LE CLEZIO Jean-Marie Gustave

France

14 avril 2023.

Né d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, fils d’un médecin de brousse qu’il rejoint au Nigéria à l’âge de huit ans, J.M.G. Le Clézio, éternel nomade, ne s’est jamais reconnu qu’une patrie : la langue française. Prix Nobel de littérature 2008, signataire en 2005 du manifeste « Pour une littérature-monde en français », membre du jury du prix des Cinq continents de la francophonie depuis sa création en 2001, il incarne sans doute mieux qu’aucun autre la vision généreuse d’une langue ouverte et d’une littérature attentive à tous les bruits du monde. Très engagé dans le soutien aux migrants, il a apporté sa contribution au livre collectif Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants (Philippe Rey). Il publie en 2023 Avers, collection de huit nouvelles suivant huit personnages distincts, enfants marginaux et en précarité dont il raconte le combat quotidien contre l’oubli. Dans un livre rythmé par les pays et époques qu’il traverse, il décrit avec une langue vibrante les destins de ces « fantômes » dans un récit lumineux et profondément humain.

 

Né en 1940 à Nice, d’une famille bretonne émigrée à l’île Maurice au XVIIIe siècle, fils d’un médecin de brousse (« L’Africain ») il rejoint au Nigéria à l’âge de huit ans, J.M.G. Le Clézio, éternel nomade, ne s’est jamais reconnu qu’une patrie : la langue française. Signataire en 2005 du manifeste « Pour une littérature-monde en français », membre du jury du prix des Cinq continents de la francophonie depuis sa création en 2001, il incarne sans doute mieux qu’aucun autre la vision généreuse d’une langue ouverte et d’une littérature attentive à tous les bruits du monde.

La vaste cartographie sentimentale et littéraire de Jean-Marie Gustave Le Clézio l’a conduit à investir à l’automne 2011 une salle du Louvre, un « Musée-monde » qu’il a décidé d’ouvrir sur une toile rescapée du séisme de janvier 2010, Le serment des Ancêtres, représentant les généraux Pétion et Dessalines, héros de la révolution haïtienne. Plus loin, les œuvres d’Hector Hyppolite et d’autres peintres haïtiens étalent la générosité de leurs couleurs aux côtés d’une vitrine consacrée au vaudou.
Au-delà de la culture haïtienne, c’est « le peuple révolutionnaire par excellence » qu’a choisi de célébrer Le Clézio dans cette exposition : « À l’ère des grandes déclarations (des droits de l’homme et du citoyen entre autres) le peuple haïtien commit un acte inouï, inconcevable, irrecevable par les nations esclavagistes de l’Europe occidentale ». Ce défi lancé à l’Occident par la fondation de la première république noire des Antilles fascine à l’évidence celui que les jurés du prix Nobel ont salué en 2008 comme « l’explorateur d’une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante ».

Il publie en 2011 Histoire du pied et autres fantaisies, un recueil de nouvelles où il rassemble des portraits de femmes, d’aujourd’hui et du XIXe siècle, confrontées à la pauvreté, l’esclavage, la prison, la guerre, la solitude, et ce dans les quatre coins du monde, de Paris à l’Afrique ou encore Lanzarote, en passant par Maurice.

Dans Tempête en 2014, le roman prend la forme de deux novellas, c’est-à-dire deux longes nouvelles, qui se complètent l’une l’autre : Tempête puis Une femme sans identité, sont les récits de deux jeunes filles et de la difficulté du passage à l’âge adulte. L’une, sur l’île d’Udo, s’éprend d’un homme en proie au remords ; l’autre cherche sa place, entre le Ghana et Paris. Fin de l’innocence et quête d’un sentiment d’appartenance sont les moteurs de ces textes où la poésie tient une place fondamentale.

Avec Alma (Gallimard, 2017), il s’agit une nouvelle fois de dépaysement et d’histoires croisées : celle de Jérémie, en quête du Raphus cucullatus, alias l’oiseau de nausée, le dodo mauricien jadis exterminé par les humains, et celle de Dominique, alias Dodo, l’admirable hobo, né pour faire rire. Leur lieu commun est Alma, l’ancien domaine des Felsen sur l’île Maurice, que les temps modernes ont changée en Maya, la terre des illusions.

Avec Bitna, sous le ciel de Séoul, embarquement pour la Corée du Sud en compagnie de la jeune Bitna, qui vient d’enménager à Séoul, ville personnage que le lecteur découvre avec elle. Pour gagner de l’argent, elle accepte de jouer les Shéhérazade auprès de Salomé, une femme malade, piégée dans un fauteuil roulant. Plusieurs histoires se déroulent sous nos yeux et s’entremêlent : « Par ces histoires, Salomé apprend à mourir, Bitna à grandir — tandis que Le Clézio, lui, en ausculte la source et la mystérieuse éloquence. » (Nathalie Crom, Télérama)

Il développe dans Quinze causeries en Chine, recueil de conférences, son point de vue tout à fait singulier sur la littérature, son universalité et la nécessité de préserver la pensée imprimée. L’année suivante, il publie Chanson bretonne, texte rapportant ses souvenirs de séjours réguliers qu’il a passés dans le Finistère, lors de son enfance. Bercé par une douceur pastorale, il y fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.


Bibliographie

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Discours et conférences

 

DERNIER OUVRAGE

 
Romans

Chanson bretonne

Gallimard - 2020

Ce livre évoque des souvenirs de séjours réguliers que Le Clézio a passés dans la ville de Sainte Marine, à l’embouchure du fleuve Odet, dans le Finistère, lors de son enfance entre 1948 et 1954. Bien que l’auteur se défende de respecter une chronologie, le texte poursuit néanmoins l’ordre de la mémoire, allant de l’enfance vers la maturité. Le lieu de Sainte Marine est placé sous le signe de la mère. La Bretagne, et particulièrement le pays bigouden, que Simone Le Clézio aimait par dessus tout, ce pays où elle a reçu la demande en mariage de son père, ou elle a accouché de son frère et où elle est revenue se réfugier trois mois après la naissance de l’auteur à Nice, à cause de la seconde guerre mondiale. Au fil des chapitres, qui sont présentés comme des « chansons », le narrateur fait revivre une époque où Sainte Marine n’avait pas encore été arraisonnée par les boutiques, les carrefours giratoires, ni les bistrots en tout genre… À travers ces « chansons », l’auteur propose un vrai récit sur son enfance en Bretagne, qui s’enrichit également d’une réflexion plus large sur les changements de la géographie bretonne. Malgré son dépit face à ces bouleversements, Le Clézio ne cultive pas le goût de la nostalgie, car pour l’auteur « la nostalgie n’est pas un sentiment honorable ». Son intention est plutôt de rendre compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d’une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale, qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes de nuit à Sainte Marine ou la beauté simple d’un verger en fleur – autant une ode à la campagne éternelle que la réminiscence de souvenirs intimes.