Biographie
- © Yolande Breytenbach
Poète, peintre et romancier, Breyten Breytenbach est un personnage emblématique de la lutte contre l’apartheid. Fondateur dans les années 60 de l’Okhela, une organisation chargée d’organiser les réseaux de Blancs au service du Congrès National Africain (ANC) - le mouvement de Nelson Mandela -, il est contraint de travailler depuis Paris, son mariage avec une jeune vietnamienne lui interdisant de revenir dans son pays. En 1975 pourtant, il se rend en Afrique du Sud, sous couvert d’un faux passeport, afin de recruter des membres pour son réseau. Arrêté, jugé et emprisonné, il échappe de peu à la peine capitale et passe huit ans dans la prison centrale de Pretoria pendant lesquels il écrit la Confession véridique d’un terroriste albinos.
L’apartheid aujourd’hui terminé, Breyten Breytenbach n’en reste pas moins critique à l’égard de la politique menée dans le pays qui l’a vu naître et continue son combat pour le développement de l’Afrique. Désormais naturalisé français, il partage son temps entre New York, où il enseigne le "creative writing", la France, son pays d’adoption, l’Afrique du Sud, où il est désormais le bienvenu et le Sénégal. Il y dirige le Gorée Insitute, une organisation chargée de promouvoir la paix, la démocratie et le développement communautaire et culturel en Afrique.
Considéré comme l’un des plus grands écrivains sud africain, Breyten Breytenbach a d’abord écrit ses premières œuvres en Afrikaans avant de les rédiger directement en anglais. D’abord poète appartenant, avec André Brink, au groupe des « Sestigers » , Breyten Breytenbach se signale rapidement par des fictions fantasmagoriques (Om Te Vlieg). Auteur de recueils de poèmes et de romans partagés entre fiction, auto-fiction et réalité, il a largement contribué à dénoncer l’immoralité de l’apartheid et les conditions de détentions dans les prisons d’Afrique du Sud. En 2004, il est membre de la délégation internationale des écrivains répondant à l’appel du poète Mahmoud Darwich pour manifester sur place leur soutien aux palestiniens, aux côtés de Russell Banks, Wole Soyinka, José Saramago, Bei Dao, Juan Goytisolo, Vincenzo Consolo. Également connu en France et en Europe pour ses peintures (une grande rétrospective de l’ensemble de son œuvre a fait l’objet d’une exposition à Amsterdam), Breyten Breytenbach voit son ouvrage, paru en 2009 chez Actes Sud, sortir la même année en poche. Un recueil d’articles profonds, rageurs, mêlant réflexions politiques et personnelles pour dénoncer la dérive d’un monde toujours plus inégalitaire, et appeler à "imaginer l’Afrique".
En 2015 paraît La femme dans le soleil, l’autobiographie poétique de cet homme que l’histoire a changé en oiseau migrateur. Tout y est : sa survie sous le régime de l’apartheid, son goût des terres fauves, la vitalité charnelle de l’amour, le souvenir de la prison, l’état d’insurrection dans lequel l’ont laissé des années d’injustice. Par la force magique de son verbe et un sens inné de la résistance, le poète Breyten Breytenbach tend vers l’horizon un rêve immense de liberté.
Bibliographie :
- La femme dans le soleil (Bruno Doucey, 2015)
- Le monde du milieu (Actes Sud, 2009)
- L’Empreinte des pas sur la terre : Mémoires nomades d’un personnage de fiction (Actes Sud, 2008, trad. Jean Guiloineau)
- L’étranger intime (Actes Sud, 2007, trad. Jean Guiloineau)
- Le coeur-chien (Actes Sud, 2005, trad. Jean Guiloineau)
- Lady One (Melville, 2004, trad. Jean Guiloineau)
- Retour au paradis : journal africain (Grasset, 1993, trad. Jean Guiloineau)
- Tout un cheval (Grasset, 1990, trad. Jean Guiloineau)
- Mémoire de poussière et de neige (Grasset, 1989, trad. Jean Guiloineau)
- Métamortphase : poèmes de prison (Grasset, 1987, trad. Georges-Marie Lory et l’auteur)
- Feuilles de route : essais, lettres, interviews, articles de foi, notes de travail (Seuil, 1986, trad. Jean Guiloineau)
- Une saison au paradis (Seuil, 1986, trad. Jean Guiloineau)
- Confession véridique d’un terroriste albinos (Stock, 1984, trad. Jean Guiloineau)
- Mouroir : notes-miroir pour un roman (Stock, 1983, trad. Jean Guiloineau)
- Feu froid (Christian Bourgois, 1976, trad. Jean Guiloineau)