Des auteurs à découvrir
Un espace-monde en français
8 mai 2018.
Retrouvez leur programmation individuelle dans la rubrique invités du site internet.
Avec L’affaire Mayerling (Rivages), Bernard Quiriny, maître incontesté du fantastique belge, imagine comment le rêve de béton d’une résidence de haut standing se referme sur ses habitants, bien décidée à les exterminer tous. Carl de Souza, un des grands romanciers francophones de l’Océan Indien, nous raconte dans L’Année des cyclones, sur trois générations, le destin d’une famille emportée par le souffle de l’Histoire, les passions et les sacrifices. Pierre Sautreuil, jeune journaliste correspondant en Ukraine en 2014 croise la route de Youri Beliaev, un ancien flic mafieux d’extrême droite. Il publie Les guerres perdues de Youri Beliaev (Grasset), un récit épique, burlesque et terrible qui nous fait découvrir une Russie qui ne s’est jamais remise de la chute du Bloc soviétique.
Yahia Belaskri publie Le Livre d’Amray (Zulma), une charge ardente contre un régime autoritaire, un chant vibrant d’amour et d’espoir pour une terre qui n’est jamais nommée, une Algérie rêvée et rendue à la vie. Kossi Efoui est un passeur de frontières, qui, s’il écrit l’Afrique, ne veut pas être “assigné à résidence littéraire”. Cantique de l’acacia (Seuil) est un hymne au courage de vivre, porté par trois générations de femmes en révolte dans l’Afrique d’aujourd’hui. Le Belge Thomas Gunzig publie La vie sauvage (Au Diable Vauvert), un roman d’amour lyrique et cruel sur l’histoire d’un gamin perdu qui a grandi dans la jungle. Retrouvé à 16 ans, ramené à sa famille, il va découvrir la civilisation, et tout mettre en œuvre pour s’en échapper…
Depuis toujours de l’aventure d’Étonnants Voyageurs, Dany Laferrière revient cette année avec un surprenant « roman dessiné », à mi-chemin entre le carnet de croquis et le roman (Autoportrait de Paris avec chat, Grasset). Un vrai bonheur. Incisive, percutante, Kettly Mars est de cette génération d’auteurs haïtiens qui portent un regard sans complaisance sur leur île. L’Ange du patriarche (Mercure de France) est un thriller vaudou à couper le souffle. Figure majeure de la nouvelle poésie haïtienne, James Noël publie Belle merveille (Zulma), un premier roman lumineux, au ton lucide et ironique sur l’aide internationale. Dramaturge, réalisatrice, peintre, Gaël Octavia marque le renouveau de la littérature martiniquaise. Son premier roman La fin de Mame Baby (Gallimard) croise les voix de quatre femmes, entre hésitations, secrets effleurés et mémoires qui flanchent, pour tisser une histoire profondément humaine.
Le Togolais Sami Tchak aime faire valser les tabous. Il entretenait avec son père forgeron un dialogue qui a duré jusqu’au décès de ce dernier en 2003. Parce qu’il continue à entendre sa voix, à percevoir ses mots et sa sagesse, il lui a dédié son dernier livre Ainsi parlait mon père (Jean-Claude Lattès). Avec Le corps des bêtes (Grasset), la Québécoise Audrée Wilhelmy signe un livre puissant, l’histoire de Mie qui s’évade en empruntant le corps et l’esprit des animaux qui l’entourent et attend que son oncle Osip l’initie aux mystères du corps…
DERNIER OUVRAGE
Témoignage
Autobiographie américaine
Bouquins - 2024
L’œuvre autobiographique de Dany Laferrière, rassemblée dans ce volume, montre qu’il personnifie une démarche singulière, qu’a déterminé son attitude envers la vie. Et c’est cette attitude qui fait que tant de lecteurs aiment mettre leurs pas dans les siens.
"Un matin de février 1984, il y a quarante ans de cela, je me suis réveillé dans le grand froid montréalais, avec cette idée étrange qu’on ne devrait pas écrire plus d’un livre. Le manuscrit que j’avais fatigué toute la nuit dernière s’était assoupi près de la fenêtre de ma modeste chambre, au milieu des restes du repas de la veille. De mon lit, je l’observais avec un mélange de suspicion et de tendresse. J’attendais trop peut-être de ce premier roman écrit pourtant dans la misère et la liberté. D’abord qu’il me sorte de l’usine, ensuite qu’il me rende célèbre.
