Coups de cœur Télérama : Andreï Kourkov

Russie
© Philippe Matsas/Opale/Editions Liana Levi

La France a découvert Andreï Kourkov avec Le Pingouin, un roman terrible et drôle dont le narrateur cohabite avec un pingouin abandonné par le zoo, et risque sa vie en écrivant à l’avance les notules nécrologiques de personnes qui ne survivent pas longtemps à la rédaction desdites notules…
Ce russe de 40 ans, né à Saint-Pétersbourg, et qui a commencé sa vie d’écrivain (pour la jeunesse d’abord) dans la prison d’Odessa, où il faisait son service militaire, vit aujourd’hui à Kiev, comme Nikolaï le héros de son dernier roman, Le Caméléon. Où Andreï Kourkov puise-t-il donc cet humour ravageur, ce sens de l’absurde ? « Dans les faits divers de mon pays que je me contente de développer », déclare-t-il en toute simplicité. Ainsi Nikolaï se retrouve-t-il embarqué dans une aventure ébouriffante parce que sa curiosité l’a poussé à déchiffrer les annotations inscrites en marge d’un exemplaire d’un chef-d’œuvre caché de la littérature ukrainienne… De la lecture de ces notes à une éprouvante chasse au trésor, il n’y a qu’un pas et quelques milliers de kilomètres que notre héros franchit allègrement. En chemin, il trouve l’amour d’une Kazakhe, un caméléon porte-bonheur et quelques drôles de personnages qui deviennent des alliés parfois, ses ennemis souvent. Pas l’ombre d’une morale derrière ce récit qui flirte avec le surréalisme et les Pieds Nickelés. Il n’y a ni de vrais bons ni de vrais méchants. Tout juste quelques paumés et quelques roublards. « Comme dans la vraie vie », insiste Andreï Kourkov, qui tient à spécifier ici que « ces éléments que vous, Occidentaux, trouvez surréalistes dans mes romans ne sont, en réalité, que des faits complètement normaux dans la société post-soviétique d’aujourd’hui ».
Michèle Gazier

Le Caméléon, traduit du russe par Christine Zeytounian (Editions Liana Levi, 2001)