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EFFA Gaston-Paul

Cameroun

Rendez-vous avec l’heure qui blesse (Gallimard, 2015)

« Une langue porte l’histoire du peuple. Chaque mot de langue étant un morceau de terre, l’écrivain que je suis redonne à voir et à visiter ces terres enfouies, en construisant un pont entre la tradition et la modernité. »

Gaston-Paul Effa

L’Obama de Gaston-Paul Effa n’est pas président des États-Unis : Africain de culture animiste, le héros de Je la voulais lointaine, refuse le sac totémique que lui transmet son grand-père et s’embarque pour la France. Mais l’Afrique ancestrale, lourde de ses traditions comme de ses richesses, ne se laisse pas quitter si facilement...

Le parcours de ce personnage au nom d’oiseau - "Obama" signifie l’aigle - n’est pas sans rappeler celui de l’écrivain. Né au Cameroun en 1965, élevé par des religieuses alsaciennes, Gaston-Paul Effa est devenu professeur de philosophie en Lorraine, après avoir failli être prêtre. Excellent cuisinier, il a ouvert un restaurant à Sarrebourg, A la table des Tropiques, où s’organisent des séances de discussion et de lecture autour d’un cocktail d’hibiscus, de vin de palme ou de bière à la banane. Les bénéfices de ce restaurant afro-antillais sont envoyés au Cameroun, où ils ont déjà financé la construction d’un collège.

Il a déjà publié chez Grasset Tout ce bleu (1995) et (1998) qui a obtenu le Prix Erckmann-Chatrian et le Grand prix littéraire de l’Afrique Noire 1998. Le cri que tu pousses ne réveillera personne est paru chez Gallimard, en 2000, et Le cheval-Roi aux Editions du Rocher.
Après Nous enfants de la tradition publié en 2008 aux éditions Anne Carrière, Gaston-Paul Effa nous offre avec Je la voulais lointaine une belle réflexion sur les contradictions de l’exil et la difficile transmission de l’héritage traditionnel.

Il signe cette année un nouveau roman Rendez-vous avec l’heure qui blesse.


Bibliographie :

  • Rendez-vous avec l’heure qui blesse (Gallimard, 2015)
  • Je la voulais lointaine (Actes Sud, 2012)
  • Nous, enfants de la tradition (Anne Carrière, 2008)
  • A la vitesse d’un baiser sur la peau (Anne Carrière, 2007)
  • Voici le dernier jour du monde (Editions du Rocher, 2005)
  • Cette langue est bien un feu (Laquet, 2004)
  • La Salle des profs (Editions du Rocher, 2003)
  • Le Livre de l’Alliance (Bibliophane, 2003 - avec André Chouraqui)
  • Yaoundé instantanés (Laquet, 2003)
  • Le Juif et l’Africain : Double offrande (Editions du Rocher, 2003 - avec Gabriel Attias)
  • Le Cheval-Roi (Editions du Rocher, 2001)
  • Le cri que tu pousses ne réveillera personne (Gallimard, 2000)
  • Quand le ciel se retire (L’Harmattan, 2000)
  • La saveur de l’ombre (L’Harmattan, 2000)
  • Icône, sanctuaire de la présence (Pierron Editions, 2000 - collectif)
  • (Grasset, 1998) Traduit en anglais par Anne-Marie Glesheen sous le titre (Arcadia Books, 2007)
  • Tout ce bleu (Grasset, 1995 - Grand Prix littéraire de l’Afrique noire 1998) . Traduit en anglais par Anne-Marie Glesheen sous le titre All that blue (Arcadia Books, 2007)

En anglais :

  • (Arcadia Books, 2007)
  • All that blue (Arcadia Books, 2007)

Présentation de Je la voulais lointaine (Actes Sud, 2012) :

Aller au pays de Montaigne, de Chateaubriand et de Rimbaud m’intéressait moins que la perspective de fuir cette terre mienne, et ces liens inextricables. Ainsi, traverser les océans et, par ce geste, la mémoire honteuse de tout un continent, tout ensemble anticipait et amplifiait ma volonté de n’avoir plus jamais d’obligations vis-à-vis de personne – ma famille comprise. Je m’étais même demandé si ce n’était pas mon double spirituel qui avait prié la nature de m’éloigner, de me porter vers ce pays où il n’y a pas d’arbres, où les hommes sont sans ombre, où le bitume recouvre partout la terre, où les morts ont froid, mais où tous les Africains rêvent d’aller un jour.

” Petit-fils de féticheur, Africain de culture animiste, le narrateur de ce livre – l’enfant au nom d’oiseau – a refusé le sac totémique de son aïeul. Transmis comme un oracle, l’objet fut immédiatement enterré et le silence gardé. Sacrilège ou terreur, cet acte s’inscrit en transparence sur le destin de ce jeune homme choisi pour tutoyer les dieux.
Ainsi se déploie le récit poétique d’un rêveur d’ailleurs, d’un être qui un jour retrouve, en lui, la mémoire.


Résumé de Nous, enfants de la tradition :

C’est un fait dont on parle trop rarement : au moins un Africain émigré sur deux adresse les trois quarts de son salaire à sa famille restée sur le continent afin d’assurer sa subsistance. Osele, l’aîné de trente-trois enfants, est envoyé en France, où il fait de brillantes études d’ingénieur. Marié à une Française, père de deux enfants, il expédie tout son salaire en Afrique, ce qui le mène à la rupture conjugale. Le narrateur n’a de cesse de se justifier en remontant le cours de sa mémoire, dégageant peu à peu le modeste gisement d’une existence vouée au respect de la tradition. Cet homme dénué d’agressivité, qui n’élève jamais la voix, avec quel acharnement il dénonce la perpétuation d’un héritage ! Souvent, il invoque la peur, sa peur. Au fil des mots, il redessine le trajet de sa vie, à laquelle il offre un contour neuf, une nouvelle dignité. Mais un homme seul peut-il s’opposer à un peuple conservateur qui a tout intérêt à entretenir une telle dépendance ? Menacé de mort, frappé par la maladie, Osele exprime la dérision d’un combat inégal.