Venant d’un pays qui a connu l’esclavage et la dictature, et ayant longuement vécu dans des villes comme Montréal, Miami ou New York, avant de parcourir São Paulo, Mexico, San Juan ou Buenos Aires, je me sentais comme un arbre qui marche dans sa forêt. J’ai fouillé dans l’histoire pour découvrir que cette Amérique continentale était le rêve de Bolívar dont la devise se résumait à « Un continent, un pays ». Tant de cultures diverses que les écrivains de ce continent ou de ce pays allaient m’apprendre. J’ai donc décidé d’entreprendre une longue balade littéraire, en commençant par cette Caraïbe où j’ai pris naissance, et où je suis tombé, un jour de pluie, sur le recueil du poète haïtien René Philoctète Ces îles qui marchent. Je note dans mon calepin noir ce vers rimbaldien : « Je suis venu vers toi, nu, et sans bagages ». C’est donc les mains libres et la tête légère que j’ai entrepris cet interminable voyage dans cette Amérique bigarrée et survoltée."
D. L.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Cantique de l’acacia
Seuil - 2017
L’enfant n’était pas encore née, mais Io-Anna s’était tatoué son prénom futur dans le bas du dos : Joyce. Et Grace, la belle-mère, devineresse, enchanteresse et guérisseuse, avait été visitée par une vision prometteuse.
"Confiance est le chemin de ce qui échappe au malheur." Cette parole, Io-Anna l’a laissée en dépôt auprès de Grace afin qu’elle soit transmise plus tard à Joyce. Car elle ne sait pas si elle aura le cœur à lui dire, elle-même, ce qu’elle a eu pourtant le cœur à vivre : comment, pour échapper à un ordre patriarcal honni, elle s’est enfuie sur un vélo, à travers la boue des marais, avec Sunday le colporteur qui deviendra plus tard le père de l’enfant ; comment la petite Joyce leur est arrivée, inanimée, sur un radeau flottant. "Il faut se mettre à trois pour faire un enfant, dit Grace, le mâle, la femelle et l’Invisible."
Au pied de l’acacia, l’arbre de l’innocence, un magnifique hymne au courage de vivre, porté par trois générations de femmes en révolte dans l’Afrique d’aujourd’hui.
Revue de presse
- "Un conte animiste et poétique sur le destin. Un récit à la fois réaliste et dystopique qui, dans une écriture faite d’allers-retours, de silences et d’échos, s’entremêle à l’Histoire." (Séverine Kodjo-Grandvaux, Le Monde)
- "Ouvrir un livre de Kossi Efoui, c’est partir à l’aventure : plongé dans un décor théâtral, hypnotisé par le narrateur, le lecteur ne sait plus quel étonnant chemin il a emprunté pour se retrouver à questionner l’Histoire et l’ordre du monde." (Le Monde des Livres)
DERNIER OUVRAGE
Romans
L’année des cyclones
L’Olivier - 2018
Cette année-là, la maison des Rozell a partiellement résisté au passage dévastateur des cyclones, mais ses occupants ne s’en sont pas remis. Kathleen a quitté le domaine du Piton, abandonné son mari Hans à sa vie solitaire, et emmené leur fille Noémie loin de ce lieu maudit. Hans, Noémie, Kathleen, chacun à leur manière, reviennent sur l’histoire familiale. La maison coloniale au milieu des champs de cannes, un cadet rêveur, une fille au caractère trempé, un aîné brillant, un piano dans le salon, une exploitation sucrière promise à une belle prospérité avec l’arrivée de William Wright, un ingénieur à l’esprit original et séduisant… Jusqu’au jour où William Wright est découvert à demi-mort dans son pavillon. Au cœur de ce roman, trois générations de Rozell se trouvent emportées par le souffle de l’Histoire, les passions et les sacrifices.
L’Année des cyclones : une grande saga familiale à l’île Maurice au siècle dernier.
DERNIER OUVRAGE
Romans
L’heure hybride
Port-au-Prince - Grandi dans les jupes d’une mère qui faisait commerce de ses charmes, Rico L’Hermitte, profession gigolo, beau gosse des quartiers pauvres, vend son corps. Comme le goût des fruits défendus, "L’heure hybride" dresse le portrait d’un monde qui se bat entre luxure et survie. Ce roman jette un regard lucide sur la société haïtienne, le tout sur fond de nostalgie de la fin des années 1970, où la vie nocturne était intense à Port-au-Prince.
