Björn Larsson, Gilleleje, Danemark, 28 juin 2010

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Où suis-je ? La question est bonne, dans mon cas, car j’ai l’impression d’ètre sans cesse en route, jamais tout à fait là où je me trouve, rentrant seulement pour repartir, sans port d’attache autre que temporaire. S’il est vrai que je suis en ce moment installé dans un de mes pieds-à-terre, à savoir sur mon bateau, le ”Stornoway”, amarré au port de Gilleleje, au nord de l’île de Själland, au Danemark, il est également vrai que je me prépare à partir naviguer d’ici quelques jours. L’avantage d’habiter sur un bateau, même à mi-temps, comme je le fais, c’est qu’on part avec sa maison ; on promène son chez-soi, faute d’en avoir de fixe. Je n’ai pas encore décidé où aller ; je laisserai sans doute au vent de décider pour moi. En tout cas, la météo laisse présager un temps de magie. Il n’y a rien qui égale des journées d’été de beau temps dans le Nord. L’air est cristallin, il fait chaud, mais pas excessivement et les soirées sont longues. Nous sommes à la fête de Midsommar, résolument païenne, l’une des fêtes les plus aimées dans les pays Scandinaves, où l’on se réjouit de l’arrivée de l’été, avec, néanmoins, une touche de mélancolie due à la conscience que les journées, dorénavent, se feront plus courtes. Ce soir où je vous écris il n’y a pas un nuage, le soleil descend vers l’horizon, la lune monte au sud et le ciel commence à se noircir. C’est la journée la plus longue de l’année ; dans quelques heures, quand il fera nuit à l’ouest, l’aube se pointera à l’est. A terre, au Danemark, on allumera des feux le long des côtes. En Suède, en face, on dansera autour de hauts poteaux entièrement couverts de fleurs. Qui préfère rester devant la télé à regarder un match de foot n’aura rien compris à la vie.

Björn Larsson