J. S. Alexis, "L’Espace d’un Cillement" (1959)

L’Espace d’un Cillement de J.S. Alexis (1959), Gallimard, (1986, L’Imaginaire n° 114)

À Port-au-Prince, au « Sensation bar », la Niña Estrellita, jeune prostituée d’origine cubaine, exerce ses charmes. Elle va rencontrer un homme, El Caucho, mécanicien en moteurs de bateaux sur le chantier du port, syndicaliste, qui va changer le cours de sa vie. Cette courte rencontre, échelonnée tout au long de la Semaine Sainte, interprétée sur le thème multiple de la percep¬tion sensorielle, s’amplifie jusqu’à offrir une improvisation de portée initiatique : la découverte de soi par la magie de la vue, de l’odorat, de l’ouïe, du goût et du toucher, sens qui s’épa¬nouissent jusqu’à en faire apparaître un sixième car ils s’enrichissent sans cesse de leur reflet chez l’autre, l’être aimé. Révélation mutuelle, car El Caucho saura aussi, un instant, s’émerveiller de redevenir Rafaël, adolescent cubain ébloui dans une mer orange de soucis juste épanouis. Mais le grand choc sera, pour la Niña, de se redécouvrir Eglantina et de repartir sur le chemin de la vie, un autre chemin pour une autre vie, métamor¬phose qu’elle assume par un apprentissage solitaire d’une liberté trop soudain révélée.