Revue de presse :
- « Plus qu’un roman de société, Kettly Mars dans L’heure hybride, grâce à sa plume toute en finesse, simplicité et fluidité nous offre un ouvrage sur un sujet qui nous effraie tous : la solitude. » Maze
DERNIER OUVRAGE
Belle Merveille
Zulma - 2017
12 janvier 2010, jour fatidique du séisme ravageur. Un survivant ténu – autoproclamé Bernard – rencontre Amore, Napolitaine œuvrant comme bénévole dans une ONG. Le coup de foudre sonne comme un regain. Pour sortir du grand chaos de la ville soliloque et disloquée, et aider Bernard à se délivrer de son effondrement, Amore, belle tigresse de Frangipane, lui propose un voyage à Rome.
À bord d’Ici-Bas Airlines, Bernard décolle, les yeux fermés. Une étrange mappemonde, entre autres belles merveilles – comme on dit l’extraordinaire dans le parler en Haïti –, se dessine dans la pensée de celui qui rêve de retourner au pays en héros…
Belle merveille est un roman flash. Qui nous dit, avec un humour et une causticité débridés, l’amour, le sexe salutaire, la confusion, la folie, et puis l’absurdité de l’aide internationale quand elle tire à elle la couverture des désastres. Écrit dans une langue syncopée, magnifiquement inventive, Belle merveille est un premier roman qui porte si bien son nom.
Revue de presse
- Avec Belle merveille, le poète haïtien James Noël signe un premier roman où la terre et les corps tremblent. Mordant et chavirant. (Sophie Pujas, Le Point)
- Une série de fulgurances poétiques, musicales, réflexives jetées à la face du lecteur comme un acte d’amour, un doigt d’honneur. L’auteur a su créer une atmosphère humaine (la littérature parle de l’humain), tragique dont on rit (bêtement) à la lecture. Une légèreté exigeante. (…) Belle merveille est l’extraordinaire dans l’imaginaire haïtien. Les catastrophes. L’amour fou. Les travers du quotidien. L’espoir. Les rêves éperdus. Les tremblements réels, intérieurs. La proposition d’une certaine joie de vivre face au désastre, pourquoi pas ? (Makenzy Orcel, Le Point)
- On retrouve dans ces lignes fulgurantes, au milieu du fracas, des cris, des déchirements de la terre et des hommes, le tremblement de la langue haïtienne, son foisonnement métaphorique et coloré qui traduit si bien la beauté du monde et la luxuriance des paysages à nulle autre pareille. (Marie-Josée Desvignes, Club Mediapart)
- Le récit avance par saccades, par répliques – petites scènes haletantes, poèmes en prose, cris de colère, dérision, lyrisme. Au centre de ce tourbillon fleurit une histoire d’amour, joyeusement sensuelle, porteuse d’espoir, qui émane assez d’énergie pour secouer le marasme, évincer les charognards, reprendre son destin en main. C’est ce que dit ce roman juvénile, poétique, jaillissant de belles merveilles, parfois obscur à force de lyrisme et de ruptures, toujours généreux. (Isabelle Rüff, Le Temps)
DERNIER OUVRAGE
Romans
Le continent du Tout et du presque Rien
JC Lattès - 2021
Maurice Boyer, issu d’un modeste milieu rural français, arrive à Paris pour entamer des études d’ethnologie à la Sorbonne. Il rêve de mettre ses pas dans ceux de son maître, Georges Balandier. Il part pour ses recherches doctorales dans un village du Togo. Il y restera deux ans. Ce sera le grand choc de sa vie. Des années après ce voyage, il sait ce qu’il doit à ce séjour et qu’il a laissé là-bas la part la plus secrète de son âme.
C’est le roman d’une rencontre, d’une quête : comment regarde-t-on l’autre, comment l’invente-t-on, comme écrit-on son histoire ?
