Invités depuis 1990

BRONNER Gérald

France

Le danger sociologique (PUF, 2017)

© Loic Thébaud

Les travaux de ce sociologue, professeur à l’université Paris-Diderot, s’intéressent à la cognition en société et aux déterminants du succès d’une croyance dans l’espace social. Dans son dernier ouvrage, il s’attaque aux côtés d’Etienne Géhin, à sa propre discipline, jugée peu scientifique, dogmatique, bavarde et incapable d’une quelconque autocritique… Et (ré)inaugure l’(éternel) débat sur le postulat déterministe, faisant de la sociologie un « sport de combat » politique, généralisé à la suite de Bourdieu. Un livre polémique, et un pamphlet assumé.

Gérald Bronner est sociologue, professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot et membre de l’Institut universitaire de France.

Doctorant à l’université de Grenoble 2, il passe sa thèse sous la direction d’Alain Pessin sur les enjeux sociologiques de l’aversion à l’incertitude, qui donne lieu à la publication d’un « Que sais-je ? » : L’Incertitude. Gérald Bronner est ensuite nommé maître de conférences à Nancy où il dirige le département de sociologie pendant deux ans (1999-2001), avant d’être nommé à la Sorbonne (Paris IV) où il codirige avec Jean-Michel Berthelot le CESS (Centre d’études sociologiques de la Sorbonne). Il publie de nombreux ouvrages et articles scientifiques portant sur la formation et la disparition des croyances collectives (rumeur, idéologie, religion, magie etc.) et sur la cognition humaine, dont L’empire des croyances (Puf, 2003). Il dirige également à la même époque la collection « Société et Pensées » aux éditions Hermann et devient membre du comité de rédaction de "L’Année Sociologique".

Gerald Bronner soutient en 2006 une habilitation à diriger des recherches (HDR) sur « l’importation de la notion de biais cognitif vers la sociologie », publiée sous le titre L’Empire de l’erreur. Il est alors nommé professeur à l’université de Strasbourg, et participe au jury de l’agrégation de sciences économiques et sociales dont il assure la vice-présidence durant deux ans (2008-2010). En 2008, il est nommé à l’Institut universitaire de France, nomination lui permettant de poursuivre ses travaux et d’entamer une série de publications, dont la Pensée extrême en 2009, qui lui vaut le prix européen d’Amalfi pour la sociologie et les sciences sociales. Depuis 2012, Gerald Bronner est professeur à l’université Paris-Diderot (Paris VII), où il est codirecteur du Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain (LIED) et assure un enseignement de sociologie cognitive.

D’une façon générale, ses recherches et ses publications sont axées autour de la cognition en société. Il étudie les déterminants du succès d’une croyance dans l’espace social : les mécanismes d’entrée dans une secte, la pensée extrême et la radicalisation dans le domaine religieux ou politique ; la disparition des croyances ; la perception du risque ; les mécanismes spécifiques du marché de l’information sur Internet, les rapports qu’entretiennent des énoncés légitimés par la science et ceux qui ne le sont pas. Il a également produit des travaux d’épistémologie concernant d’une part, l’utilisation de la notion de rationalité et, d’autre part, les rapports que les sciences sociales entretiennent avec les sciences cognitives et les neurosciences.

En 2013, il reçoit le prix de la Revue des Deux Mondes pour La Démocratie des crédules (PUF). Il est élu l’année d’après à l’Académie des technologies, et à l’Académie de médecine en 2017. Il est l’auteur de quatorze livres au total, auxquels s’ajoutent cinq ouvrages collectifs dont il a assumé la responsabilité, 77 articles en langue française et douze en langues étrangères, deux préfaces, 39 articles de diffusion et huit comptes rendus d’ouvrages. Il collabore aussi régulièrement à des revues grand public (Cerveau&Psycho, Le Nouvel Observateur, Sciences humaines, Pour la science…).

Dans son dernier ouvrage en collaboration avec Etienne Gehin, Le danger sociologique (PUF), Gerald Bronner remet en cause la sociologie et certaines de ses dérives, notamment le postulat deterministe qui semble s’être généralisé en France à la suite de Pierre Bourdieu. Un livre polémique, dans lequel les deux auteurs s’attaquent aux dérives intellectuelles d’une discipline qui se voudrait pourtant science : une langue hermétique pour masquer la vacuité des propos ; l’attribution d’une volonté à de simples entités sociales ; l’orientation des enquêtes sociologiques en fonction des postulats ; la non prise en compte de la réception par le public des travaux sociologiques. Urticant pour beaucoup, salavateur pour certains, Le danger sociologique (ré)inaugure un (éternel) débat sur la sociologie, discipline aujourd’hui très influente dans le débat d’idées. Gerald Bronner s’attache enfin à montrer que les neurosciences sont, et seront, beaucoup plus à même d’expliquer certains mécanismes sociaux en replaçant l’individu au cœur de ses propres choix.


