Faut pas rêver : Badolato, capitale du Kurdistan

(Agnieszka Ziarek et Frédéric Vassort, Mano à Mano, 2001, 13’)

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Le 27 décembre 1997, un vieux bateau russe s’échoue sur une côte méditerranéenne. A son bord, 800 hommes, femmes et enfants, tous kurdes. Ils ont quitté la Turquie sans destination précise en espérant simplement un avenir meilleur. Cet avenir il commence ici à Badolato, un petit village accroché aux montagnes de Calabre tout au sud de l’Italie, une terre pauvre où l’on cultive les oliviers, un village déserté par la jeunesse partie travailler dans le nord, seuls demeurent les vieux, 600 habitants à peine, ils étaient plus de 7000 il y a seulement 30 ans. Lorsque les réfugiés kurdes arrivent en pleine nuit, sur la place du village, escortés par les gardes-côtes, on les accueille à bras ouvert. Aujourd’hui, ils sont encore une soixantaine à arpenter les ruelles du vieux village en attendant on ne sait plus trop quoi. Les aides promises par la communauté européenne ont du mal à arriver à Badolato, et les travaux saisonniers dans les orangeraies ou oliveraies ne suffisent pas à nourrir ces hommes, ces femmes et leurs enfants. L’école du village accueille tous les enfants dans une seule et même classe. Au bout de 3 ans les petits kurdes ont beaucoup d’amis Italiens. A Badolato, on partage le peu de travail qu’il y a. Entraide et solidarité, deux mots que l’on a tendance à oublier dans la forteresse Europe. Ces mots ont trouvé un sens à Badolato.