RUMIZ Paolo

Italie

8 mars 2015.
 
© Monika Bulaj

« Pour voyager, il faut être prêt à renoncer à tout ce que l’on connaît pour accepter ce que le hasard nous mettra sous les yeux. » Paolo Rumiz est considéré comme le plus grand écrivain-voyageur italien d’aujourd’hui. En bus, en train, en vélo, en auto-stop ou même en bateau à voile, cet auteur intrépide parcourt à plusieurs reprises toute l’Europe et raconte ses périples dans ses livres. Au gré des chemins, il se laisse guider par les rencontres et par le destin. « Ce n’est pas toi qui choisit le lieu, c’est le lieu qui te choisit. C’est le voyage qui te dicte ton chemin. »

Paolo Rumiz est né à Trieste, ville de l’Empire austro-hongrois devenue italienne à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1945, elle est occupée par les partisans yougoslaves. En 1947, date de la naissance de Paolo Rumiz, le traité de Paris crée le territoire libre de Trieste, sous la protection de l’Onu, administré par les Américains et les Anglais d’un côté et les Yougoslaves de l’autre, avant de redevenir italienne en 1954. Était-il donc fatal que les voyages de Paolo Rumiz explorent sans cesse les frontières et se tournent vers les territoires oubliés ?

Spécialiste mondialement reconnu de l’Europe des Balkans et du Danube, il a suivi la chute du communisme, de la Hongrie à la Roumanie, étudié la montée des populismes en Europe, et couvert tous les conflits nés de l’éclatement de la Yougoslavie pour la Repubblica, où il est grand reporter. Il collabore également à El Piccolo, quotidien de Trieste. Il a écrit une douzaine de livres, dont beaucoup sont des best-sellers.

Il a reçu en 1993 le prix Hemingway pour ses textes sur le conflit en Bosnie. Aux Frontières de l’Europe, qui n’a pas encore été édité en Italie, est son premier livre publié en France, où il raconte son périple à travers l’Europe, jusqu’aux confins de ses territoires. Parti sur les traces d’Hannibal, de Sardaigne en Turquie, il livre dans L’Ombre d’Hannibal, un voyage dans le temps, érudit et vivant, dont chacune des étapes éclaire d’un nouveau jour les enjeux européens les plus contemporains.

Dans son ouvrage, Pô, le roman d’un fleuve paru en 2014, Paolo Rumiz nous livre un récit de voyage sur le fleuve italien, une invitation comme une initiation, au fil de l’eau, aux paysages de la péninsule. De la région du Piémont à la mer Adriatique, des villes industrialisées aux coins sauvages, c’est une odyssée dans le temps et dans l’espace.

C’est maintenant dans un phare perdu au milieu de la Méditerranée que l’auteur nous emmène, dans son nouveau livre Le phare : Voyage immobile. Loin de tout et de tous, l’expérience est étonnante. Entre la nature, la faune domestique et la faune sauvage, le temps s’arrête et l’archipel devient mystérieux.


Bibliographie :

Publications en France

Publications en Italie

 

DERNIER OUVRAGE

 

Le phare : Voyage immobile

Hoëbeke - 2015

Paolo Rumiz pour son nouveau livre a fait un voyage auquel même lui sans doute ne s’attendait pas. Lui qui a longé les 6 000 kilomètres des frontières de l’Europe du nord au sud, traversé les Balkans, franchi les montages à la recherche d’Hannibal, ramé tout au long du fleuve le Pô, lui, le grand voyageur italien, décide de vivre et de nous faire vivre son premier voyage immobile dans un phare perdu au milieu de la Méditerranée, loin de tout et de tous, hormis les gardiens.
Soudain libéré de tout contact avec le monde extérieur – il n’a ni radio, ni télé, ni internet, ni même un téléphone – il se consacre, quand le temps le permet, à l’exploration de son environnement plutôt réduit puisque le phare est perché sur un récif où il n’y a aucune autre habitation. Il nous présente donc tour à tour la nature, la faune domestique (il y a quand même un âne et une poule) et la faune sauvage (dominée par les innombrables oiseaux), les poissons, le bâtiment où il loge, ceux qui l’habitent ou qui l’ont habité jadis, sans oublier d’autres occupants de phares qu’il a connus dans son enfance, il nous parle du temps qu’il fait, des vents, des bateaux qui passent, de ses pensées, de ce qu’il mange et de bien d’autres choses encore. Bref, il nous dit tout, sauf le nom de cet archipel mystérieux, qu’il tient à cacher, de peur d’y voir déferler des hordes béotiennes. Il livre certes quelques indices, mais ceux-ci amènent le lecteur à se demander si la vérité ne serait pas plus compliquée qu’il n’y paraît et à conclure que le phare du récit pourrait bien être, en réalité, un savant amalgame d’expériences diverses. En tout cas, le récit est prenant, et inoubliable. C’est avec une indéniable volupté que ceux qui rêvent d’une tour d’ivoire se laisseront entraîner jusqu’à ce lieu austère, à l’écart du monde, même s’il faut en repartir.