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KADDOUR Hédi

Tunisie

Waltenberg (Gallimard, 2005)

Hédi KADDOUR
©C. Hélie Gallimard

Né à Tunis en 1945, Hédi Kaddour a vécu l’essentiel de sa jeunesse en France. Il est agrégé de Lettres Modernes. Depuis 1984, il enseigne la littérature française et la dramaturgie à l’Ecole Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines (Lyon). Il est l’auteur de trois recueils de poèmes, d’un livre d’essais littéraires et de plusieurs traductions (de l’allemand, de l’anglais et de l’arabe). Waltenberg, son premier roman, a été l’une des révélations de la rentrée littéraire de l’automne 2005, qui a obtenu le Prix du Premier Roman 2005. Une oeuvre d’une qualité littéraire remarquable, qui demande temps et patience.


Bibliographie :

  • Savoir vivre (Gallimard, 2010)
  • Waltenberg (Gallimard, 2005)
  • Passage au Luxembourg (Gallimard, 2000)
  • Jamais une ombre simple (Gallimard, 1994)
  • La Fin des vendanges (Gallimard, 1989)
  • L’émotion impossible (Le Temps qu’il fait, 1994)

Présentation de Savoir-Vivre

C’est une histoire vraie, celle d’un homme de guerre et d’une femme seule. Elle s’est passée en Angleterre, au cours des années 1920. À l’époque, elle a fait cinq colonnes à la une dans la presse, puis elle a disparu. J’ai pensé qu’elle valait la peine d’être racontée dans un roman.
Ils déambulaient dans Londres. Lena préparait une série de récitals et il lui fallait s’aérer deux heures par jour. Max aimait se promener avec elle, mais pas trop longtemps. Elle marchait comme dans ses collines du Montana, et au bout d’un moment la cheville gauche de Max criait misère. Lena le savait. Mais elle affirmait que s’il ne voulait pas rester à côté d’elle c’était parce qu’elle était plus grande que lui, M. Max Goffard n’était qu’un petit mâle. Lena n’ajoutait pas « orgueilleux ». Elle regardait avec affection ce Français au visage rond et aux oreilles décollées qui savait la faire rire, elle aimait le provoquer parce qu’il devenait alors de plus en plus drôle, elle répétait « petit mâle », et Max se mettait à penser qu’on pouvait penser de lui qu’il était orgueilleux et ça le mettait en colère. Et Lena parlait d’une colère de petit mâle. Elle avait du brillant dans les yeux.
Cet après-midi-là, un long cortège défilait dans Whitehall, et les empêchait de traverser. En voyant l’homme qui marchait en tête, Max a tout de suite pensé : « De l’allure ! »
[…] Ils venaient de Trafalgar Square : casquettes populaires ou melons, casquettes d’officiers, brochettes de décorations, manchots, béquillards, petits tricycles d’invalides, aveugles tenant des manchots par l’épaule : que des combattants, visages tendus.
C’était étrange, ces hommes avaient gagné une guerre, et ils avaient la mâchoire serrée de ceux qui veulent une revanche.

Résumé de Waltenberg :

Un homme rêve de retrouver une femme qu’il a aimée. Un maître espion cherche à recruter une taupe. Leurs chemins se croisent. Cela s’est passé au XXe siècle.
Le premier roman d’un poète et professeur de littérature d’origine tunisienne. Un imposant survol du siècle passé, de 1914 à 1991, vu à travers un groupe restreint de personnages : une cantatrice qui traîne les coeurs derrière elle, un écrivain allemand, un journaliste français et, pour les générations suivantes, un maître-espion est-allemand et une taupe française. Un livre d’accès difficile, qui fait fi de la chronologie, recourt volontiers au monologue intérieur et abonde en digressions de toutes sortes, mais qui est d’une richesse narrative et informative qui coupe le souffle : politique et espionnage, mais aussi littérature, musique, philosophie (des personnages célèbres apparaissent, sous leur vrai nom ou sous un léger déguisement). Une oeuvre d’une qualité littéraire remarquable, qui demande temps et patience.

Waltenberg

Gallimard - 2005

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