Animé par Patrick Laupin
avec Alain Borer, Patrick Laupin, Yvon Le Men et Margarita Perez-Ganzo.
avec Alain Borer, Patrick Laupin, Yvon Le Men et Margarita Perez-Ganzo
Animé par Patrick Laupin
avec Alain Borer, Patrick Laupin, Yvon Le Men et Margarita Perez-Ganzo.
Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent non par les mots, qui voyagent et s’échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie. Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée. « Speak white ! », partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.
« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perdsm’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perddès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre paysils font de l’inconnu
un étranger. »
« L’écriture ça sauve les instants. » Il est extraordinaire de constater comment un enfant se saisit de l’écoute dès qu’il perçoit l’issue possible avec quelqu’un. Il entend sa voix et il cueille l’écoute des émotions qui viennent а sa rencontre. Des mots les plus muets а tous les mots parlants qu’il devine. C’est la porte de passage « du petit mot mystérieux en autre ». C’est le fil sonore d’un geste intérieur qui relie les enchantements du monde et les démons de profondeur. Dans cette écriture chacun retrouve un songe qui n’a pas peur des autres....