À bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d’Haïti où elle espère retrouver les traces d’un père qu’elle a à peine connu et éclaircir l’énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu’il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l’expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d’un véritable territoire de l’altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l’humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d’Anaïse et de son complice en exactions, le “colonel” – tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie –, cherchent à s’octroyer un monde qui appartient à tous.
Dans ce roman qui prône un exercice inédit de la justice et une fraternité sensible entre les hommes sous l’égide de la question : “Quel usage faut-il faire de sa présence au monde ?”, Lyonel Trouillot, au sommet de son art, interroge le hasard des destinées qui vous font naître blanc ou noir, puissant ou misérable, ici ou ailleurs – au Nord ou au Sud. S’il est vrai qu’on est toujours “l’autre de quelqu’un”, comment et avec qui se lier, comment construire son vivre-ensemble sinon par le geste – plus que jamais indispensable en des temps égarés – d’accueillir, de comprendre ?
Revue de presse
- "Là où agit l’utopie" L’HUMANITÉ, Jean-Claude Le Brun « Le « réalisme magique » haïtien, dont Lyonel Trouillot est l’un des plus talentueux représentants, trouve ici un nouveau terrain à sa mesure. Non seulement il interroge, mais il désigne un possible chemin. »
- "Trouillot fout la trouille" NOUVEL OBS, Grégoire Leménager « En réfutant l’humanisme béat qui prétend gommer les différences entre les êtres, Trouillot utilise la parole pour les rapprocher autant qu’il est possible. Et rend ainsi le lecteur complice de ses personnages en envisageant, à la fois, la cruauté et la bonté des hommes. »
- "Lyonel Trouillot, écrivain de la colère" JEUNE AFRIQUE, Tshitenge Lubabu M.K. « Dans sa quête d’homme et d’écrivain, maniant une écriture dense et poétique, il se révèle comme un véritable maître de la parole dont l’ambition, la seule, est de rendre la complexité de son île. »
- « Je suis suffoqué par le beau roman de Lyonel Trouillot... » AFRICULTURES, Ernest Pépin « C’est Anse-à-Fôleur ! C’est Haïti et ça ne l’est pas ! C’est la vie ! C’est un rideau levé sur le sens de la ronde humaine. (...) La Belle Amour humaine n’est pas seulement un roman haïtien, c’est une fable universelle ! À cela se mesure l’écrivain. »