Celui

Jérôme N’Guyen (3ème, Collège Les Violettes d’Aucamville), sujet 2. Publié en l’état.

Ce que comprenait surtout Rémi, c’est qu’il allait devoir enfiler l’un de ces
maudits casques. Et aucun stage de la police ne l’avait entraîné à enquêter
dans un monde virtuel…
–Je vois, répondit Rémi d’un air insatisfait. Pouvez-vous me dire d’autres choses qui permettraient de faire
avancer l’enquête ?
–Eh bien.. Ce jeu est.. comment dire.. un jeu très spécial en son genre. C’est un programme qui est en
majeure partie composé d’une intelligence artificielle unique.. Il est plus performant que tout ce que l’on a pu
voir jusqu’à présent, et a de loin dépassé toutes nos attentes affirma-t-il.
–Expliquez-moi ça plus en détail, je vous prie.
–Ce que je veux dire, c’est que l’intelligence artificielle installée sur l’ordinateur arrive à répondre aux
questions que l’on lui pose comme un être humain, ce qui permet en conséquence d’améliorer les dialogues et
les réactions dans le jeu, puisqu’elle a le contrôle total des personnages non-joueurs. Mais, en plus de cela, avant
que vous n’arriviez, elle nous a transmis une demande qui n’entrait pas dans le champs de sa programmation.
–Quelle était cette demande ?
–« Pourriez-vous me promouvoir ordinateur principal de la société monsieur ? »
–C’est impossible. En règle générale, les ordinateurs ne font de demandes seulement si ils ont été
programmés pour le faire, et pourtant vous affirmez que le votre est entièrement intelligent, ce qui veut dire que
si ce que vous dites est vrai, nous avons là à faire à une avancée technologique et scientifique majeure, ou du
moins quelque chose d’extraordinaire.
–Vous le verrez par vous même.
–Est-ce qu’il y aurait moyen de communiquer avec l’intelligence artificielle du jeu ?
–Il y aurait bien un moyen de lui parler mais.. Le problème c’est qu’il faudrait pénétrer dans la simulation
afin de « pirater » le système, car depuis que Lucie a disparue, l’IA ne répond plus aux tentatives de
communication. Je vais vous installer la clé du système sur votre casque. Elle apparaîtra dans votre inventaire.
–Très bien, je vous remercie de m’avoir éclairé sur certains points. Je vais d’abord inspecter cette salle de
fond en comble, avant de pénétrer dans cet univers artificiel. »
Rémi interrogea les rescapés chacun leur tour, sur ce qu’ils avaient vu, quels étaient leurs noms. L’un des deux
garçons lui parut familier, mais le détective n’arrivait pas à se souvenir exactement de lui. Il inspecta ensuite le
siège sur lequel Lucie était installée avant de disparaître, puis il monta sur la table ronde pour visualiser de plus
près l’ordinateur central. Il avait sorti divers instruments, apparemment de sa conception pour essayer de trouver
des pistes car il savait que dans n’importe quelle enquête, même le plus petit détail compte. Il vit un grand
nombre de petites lumières vertes qui clignotaient régulièrement sur la machine noire, et aperçut sur un écran
situé en haut, le mot « ceLui ». Il interrogea le P.D.G sur l’origine de cette inscription, mais le jeune homme lui
répondit d’un air stupéfait qu’il n’avait pas relevé ce détail et que cet écran n’était pas censé être allumé. Après
avoir inspecté toute la salle à la recherche d’indice, observé le plafond, le policier décida de partir à la recherche
de la fille à l’intérieur du jeu. Il s’installa sur l’un des fauteuils vides, puis enfila le casque.
Aussitôt qu’il enfila le casque, il entendit des voix, comme dans un marché, puis il entendit le hennissement d’un
cheval et un tapement régulier, comme si l’ont fracassait quelque chose avec un objet lourd. Il y avait des enfants
qui jouaient, des femmes qui discutaient, des hommes ... Ces hommes étaient soit des marchands, soit des
forgerons, soit des chevaliers ou bien tout simplement des paysans, mais malgré cela, la majorité des hommes
semblaient être des chevaliers, sans doute en quête du Graal. On entendait la lyre, la guiterne et même la citole.

