L’Empire des Montagnes

(Karel Prokop, ARTE France, Constance Films, Boyard Production, NMO, 2001, 51’)

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Série « Les Empires de l’Asie Centrale »

Décrit par Kessel dans "Les cavalier", le bozkachi est une sorte de polo violent pratiqué en Asie Centrale


À 4 500 mètres dans les montagnes kirghizes, d’énormes engins débitent en tranches des pics enneigés pour en extraire des tonnes d’or. Des lingots, coulés sur place dans une usine ultra moderne, partent, de nuit, sous bonne garde, vers une destination inconnue...

Des hommes qui y travaillent dans des conditions rudes se considèrent pourtant comme des privilégiés : ils ont un bon "job" et un salaire qui tombe régulièrement.

La majorité de Kirghizes d’aujourd’hui ne peut pas en dire autant.

Sans que le pays soit menacé par la famine comme le Turkménistan ou le Tadjikistan voisin, les gens des vallées ne mangent pas toujours à leur faim.

A l’opposé, comme dans toute l’ex Union Soviétique, des fortunes plus ou moins avouées ont vu le jour pendant la période de l’écroulement de l’empire soviétique.

A Bichkek, la capitale, le film va nous faire rencontrer l’un de ces personnages mystérieux, proche du pouvoir et vivant dans un luxe tout occidental. On ne sera pas surpris d’apprendre qu’il voue une véritable admiration à Michael Gorbatchev, à qui il a même érigé une statue dorée dans son jardin, alors que la majorité de ses compatriotes vouent le dernier président de l’URSS aux gémonies comme le fossoyeur de l’Union.

Après le Kirghizistan, pays, qui a su éviter les horreurs d’une guerre civile, nous
allons découvrir l’autre pays de l’Empire des Montagnes, le Tadjikistan, qu’une
guerre civile fratricide a déchiré pendant cinq ans, causant la perte de plusieurs dizaines de milliers de vies. Une grande partie de son territoire, le Haut Badakhshan, est située sur le Pamir, le Toit du monde. Empruntant les routes de montagnes où passent, de nuit, les armes, la drogue, et les combattants de l’Islam entraînés en Afghanistan, nous allons traverser la frontière tadjiko afghane, gardée par les soldats de l’Armée Russe, pour pénétrer dans un autre royaume de montagnes, mystérieux et inconnu : La Vallée de Wakhan en Afghanistan. A 4000 mètres d’altitude, cet espace immense est contrôlé – théoriquement - par l’Alliance du Nord. En réalité, en cet an 2000, il n’appartient à personne.

C’est le pays des Kirghizes du Pamir, les derniers vrais nomades de l’Asie Centrale.
Leurs aïeux avaient été chassés de leur patrie par la répression russe, puis soviétique.

Ces réfugiés du Toit du monde ont dû s’adapter à des conditions de vie d’une dureté inimaginables. Froid, faim, maladies, manque de soins et d’hygiène font que ces hommes et ces femmes vivent, survivent selon la mode ancestrale dans l’un des univers les plus hostiles de la planète. Pourtant, leurs chefs déclarent ne pas vouloir le quitter.

Est-ce pour pouvoir encore aujourd’hui galoper sur leurs superbes chevaux, se battre pour une carcasse de mouton lors des "boskatchi" ?

Peut-être est-ce parce qu’il n’y a que là-bas, dans ce no man’s land politique, trop haut pour installer une garnison, trop éloigné pour établir une administration, que l’on peut vivre libre, aujourd’hui, en Asie Centrale...