- « Mené de main de maître, Le Continent du Tout et du presque Rien démontre de la plus brillante façon que prétendre connaître l’Afrique s’avère la plus ultime des vanités. » Le Monde
- « Dans Le continent du Tout et du presque Rien (JC Lattès), l’écrivain franco-togolais fait de l’Afrique, objet de bien des débats actuels, le sujet de son dernier roman. À cheval entre fiction, essai et autofiction, il parcourt les faisceaux de sa projection : connaît-on vraiment ce continent ? Comment le regarde-t-on et le pense-t-on dans sa relation avec l’Occident ? » Marianne
DERNIER OUVRAGE
Revue
Apulée n° 9 - Art et politique
Zulma - 2024
L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.
De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…
Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !
DERNIER OUVRAGE
Romans
Portrait du baron d’Handrax
Rivages - 2022
L’histoire rocambolesque, racontée d’une plume de maître, d’un personnage fort excentrique.
Installé en famille dans son manoir de l’Allier, le baron d’Handrax (1946-2016), hobereau excentrique aux allures de géant barbu, est rempli d’idées folles, qui font de lui le plus attachant des compagnons. Collectionneur de maisons en ruines, organisateur de dîners de sosies, spécialiste des langues inconnues, inventeur autodidacte, amateur de cimetières et de trains électriques, le baron d’Handrax ne fait rien comme tout le monde.
Bernard Quiriny ne pouvait faire moins, pour rendre hommage à ce précieux ami trop tôt disparu, que d’écrire son portrait.
DERNIER OUVRAGE
Romans
Peau-de-sang
Le Tripode - 2024
Isolé dans le froid et la solitude des forêts, le village de Kangoq est figé dans le temps. Ici, on vit de peu, du labeur des ouvrières dans les filatures et des hommes dans les champs. Mais une femme différente donne un secret équilibre à ce monde. Dans sa boutique, selon les heures, elle déplume de grandes oies des neiges, initie discrètement de jeunes filles aux élans de leur corps, ou accueille les hommes qui cherchent, dans sa chair, un impossible repos...
- « Comme dans ses précédentes œuvres (Les Sangs, Blanc résine), la romancière emprunte à la forme du conte, sa symbolique, ses figures archétypales. Mettant au monde sa propre genèse, son riche univers devient de plus en plus autoréférentiel. Une belle promesse pour les écrits à venir. » La Presse
- « Conte sanglant, charnel et organique où l’on retrouve avec bonheur la grâce de l’écriture et le grand pouvoir d’évocation de la romancière, Peau-de-Sang est porté par un souffle poétique dont l’absence de majuscules et de points rappelle celui du cycle Soifs de Marie-Claire Blais et une voix posthume évoquant Olivia de la Haute Mer, personnage des Fous de Bassan d’Anne Hébert. » Le Devoir
- « Le roman permet à Audrée Wilhelmy de brosser toute une galerie de portraits d’hommes et de femmes dans la lubricité, la convoitise, la duplicité, et aussi l’étreinte (d’où une série de scènes érotiques fortes, nullement vulgaires). (...) Elle célèbre de surcroît la puissance du féminin, ce « quelque chose de primaire [qui] guide » les femmes, une « pulsion bien antérieure aux femmes, au sexe, au désir ». » Diacritik
DERNIER OUVRAGE
Romans
La fin de Mame Baby
Gallimard - 2017
Le Quartier est une petite ville de banlieue où se croisent les destins de quatre femmes. Mariette, recluse dans son appartement, qui ressasse sa vie gâchée en buvant du vin rouge. Aline, l’infirmière à domicile, qui la soigne et l’écoute. Suzanne, la petite Blanche, amante éplorée d’un caïd assassiné. Mame Baby, idole des femmes du Quartier, dont la mort est auréolée de mystère. À travers la voix d’Aline, de retour dans le Quartier qu’elle a fui sept ans auparavant, les liens secrets qui unissent les quatre héroïnes se dessinent...
La fin de Mame Baby raconte avant tout, avec finesse, grâce et passion, l’art qu’ont les femmes de prendre soin les unes des autres, de se haïr et de s’aimer.