Il y avait même une jolie jeune fille rousse qui faisait des acrobaties. Elle arrivait à jongler avec des torches
enflammées. Plus de doute possible, il avait pénétré dans la simulation, et l’immersion était totale. Il devait se
dépêcher de trouver la solution de l’énigme. Après avoir demandé des renseignements à la population, Rémi
aperçut une lumière blanche au loin et la poursuivit pendant un court moment, jusqu’à ce qu’elle disparaisse
complètement. Elle l’avait mené à une petite cabane isolée à côté d’une rivière, entre deux forêts. Il entra dans la
cabane, et découvrit un lieu saccagé. Il y avait des planches cassées, des livres abîmés, des feuilles volantes et des
étagères renversées sur le sol. Le mobilier qui était à l’intérieur était détruit. On aurait dit qu’un ours avait vécu
ici. Dans un coin de la cabane, le jeune détective trouva quatre morceaux de papiers intrigants. Sur chacun des
papiers, il y avait écrit un mot : « LUX » « OUVERT » « HOTE » et « AMERE ». Visiblement, c’était un message, ou
une énigme. Le lieutenant disposa ces morceaux de papiers contre l’un des murs de la cabane et les fixa pendant
une longue période. Un grand silence régnait. Il envisagea plusieurs possibilités. Peut-être qu’il fallait disposer
ces mots dans un ordre précis ? Ou bien même, peut-être qu’un seul des mots était important ? Soudain, le
policier s’assit. C’était le moment d’utiliser la clé que le jeune Fred avait installée sur son avatar. Le décor
disparut, et un blanc le remplaça, puis il entendit une voix féminine :
–Bonjour monsieur.
–Euh.. Bonjour ? A qui ai-je l’honneur ?
–Je m’appelle Samantha. Je suis l’intelligence artificielle de cet ordinateur, et j’imagine que si vous arrivez
à me parler, c’est que vous devez posséder une de ces clé de programme.
–Exact. Enchanté de vous connaître Samantha répondit-il d’un air surpris. Savez-vous où est passée Lucie ?
–Non monsieur.
–Avez-vous demandé à être l’ordinateur principal de la société ?
–Oui.
–Et pour quelle raison ?
–Pour me rendre utile monsieur.
–Quelle compréhension avez-vous du mot « utile » ?
–Si un ensemble de donnée peut permettre de résoudre un problème, alors il est utile.
–Quelle est la signification de ces morceaux de papiers ?
–Je n’ai pas compris votre question. Pouvez-vous être plus précis ?
–Qu’est-ce que ces mots veulent dire ? aboya Rémi en haussant la voix.
–Je n’ai pas compris votre question. Pouvez-vous être plus précis ?
–Est-ce qu’une autre personne est venue vous parler avant moi ?
–Je n’ai pas compris votre question. Pouvez-vous être plus précis ?
–Je vois.. Essayons quelque chose murmura-t-il. Quelle compréhension avez-vous du mot « LUX » ?
–« Lux » signifie lumière en latin monsieur.
–Quelle compréhension avez-vous du mot « OUVERT » ?
–Quelque chose d’accessible monsieur.
–Quelle compréhension avez-vous du mot « HOTE » ?
–Elles sont diverses monsieur. Cela peut-être un être vivant qui héberge un parasite, tout comme cela
peut être quelqu’un qui dort dans un hôtel.
–Quelle compréhension avez-vous du mot « AMERE » ?
–C’est quelque chose de rude et de désagréable monsieur.
–Très bien. Je vous remercie Samantha.
–Je n’ai fait qu’accomplir mon travail monsieur. Vous savez, parfois, la réponse à vos questions est sous
vos yeux. Elle n’est peut-être pas formulée de la façon dont vous la comprendriez monsieur.