation pour la Première Paix mondiale et investir un poste clé de négociateur de l’ombre. Partout où un conflit armé est sur le point d’éclater, Zamir se précipite, l’empêche. Il rencontre des ministres, des dictateurs, des terroristes, ne recule devant rien. Pour les forcer à négocier, il les trompe, les fait chanter. Il n’a qu’un seul mot d’ordre : la paix avant tout, quel qu’en soit le prix.
D’une plume alerte et franche, Hakan Günday lève le voile sur la corruption et l’hypocrisie qui se cachent derrière la charité des organisations humanitaires, le cynisme des individus, la façon dont l’Occident lave sa conscience. Dans un monde alternatif qui a tout en commun avec le nôtre, il tire les fils de problématiques contemporaines pour bâtir une fiction palpitante autour d’un personnage inoubliable.

Traduit du turc par Sylvain Cavailles


 

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Romans

Combats

Seuil - 2021

En cette année 1842, Haïti, seule république noire du monde, affronte les premières conséquences d’une curieuse dette imposée par la France. Ludovic Possible, vieux mulâtre et grand propriétaire, ouvre sur ses terres à la plaine du Cul-de-Sac, non loin de Port-au-Prince, une étrange académie dans laquelle on apprend à vivre, tresser des nattes en paille, redresser la bâtisse scolaire, autant qu’à lire, écrire et compter. Ludovic destine surtout son école à Aïda, gamine auréolée de silence et de mystère. Depuis toute petite, Aïda collectionne avec avidité les nombreuses histoires racontées par sa mère, sans jamais se décider à parler elle-même et devenir conteuse, diva populaire, reine chanterelle, comme cela semble être son destin.
Ludovic est détesté par son demi-frère, Balthazar. Face au système agraire entretenu par l’armée, leurs méthodes divergent et ouvrent la voie à des combats sans merci – combats pour l’éducation et l’information, duels, batailles rangées de coqs et de chiens, joutes verbales et trocs d’histoires. Dans ce roman inventif et foisonnant, conte rural et politique, les destins particuliers côtoient la grande histoire des luttes sociales et égalitaires d’un pays et de ses habitants.

Néhémy Pierre-Dahomey est né à Port-au-Prince en 1986. Il vit aujourd’hui à Paris. Après Rapatriés (prix Révélation de la Société des gens de lettres, prix Carbet des lycéens de la Caraïbe, prix Cino Del Duca sous suggestion de l’Académie française), il signe avec Combats son deuxième roman.

 

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Zagros, fils de Chronos

Bleu Autour - 2018

Zagros, enfant kurde, voit sa ville assaillie par les forces du mal et se trouve jeté sur les chemins de l’exil avec sa famille de tisserands de kilims. Les voici bientôt ballotés par les mers où les enfants perdent le sillage des parents. Zagros grandira trop vite au fil de son périple entre le golfe Persique et l’Atlantique. Il croise les noirs desseins du capitaine Achab de Moby Dick. Le Prince Dakkar cher à Jules Verne le mène sur l’île d’Elysion où échouent les petits naufragés d’aujourd’hui. Et le gardien de l’île, Chronos, l’enserre dans sa tenaille… Le tragique de l’exil est de tous les temps, nous dit ce roman fantastique et moderne, mythologique et littéraire, où apparaissent encore le paon sacré des Yézidis et les yeux profonds comme les mers des étonnants voyageurs de Baudelaire…

Traduit du Turc par Jean Lescat

 

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Poésie

En Quête d’un Visage

Bruno Doucey - 2017

Le mot de l’éditeur : Une femme attend un homme depuis longtemps… Et cet homme, parti au loin, espère que la femme ne l’oubliera pas… Histoire banale et universelle des amants séparés par le destin ? Oui et non, car l’histoire de cet homme est chantée depuis la nuit des temps, puisqu’il s’appelle Ulysse. Et voilà qu’Aurélia Lassaque nous entraîne derrière son Ulysse, l’homme qui dialogue avec « Elle », amoureuse qui n’a pas de nom. Dans ces longs chants poétiques entrelacés, composés en deux langues, l’occitan et le français, l’auteure donne vie à deux personnages qui peuplent son imaginaire depuis toujours. Et surgit l’évidence première de la poésie : l’amour tire sa force de la mort qui suspend le dialogue des amants ; le temps enlise nos saisons mais nos joies sont tenaces et tiennent tête au néant. Pour nous qui aimons la Grèce, ce livre est un cadeau de la vie.

Extrait :

« il n’est pas de territoire plus vaste
que celui de ma mémoire
j’ai creusé ses montagnes, vidé ses rivières
retourné les pierres de toutes ses murailles
en attendant le retour de mon amant barbare

cet homme qui rassemble vos voix
endure vos délires
et porte tous les masques

cet homme que vous appelez Ulysse »