Revue de presse :
- « On est surpris par la maturité de ce premier roman détonant, inventif - avec notamment cette « Assemblée des femmes » - au style affirmé, à la narration hypnotique. Quel tour de force ! » (Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire)
- « Ce premier roman de Gaël Octavia, à la construction parfaitement maîtrisée, interroge la suprématie masculine certes – au fondement de la violence du Quartier – mais aussi et surtout les amitiés féminines, leur puissance politique et poétique. » (Elara Bertho, Diacritik)
DERNIER OUVRAGE
Essais
Les guerres perdues de Youri Beliaev
Grasset - 2018
Youri Beliaev : élu député du Soviet de Leningrad en 1990 sur une liste nationaliste. Marié, deux fils, dont un mort brutalement. Surnoms : Papa Muller, le Chat, le Petit bonhomme en pain d’épice... Admirateur de Benito Mussolini et, « avec des réserves », d’Adolf Hitler. Supporter du Zénith Saint-Pétersbourg, il aime les films soviétiques, les animaux et la lutte gréco-romaine.
Le CV de Youri Beliaev n’avait rien d’attirant. Il intrigue pourtant Pierre Sautreuil, pigiste de 21 ans tout juste débarqué en Ukraine pour y couvrir la guerre du Donbass. Ancien flic devenu mafieux, millionnaire déchu, chef de parti d’extrême droite, vétéran du conflit yougoslave soupçonné d’avoir tué 64 Bosniaques et tenté d’assassiner Eltsine, fugitif recherché en Russie, Youri Beliaev a décidé, à 58 ans, de se mettre au vert sur le front de Lougansk. Drôle d’endroit pour se planquer...
Lorsque Pierre le rencontre, il ne voit qu’un vieil homme un peu fatigué, bras droit du commandant « Batman », un seigneur de guerre qui cherche à se tailler une part du gâteau ukrainien. Mais très vite, entre l’apprenti reporter et le mercenaire sur le retour, se noue un lien fait de confessions troubles, d’une affection tangible et d’une certaine fascination. Tandis que les obus dévastent la steppe glacée, Pierre découvre et partage l’histoire rocambolesque d’un homme prêt à tout, jusqu’à l’innommable, pour rendre à la Russie sa gloire d’antan et assouvir ses ambitions. Au fil des pages, Youri disparait, Youri se cache, Youri échappe à un attentat, fait de la prison, s’échappe... Et Pierre le poursuit, s’inquiète, tente de comprendre. Salopard, fasciste, criminel de guerre néonazi, ou rebelle dans une société russe dont toutes les portes sont fermées ? « T’as le droit de pas aimer ce qu’il a à vendre, mais au moins, lui, il se bat », dit à Pierre un des derniers copains de Youri.
A travers le portrait d’un homme, le récit romanesque d’une amitié improbable, et une traversée épique, burlesque et terrible, du Donbass à Moscou, de la Bosnie à la Tchétchénie, Les guerres perdues de Youri Beliaev nous fait découvrir une Russie qui ne s’est jamais remise de la chute du Bloc soviétique. Exaltant et totalement original.
Revue de presse
- "Jeune journaliste qui a couvert ce conflit, Pierre Sautreuil a un ton et du style pour dresser le saisissant portrait de Beliaev et ses engagements, depuis l’effondrement de l’URSS jusqu’au Donbass." (Le Monde)
DERNIER OUVRAGE
À part moi personne n’est mort
Le Castor Astral - 2018
Ces écrits proviennent d’un premier livre aujourd’hui épuisé, d’autres sont des textes de commande ou des inédits. Tous constituent un livre patiemment reconstitué par l’auteur, un condensé de son univers explosif et inquiétant, baroque et kafkaïen.
Ce jeune homme, pourtant d’apparence fort paisible, colporte les histoires les plus horribles et les plus inquiétantes. Son monde sans pitié est celui de l’instabilité, d’une menace planant sur nos vies les plus ordinaires ou les plus loufoques. Très réalistes, ses textes possèdent toujours une faille révélant la folie du monde, un décalage onirique produisant un effet de vertige. Son humour noir, très noir, s’accomode parfaitement d’une société en déséquilibre qu’il ausculte d’un regard acéré et cruel.
Le suicide, la guerre, le sexe, le racisme, la torture, la solitude… Thomas Gunzig aborde les sujets les plus délicats de façon frontale. Il appartient à cette génération née avec la télévision, baignée de cinéma americain, imbibée de jeux vidéo, imprégnée de science-fiction, victime d’une accélération foudroyante de l’information et d’une multiplication des signes. Thomas Gunzig écrit comme on zappe, au rythme effréné d’une imagination impudique et sans retenue. Certains voient déjà en lui une sorte d’écrivain culte, et si ses textes disent une violence parfois extrême, ceux-ci restent toujours au-delà de la complaisance et du cynisme.