Portraits

EP Jacobs : Blake ou Mortimer

Francis Gillery (Artline films, 2006, 52’)

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EP Jacobs
D.R.

« Big Ben vient de sonner une heure du matin. Londres, la gigantesque capitale de l’Empire britannique, s’étend vaste comme une province, sous la plus qui tombe obstinément depuis la veille. Sur le fond du ciel sombre la Tour de Londres, cœur de la "City", découpe sa dure silhouette médiévale… »

La Marque Jaune, souvent présentée comme le chef-d’œuvre de Jacobs, s’ouvre sur un grand travelling aérien. Le lecteur s’enfonce dans l’atmosphère sépulcrale que distille une narration toute littéraire. Le voici happé par une intrigue menée tambour battant, un thriller de science-fiction au décor fascinant. Quelques ingrédients du style Jacobs, empruntant au cinéma ses angles et ses cadrages, au roman ses descriptions et ses personnages, à la bande dessinée l’art de la ligne claire.

Le cinéma le lui rend bien : adaptée par le réalisateur James Huth, la Marque Jaune sortira dans les salles françaises en octobre 2004, suivant de près la parution du second volume des dernières aventures de Blake et Mortimer, Le Sarcophage du 6ème continent. Jacobs sera sous les feux de la rampe toute l’année, bien au-delà de l’anniversaire du 30 mars et des événements qui lui sont consacrés à cette occasion au Musée de l’homme, au festival d’Angoulême et au Centre belge de la BD. « L’année Jacobs » se terminera en point d’orgue au mois de novembre. Lors d’une cérémonie en grande pompe à l’Académie royale de Belgique, la bande dessinée sera élevée au rang d’art littéraire, en l’honneur de la mémoire de l’auteur de la Marque Jaune.

L’univers de E. P. Jacobs est devenu très familier du grand public, comme en témoigne l’accueil triomphal réservé aux nouveaux Blake et Mortimer et les campagnes de marketing tous azimuts qui ont accompagné leur parution. Cependant Jacobs reste un illustre inconnu, retranché dans l’ombre de ses personnages. A travers lui, pourtant, vit tout un pan d’histoire de la bande dessinée, s’exprime une technique unique et originale, et se manifeste un talent incomparable de conteur, méticuleux dans son respect du détail et son souci de vraisemblance.

EP Jacobs : Blake ou Mortimer
D.R.

L’ambition de ce documentaire n’est pas la seule biographie d’un auteur, fut-il de bande dessinée, mais une plongée dans l’imaginaire de Jacobs, à la rencontre d’une personnalité forte et de ses sources d’inspiration. Jacobs trouvait le merveilleux à portée de main, dans son Brabant wallon du Bois des Pauvres, dans sa riche correspondance avec des grands voyageurs, des égyptologues et autres scientifiques, dans le capharnaüm de sa maison de campagne. De ces décors ordinaires jaillit l’extraordinaire à la source d’une œuvre bouillonnante, ouverte sur le monde et ses fulgurances technologiques (Le Secret de l’Espadon, SOS Météores, Les 3 Formules du professeur Sato…), mais aussi inspirée par son passé spectaculaire et intriguant (Le Piège Diabolique) et par ses mythes les plus anciens (L’Enigme de l’Atlantide).

Diffusion le lundi 12 mai à 10h00 au Chateaubriand