Bibliographie

  • Le danger sociologique avec Etienne Géhin (Puf, 2017)
  • La pensée extrême (Puf, 2016)
  • La pensée extrême (Puf, 2015)
  • La planète des hommes (Puf, 2014)
  • La démocratie des crédules (Puf, 2013)
  • La théorie sociale contemporaine avec Razmig Keucheyan, (Puf, 2012)
  • L’inquiétant principe de précaution avec Etienne Géhin, (Puf, 2010)
  • La Pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques (Denoël, 2009)
  • Coïncidences. Les représentations sociales du hasard (Vuibert, 2007)
  • L’Empire de l’erreur. Éléments de sociologie cognitive (PUF, 2007)
  • Vies et mort des coyances collectives (Hermann, 2006)
  • Manuel de nos folies ordinaires avec Guillaume Erner, (Mango, 2006)
  • L’empire des croyances (Puf, 2003)
  • L’incertitude (Puf, 1997)
Le danger sociologique

Le danger sociologique

PUF - 2017

Le monde contemporain a plus que jamais besoin des éclairages de la sociologie : post-truth society, instabilité politique dans les pays démocratiques, montée des populismes… Mais cette discipline à vocation scientifique est prise en otage par ceux qui veulent en faire un « sport de combat » politique. Ce livre s’adresse donc à tous ceux qui s’intéressent aux faits sociaux et sont inquiets ou étonnés des dérives intellectuelles de certaines figures reconnues des sciences humaines et sociales. Les sociologues ne sont pas immunisés contre les biais cognitifs qui peuvent nous égarer dans des récits idéologiques et outranciers : dans ce cas, toutes les conditions sont présentes pour que la sociologie « tourne » en une production plus militante que proprement scientifique. Il est donc temps pour eux de sortir de leur sommeil dogmatique et de s’astreindre aux règles qui régissent la cité des sciences. C’est ce que ce livre propose, en convoquant des données issues tout aussi bien de la sociologie que des sciences du cerveau dans le but de rendre accessibles aux non-spécialistes les enjeux fonda­mentaux que représente ce continent de la pensée.

Revue de presse

  • Avec méthode, sans polémiquer outre mesure, Bronner et Géhin expliquent que le comportement des acteurs sociaux ne saurait être le simple reflet de leur milieu ou de leur formation, mais qu’il comprend une part importante de choix individuels, de décisions personnelles, d’arbitrages entre plusieurs lignes d’action possibles, qu’on ne peut ramener seulement, même en dernière instance, à l’« habitus » bourdieusien. Ils puisent aussi - Horresco referens - dans les remarquables avancées de la neurobiologie, c’est-à-dire aux sources d’une science extérieure à la sociologie, qui vient compléter l’analyse des comportements des acteurs par l’exploration - scientifique, pour le coup - des mécanismes du cerveau humain. (Laurent Joffrin, Libération)
  • La sociologie considère majoritairement et à tort l’action humaine comme entièrement déterminée par des structures sociales cachées ; elle donne à ces structures des noms abstraits (l’Etat, la société…), leur attribue un pouvoir exagéré sur les individus et, pire, des « intentions », comme celle de reproduire l’ordre existant ou de dominer les plus faibles.
    Pour les deux auteurs, cette sociologie flatte l’individu dans ses instincts les plus bas et conforte ses intuitions les plus erronées, comme l’idée que nous sommes victimes de projets malveillants. (…) Pour Bronner et Géhin, il serait urgent de rompre avec ces raisonnements et d’aller puiser dans les recherches menées par la psychologie expérimentale et les neurosciences. Leur présentation de ces recherches sur le fonctionnement du cerveau est la part la plus originale du livre.
    (Gilles Bastin, Le Monde des Livres)
  • L’auteur souhaiterait « sortir la discipline de l’isolement dans lequel elle est en train de s’enfoncer » (Irène Inchauspé, L’Opinion)
  • Dans un pamphlet assumé, “Le Danger sociologique”, Gérald Bronner et Etienne Géhin attaquent de front la tradition déterministe des sciences sociales : à savoir les fondements mêmes de la sociologie. Un essai controversé qui rallume une vieille guerre de tranchées entre des courants de plus en plus irréconciliables. (Jean-Marie Durand, Les Inrockuptibles )
  • Régis Debray a soutenu que les places fortes des clercs laïques qui succédèrent aux religieux furent en France l’université, puis l’édition, et enfin les médias. Et, depuis quelques décennies, ce sont les sciences humaines à qui nos médias demandent les clés du bon, du beau, du vrai, du juste et du bien. Plus exactement, à la sociologie, et plus précisément encore à la sociologie déterministe (…) Gérald Bronner et Étienne Géhin dénoncent ici les dérives d’une frange de la sociologie qui préfère les a priori idéologiques à l’argumentation scientifique. (Philippe Meyer, Le Point)