Présentation de  :

MA : cette syllabe universelle évoque la douceur de la maternité, un hymne à la femme et à la féminité... est bien cela : un cantique qui célèbre le bonheur et la douleur d’être mère sur ce continent tissé de mystères qu’est l’Afrique. L’enlèvement de son premier enfant, offert aux religieuses par son mari, plonge Sabeth dans une nuit profonde qui ranime les souvenirs de sa prime enfance à Obala, où déjà elle avait subi les mortifications dues à sa condition de femme. Après un mariage traditionnel avec un polygame, les humiliations redoublent : troisième femme de son mari, Sabeth tente en vain de se faire une place dans sa nouvelle famille qui la réduit en esclavage. Lorsqu’elle rencontre Mâ, sa marraine, féticheuse de son état, elle espère, grâce à son aide, pouvoir ramener à elle son premier-né, Douo. Commence alors un long parcours initiatique qui mènera Sabeth de sorcier en sorcier, jusqu’à ce qu’elle rencontre Emmanuel, avec lequel elle renaîtra dans le feu de la passion. La célébration d’un monde fascinant, empreint de magie et de sensualité diffuse, ainsi que la ferveur du style, parviendront seuls à dénouer ce destin. Avec ce deuxième livre, Gaston-Paul Effa confirme ses dons de prosateur lyrique et incantatoire.


Présentation de Tout ce bleu :

Douo, le narrateur, né "à l’ombre bleue d’un sisal solitaire", est le premier enfant d’une jeune mère de 15 ans, deuxième épouse d’un père de 30 ans. A l’âge de 4 ans, son père décide de le donner à Dieu et c’est ainsi qu’arraché à sa mère, il va être élevé par des religieuses. Dix ans plus tard et parce qu’il est très bon élève, Douo est envoyé en France pour parfaire son éducation. Solitaire, il continue à se perdre dans "ces rêveries où s’accrochaient des lambeaux de sacré qui n’avaient guère changé depuis l’enfance". Son guide dans ce pays étranger, l’adulte qu’il aime et qu’il révère, est le père Marie-Pâques ; c’est lui qui a la charge de l’éducation intellectuelle et spirituelle de celui qui est devenu Douo-Papus. Est-ce parce que la solitude lui pèse trop qu’il croit reconnaître une jeune fille, Clara, déjà croisée, pense-t-il, en Afrique ? Elle est son premier amour, celui dont il espère qu’il apaisera la blessure de la séparation d’avec sa mère.

Traduit en anglais par Anne-Marie Glesheen sous le titre All that blue (Arcadia Books, 2007)

Rendez-vous avec l'heure qui blesse

Rendez-vous avec l’heure qui blesse

Gallimard - 2015

« Mon grand-père disait que pour les Noirs la peau est un mystère insondable, et il le disait sans chercher à savoir si nous comprenions, ou si, à Lamentin, on se souciait de la peau des esclaves, la mer, seule, évoquait quelque chose pour nous puisqu’elle n’était jamais bien loin, qu’elle nous nourrissait, qu’elle n’aurait jamais fini de charrier nos expériences originelles. Ce que voulait dire mon grand-père, c’était peut-être que la peau d’autrui et sans doute la sienne, et aussi la mienne aujourd’hui, sont un détroit où l’on ne peut que se perdre. » Martiniquais d’origine modeste, vétérinaire rejeté puis admiré, Raphaël Elizé, le narrateur, a été le premier maire noir d’une ville de France métropolitaine. L’occupation allemande, au cours de la Seconde Guerre mondiale, mit malheureusement fin à son mandat pour des préjugés de couleur. Il entra dans la Résistance avant d’être arrêté puis déporté à Buchenwald en 1944.

Rendez-vous avec l’heure qui blesse, c’est le destin historique d’un homme simple, plein de tendresse et de compassion, d’un homme devenu un héros national ; c’est le destin d’un homme emblématique de la condition humaine qui a inspiré ce roman où l’Histoire le dispute à l’émotion.

Je la voulais lointaine

Actes Sud - 2012

Petit-fils de féticheur, Africain de culture animiste, Obama, le narrateur de ce livre, l’enfant au nom d’oiseau, a refusé l’héritage que son aïeul lui a laissé au seuil de sa mort. De ce sac totémique transmis comme un oracle il s’est immédiatement débarrassé sans même l’ouvrir. Après avoir enterré l’objet quelque part au pied d’un oranger, Obama a quitté le continent africain en acceptant avec un bonheur immense l’opportunité de poursuivre ses études en France et tout particulièrement à Strasbourg. Ce livre est le récit poétique de sa vie, heureuse mais inaccomplie. Car il est impossible d’anéantir l’empreinte invisible des origines : les ravissements de l’être ne se trouvent pas forcément dans la lumière. Ainsi, Obama, devenu professeur de philosophie, éprouve-t-il le besoin de rentrer chez lui, juste le temps de retrouver le sac totémique de son grand-père, de revoir sa mère et d’habiter enfin son être africain même si chaque vie est une légende.