BREYTENBACH Breyten

Afrique du Sud

30 mars 2015.
 

Biographie

© Yolande Breytenbach

Poète, peintre et romancier, Breyten Breytenbach est un personnage emblématique de la lutte contre l’apartheid. Fondateur dans les années 60 de l’Okhela, une organisation chargée d’organiser les réseaux de Blancs au service du Congrès National Africain (ANC) - le mouvement de Nelson Mandela -, il est contraint de travailler depuis Paris, son mariage avec une jeune vietnamienne lui interdisant de revenir dans son pays. En 1975 pourtant, il se rend en Afrique du Sud, sous couvert d’un faux passeport, afin de recruter des membres pour son réseau. Arrêté, jugé et emprisonné, il échappe de peu à la peine capitale et passe huit ans dans la prison centrale de Pretoria pendant lesquels il écrit la Confession véridique d’un terroriste albinos.

L’apartheid aujourd’hui terminé, Breyten Breytenbach n’en reste pas moins critique à l’égard de la politique menée dans le pays qui l’a vu naître et continue son combat pour le développement de l’Afrique. Désormais naturalisé français, il partage son temps entre New York, où il enseigne le "creative writing", la France, son pays d’adoption, l’Afrique du Sud, où il est désormais le bienvenu et le Sénégal. Il y dirige le Gorée Insitute, une organisation chargée de promouvoir la paix, la démocratie et le développement communautaire et culturel en Afrique.

Considéré comme l’un des plus grands écrivains sud africain, Breyten Breytenbach a d’abord écrit ses premières œuvres en Afrikaans avant de les rédiger directement en anglais. D’abord poète appartenant, avec André Brink, au groupe des « Sestigers » , Breyten Breytenbach se signale rapidement par des fictions fantasmagoriques (Om Te Vlieg). Auteur de recueils de poèmes et de romans partagés entre fiction, auto-fiction et réalité, il a largement contribué à dénoncer l’immoralité de l’apartheid et les conditions de détentions dans les prisons d’Afrique du Sud. En 2004, il est membre de la délégation internationale des écrivains répondant à l’appel du poète Mahmoud Darwich pour manifester sur place leur soutien aux palestiniens, aux côtés de Russell Banks, Wole Soyinka, José Saramago, Bei Dao, Juan Goytisolo, Vincenzo Consolo. Également connu en France et en Europe pour ses peintures (une grande rétrospective de l’ensemble de son œuvre a fait l’objet d’une exposition à Amsterdam), Breyten Breytenbach voit son ouvrage, paru en 2009 chez Actes Sud, sortir la même année en poche. Un recueil d’articles profonds, rageurs, mêlant réflexions politiques et personnelles pour dénoncer la dérive d’un monde toujours plus inégalitaire, et appeler à "imaginer l’Afrique".

En 2015 paraît La femme dans le soleil, l’autobiographie poétique de cet homme que l’histoire a changé en oiseau migrateur. Tout y est : sa survie sous le régime de l’apartheid, son goût des terres fauves, la vitalité charnelle de l’amour, le souvenir de la prison, l’état d’insurrection dans lequel l’ont laissé des années d’injustice. Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, le poète Breyten Breytenbach tend vers l’horizon un rêve immense de liberté.


Bibliographie :

 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

La femme dans le soleil

Bruno Doucey - 2015

Extrait

« Très-aimée, je t’envoie une tourterelle vermeille
car personne ne tire sur un messager rouge
Je lance haut dans l’air ma tourterelle vermeille je sais que tous les chasseurs la prendront pour le soleil »


Le mot de l’éditeur

À vingt ans, je militais pour la libération de Breyten Breytenbach ; me voici aujourd’hui l’éditeur de ses poèmes, heureuse surprise de la vie. La vie, c’est d’ailleurs elle que chante La femme dans le soleil, itinéraire poétique d’un homme que l’histoire a changé en oiseau migrateur. Tout y est : sa survie sous le régime d’apartheid, son goût des terres fauves, la vitalité charnelle de l’amour, l’état d’insurrection dans lequel le laisse l’injustice. Sans oublier ces lieux qu’il arpente avec une énergie créatrice : l’île de Gorée, où fait souvent escale sa voile blanche, Paris sa ville de cœur, l’Eastern Cap que le couchant transforme en « coulée d’or ». Si les frontières lui sont étrangères, c’est que l’exilé est aussi un « oiseau constructeur » qui sait tenir le cap de l’espérance. Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, le poète tend vers l’horizon un rêve immense de liberté.

Traduit de l’afrikaans et préfacé par Georges-Marie Lory