Lagos, Kinshasa, Le Caire, tant d’autres encore : villes folles, tentaculaires, en croissance exponentielle, sans plus de centre ni de limites, cratères en éruption dans le tohu-bohu des identités confrontées, mêlées, brisées, réinventées – et nous savons bien que nos catégories anciennes sont impuissantes à les penser. Dire l’Afrique d’aujourd’hui, c’est peut-être dire d’abord la prolifération de ces mégapoles, les énergies qui les traversent, leurs sons, leurs rythmes, la résistance à la sauvagerie de leur expansion, mais aussi ce qui y naît, l’invention de nouvelles manières d’être ensemble. Un chaos destructeur ? Créateur, aussi. Ces villes si souvent décrites comme des cauchemars sont aussi des centrales d’énergie. Là, dans ces cratères en fusion, s’invente la littérature de demain, se font entendre des voix nouvelles, se réinventent images et musique : une culture monde.