Ces années-là… L’esprit de mai à la Maison des Associations

Bob Dylan et Allen Ginsberg veillant la tombe de Jack Kerouac
D-R

Elles changèrent le cours de l’histoire, bouleversèrent les rapports entre les hommes et les femmes, les parents et les enfants, virent la jeunesse secouer le vieux monde, qui ne s’en remit jamais vraiment : les « sixties »…
De mai 68 comme mouvement politique il ne sera pas ici question. Parce que, politique au sens habituel, mai 68 ne le fut pas — mais culturel, au sens le plus profond, transformant notre rapport aux autres, et au monde. Une révolution ? Oui, mais alors culturelle : ce que l’on appelait alors « contre-culture ».
Explosion du rock, du jazz, découverte des musiques du monde, de la bande dessinée, de la science-fiction, apparition de l’heroïc fantasy, renouvellement du « roman noir », succès de Mad, de Hara Kiri, engouement pour Pilote, triomphe de Tolkien et de ses hobbits — et l’on voudrait faire rentrer tout cela dans le cadre d’un mouvement « politique » ? Mais la « politique » n’était que le couvercle, que fit sauter ce bouillonnement ! Une mutation des sensibilités, marquée d’abord par les artistes : nous en sommes tous peu ou prou les enfants.
Un grand voyage donc pendant ces trois journées à la Maison des Associations. Où l’on verra que nous sommes en plein dans le thème du festival : cette nébuleuse « contre-culture » est hantée par l’imaginaire de la route. Après tout, la migration des hippies vers Katmandou ne fut-elle pas la plus grande migration vers l’Orient de l’Occident depuis le temps des Croisades — pressés cette fois non de coloniser quoi que ce soit mais d’être colonisés ?
Une matinée Jack London et un après-midi Kerouac le samedi, une matinée Dylan (voir p. 58) et un après-midi « Summer of Love » le dimanche, une matinée Philip K. Dick et Albert Ayler le lundi, avant de finir par un après-midi consacré à la « free press », l’aventure d’Actuel et de Métal hurlant (voir p. 63). Entre autres…

Avec des films cultes, Pull my Daisy de Robert Franck, Lowell Blues , The Voice of the road , Don’t look back le film indispensable de D. A. Pennebaker sur Dylan, Turn me on , The Summer of love, La route de Katmandou , Adickted : Philip K. Dick de Blade Runner à Minority Report un documentaire rare sur Philip K. Dick et une merveille, inédite en France, saluée comme un chef-d’œuvre Outre-Atlantique : My name is Albert Ayler .

Des lectures par Alain Dister, Yves Buin, Eric Sarner, et Jo Corbeau, la star ultime du slam marseillais, le créateur en une autre vie du légendaire ensemble Albert et sa fanfare polyorcétique !

Et des rencontres avec : Jennifer Lesieur, biographe de Jack London, Michel Le Bris, Eric Sarner, Jo Corbeau, Yves Buin, Alain Dister, Colum Mc Cann, Jean-Luc Hesse, Robert Louit, François Bon, Patrice Blanc-Francart, Philippe Hupp, Michel Braudeau, Rory MacLean, Frédéric Joignot, Patrick Raynal, Jean-Pierre Dionnet, Patrick Rambaud, Jean-Luc Fromental, Pierre Dubois, Serge Clerc, Jean-Pierre Verheggen, Laurent Chollet .