Dessiner le monde de demain

Souvenirs d’Amkoullel à Bamako

Je me souviens de la dernière édition qui a eu lieu au Mali, à Bamako. Je me souviens de ce mois de novembre 2010, et du 50e anniversaire de « l’indépendance » du Mali. Je me souviens des allers-retours entre l’hôtel Le Colibri, le palais de la Culture, le Centre culturel français de Bamako et le Blonba. Je me souviens de ces moments pleins d’émotion. Pour beaucoup d’entre nous, jeunes Maliens, Étonnants Voyageurs représentait l’unique occasion de rencontrer et de discuter avec d’illustres auteurs venus des divers coins du monde. Je conserve gravée dans ma mémoire cette rencontre avec Cheikh Hamidou Kane, et les propos qu’il m’a tenus résonnent encore dans ma tête : « Vous, les rappeurs, représentez la relève et vous pérennisez notre combat ! » Au-delà des contacts avec les auteurs, le festival, c’est aussi l’occasion d’avoir accès aux œuvres. Pour qui connaît l’état de délabrement des bibliothèques au Mali, il est facile de comprendre l’urgence de la situation.

En 2010, la salle de spectacle Blonba existait encore. J’ai eu le plaisir d’être invité par le festival à y donner un concert de rap malien. Très vite, le concept de la soirée a évolué : avec la complicité de mon ami Rouda du 129H, nous avons décidé d’organiser, sur scène, une soirée à la manière de nos conteurs traditionnels. Nous sommes allés trouver les écrivains pour les convaincre de venir lire, chanter, dire, sur scène, des extraits de leurs textes, en les accompagnant par les douces mélodies du n’goni (petite guitare traditionnelle).

À 21 heures, ce samedi 27 novembre, la salle de spectacle Blonba, dans le quartier de Faladjè à Bamako, est pleine à craquer ! Un public arc-en-ciel et de tous âges a répondu favorablement à notre invitation. Les écrivains, slameurs et rappeurs sont venus déclamer, slammer, chanter et rapper leurs textes. Les mélodies du n’goni, selon le flot des mots, se font douces et apaisantes, agressives et saccadées. Oxmo Puccino, Souleymane Diamanka, Léonora Miano, Dia Diouf Nafissatou, Yvon Le Men, Felwine Sarr, Mohamed El Amraoui, et beaucoup d’autres étaient de la fête. Et nous avons dansé toute la nuit !