Invités depuis 1990

LEFÈVRE David

France
© David LEFÈVRE

Né à Fougères en 1973, David Lefèvre interrompt ses études à 20 ans après une licence d’histoire-géographie. Après avoir travaillé un an comme gestionnaire dans une grande entreprise d’électronique, il boucle son sac avec l’idée d’aller chercher son université sur les routes. Un premier départ le conduit en Amérique du Nord. Après une traversée coast to coast des États-Unis, il randonne dans de nombreux parcs nationaux. Il parcourt notamment une partie de l’Arizona en compagnie d’un sculpteur de kashinas hopi qui cherche des racines de cotton wood dans les sables. En octobre 1994, il se rend au Mexique, dans la région du Chiapas alors en plein soulèvement zapatiste. Il côtoie les Indiens tzotzil en lutte contre le gouvernement central pour la défense de leurs droits. De retour à New York, il se retrouve sans argent et convoie des véhicules. Il parcourt plusieurs régions de France au rythme saisonnier des cueillettes et des récoltes de fruits (vignes dans le Beaujolais, pommes en Corrèze, mirabelles en Lorraine).
Il alterne ensuite divers petits boulots alimentaires dans l’idée de se frotter à la réalité précaire d’un monde pénible (opérateur sur presses à emboutir, peintre, chauffeur livreur) et des séjours en Asie (Turquie, Iran, Syrie, Ouzbékistan, Kirghizistan, Chine, Pakistan, Népal, Inde, Thaïlande, Malaisie). Il randonne en solitaire en Anatolie, au Rajasthan, dans le désert iranien du Dasht-e Kevir, réalise des treks classiques au Népal et excursionne sur d’anciens sentiers muletiers dans les monts Deosai, au nord du Pakistan. Une rencontre avec les aigliers des contreforts des Tian Shan constitue une autre expérience marquante.

En 2003, David Lefèvre se rend en Irlande sur les traces de Nicolas Bouvier qui y avait séjourné presque vingt plus tôt. Sur l’île d’Inishmore, il rencontre les deux personnages principaux du Journal d’Aran et recueille leurs souvenirs. Il se rend ensuite à la Bibliothèque publique de Genève et, sous l’égide d’Éliane Bouvier, explore les archives manuscrites et iconographiques de l’écrivain suisse. Cette escapade irlandaise associée à ce travail de recherche donne naissance à l’écriture d’un essai intitulé Dans le sillage d’un saumon genevois remontant à ses sources, qui sera publié dans la prestigieuse revue Europe en 2007. Auparavant, un autre séjour à Genève avait donné naissance à l’exposition Nicolas Bouvier, flâneur planétaire donnant à connaître à un large public le parcours multiple et l’œuvre de l’auteur genevois. Cette réalisation itinérante, toujours active à ce jour, a été régulièrement présentée dans divers espaces culturels, événements ponctuels et festivals à travers la France tels que les festivals Étonnants Voyageurs de Saint-Malo ou Artisans voyageurs à Angers.

Parallèlement, David Lefèvre continue à alterner voyages au long cours et sédentarité. Il exerce alors divers métiers. Il est initié aux techniques de la photographie à Udaipur, en Inde. Il est cuisinier en Angleterre et en Allemagne, barman puis berger en Irlande. Il commerce des pierres semi-précieuses.
De plus en plus attiré par les grands espaces, en 2003, il effectue un premier voyage en Amérique du Sud, au cours duquel il marche deux semaines dans les salars du Nord argentin et traverse le désert d’Atacama, au Chili, jusqu’à la côte Pacifique. En 2004, il se livre à une ascension du volcan Sajama, qui culmine à 6 542 mètres en Bolivie.
Entre 2005 et 2010, son attirance affirmée pour les forêts et les steppes argentines le pousse vers la Patagonie, où il effectue plusieurs séjours de trois à six mois. Depuis 2010, il réside au Chili, où il exerce d’abord une activité de photographe. Installé au bord d’un lac de l’île de Chiloé, dans une région où la nature demeure intacte, il s’adonne à une vie frugale proche de l’autosubsistance. Il s’interroge notamment sur les limites du concept de pauvreté volontaire. C’est une expérience propice à la réflexion, à la contemplation et donc à l’écriture. Parmi ses engagements, il entend sensibiliser le public aux dangers d’un projet de mégacentrales hydroélectriques par des entreprises privées sur les deux principaux fleuves de la Patagonie chilienne.

Dans ses récits, David Lefèvre aime faire office de cueilleur de mémoire. Il privilégie l’enquête, le témoignage et, en particulier, la parole donnée aux anonymes.


Bibliographie :

  • Le Galop du vent sous le ciel infini. Chroniques des terres australes (Le Passeur Éditeur, 2016)
  • Solitudes australes (Transboréal, 2012)

Le Galop du vent sous le ciel infini. Chroniques des terres australes

Le Passeur Éditeur - 2016

Le premier voyage de David Lefèvre vers la Patagonie a eu lieu en 2003 à Buenos Aires, et il n’a jamais véritablement pris fin. Au point que ce jeune homme s’est installé dans ses marges, sur l’île de Chiloé, où il est allé vivre au cœur de la nature.
Le Galop du vent sous le ciel infini est un ouvrage aux accents multiples où le récit se mêle à l’essai, la réflexion à l’hommage poétique. Il révèle une Patagonie méconnue, intime, par-delà les clichés, une Patagonie qui rend hommage aux hommes, ceux d’aujourd’hui et d’hier, qui font la singularité de ce monde tout de vent, de mystère et de rencontres improbables.
L’auteur a découvert la Patagonie dans les livres, à une époque où l’appel du large mûrissait en lui, et il cherche à comprendre pourquoi cette terre de mythes et d’aventures a été de tout temps l’objet d’une attirance énigmatique.
Il relate aussi bien la fuite épique du croiseur allemand Dresden, pourchassé par la marine de guerre anglaise dans les canaux de Patagonie en 1914, qu’une enquête sur les traces du marin Charley Milward, le parent éloigné de l’écrivain Bruce Chatwin, source d’inspiration pour l’écrivain. Ailleurs, le ciel, la pluie, le vent deviennent les personnages d’une aventure poétique et l’on croise des hommes hors du commun dont les vies sont dignes des meilleures romans.

Solitudes australes

Solitudes australes

Transboréal - 2012

Lorsque David Lefèvre se retire seul dans une cabane au cœur de l’île de Chiloé, au Chili, son projet est simple : vivre une existence frugale et authentique, en harmonie avec les éléments. Au fil des saisons, il s’ancre entre lac et forêt, travaille la terre et retrouve le goût des tâches manuelles, de la pêche à la cueillette en passant par la charpenterie. Entre deux corvées de bois, le voyageur devenu sédentaire s’interroge sur son rapport au monde. Et si le bonheur consistait à se contenter de l’essentiel, en marge de la société consumériste ? La beauté et l’intensité de la vie sauvage deviennent une source inépuisable d’émerveillement. Le temps qui s’égrène, plus dense, consacre chaque geste, et de la solitude jaillit une ivresse qui demeure. Le récit de cette expérience, dans la pure tradition du nature-writing, est à la fois un hymne au Grand Dehors et une envoûtante méditation intérieure.