Entre les coups de canon qui résonnent à l’Est et les cris et les pleurs qui les suivent comme une traînée de poudre, entre le silence qui les entoure et les mensonges qui les couvrent encore plus à l’Est, que peut le poème, que peuvent les poètes ? Même et surtout dans le pays où le poème fut et est, comme la neige est en hiver.
Rien ? Si peu ? Mais ce peu est essentiel. Ils disent que nous sommes aimés et abandonnés, que les mots ne veulent rien dire s’ils ne donnent pas. En riant en pleurant, en rêvant, en marchant. Ils affirment avec force des choses mineures : la chute d’une feuille ou celle d’un flocon ; ils disent leur joie d’avoir été là ce jour-là. Ils disent, comme l’écrivit Paul Éluard, que la poésie est contagieuse. Alors mettez-y les mains jusqu’au cœur pour vérifier l’état de la langue par ses poèmes. L’oreille creusée et l’œil ouvert.
Yvon le Men
La poésie est contagieuse
La poésie est contagieuse