La forêt

Je lui ai pris la main et je l’ai suivi.Le plan de Jo était risqué, c’était une totale effraction. Pour cette action, nous avions beaucoup de choses à prévoir. Comme changer de prénom, alors oui c’est bien mignon les prénoms miteux venant du grand cercle Hollywoodien, mais nos parents avaient à mon avis pris une bonne dose de drogue la veille de notre naissance, en regardant Beverly Hills ou Friends, bref une bonne grosse connerie américaine. Nous avons donc réfléchi et ce qui était le plus cohérent avec l’idée de Jo était de nous donner des prénoms biblique comme Joseph... Bill correspond désormais à Pierre, Madyson s’était transformée en Jeanne et moi en Madeleine.
Ne vous inquiétez pas, vous saurez pourquoi nous avons choisi ces prénoms bien assez tôt. C’est aller si vite. Le soir quand nous sommes rentrés chez nous, nous avions tous quelque chose à faire. Pierre voulait se la jouer artiste libre dès le début, donc nous lui avons laissé le loisir de s’exprimer à travers l’écriture sur drap. Là où nous allions, on pensait y rester un petit moment et comme le père de Jeanne possède une petite supérette, nous nous sommes tous dit que cette fois c’est elle qui nous nourrirait.C’est moi qui avais la tâche la plus importante, je le compris grâce au regard que m’a lancé Joseph quand il expliqua son plan. Vers 22 heures, les quatre résistants ainsi que moi arrivâmes sur l’endroit du délit. Tout le monde avait fait son boulot. Nous étions des « résistants » ; à chaque fois que Jo balançait ce mot pour nous qualifier, nous éclations de rire car on avait l’impression d’être des gentils Jedis qui font la guerre pour le bien, bref on se croyait dans Star Wars quoi ... Moi ça me faisait un peu moins rire que tous les autres car j’avais peur de cette idée. 

  • S’accrocher à la Forêt, quelle idée soupirai-je ... 
    Maintenant on passe à l’action ! dit Jo d’un ton décidé. Nous avions accroché une banderole qui cachait désormais la surplombante rosace de la reine parisienne. Nous l’avons ensuite retirée pour que personne ne la voie avant le moment fatidique. Au bout d’un temps, nous avons fait des essais sonores pour le lendemain. Il fallait qu’on entende les déclarations de Jo. On avait prévu de passer à l’action dans la matinée quand il y aurait un maximum de personnes dans les rues pour nous écouter. Je pense que vous l’aviez compris, nous ne sommes pas dans une simple forêt, nous sommes dans la charpente de Notre Dame. Comment nous étions rentrés, c’était là ma tâche. Mon père travaillait sur le chantier de la déesse. Et j’avais donc dû voler les clefs de celui-ci. Je sais, c’était très irresponsable mais je n’avais pas le choix. Il se faisait tard, alors Jeanne sortit les provisions volées de son sac à dos violet, nous mangeâmes, le silence se fit, on était stressé malgré le calme. On a tous fini par s’endormir. On dormait tranquille, dans le creux de ces arbres auxquels nous étions accrochés. On pouvait presque les entendre respirer. Les arbres, nous, on les trouvait beaux, on disait même qu’ils étaient comparables à la cathédrale. Le lendemain au réveil, on s’est levé d’un pas décidé. On allait enfin dire ce que l’on pensait. Nous avons branché les enceintes ainsi que les micros pour la générale, ensuite la réinstallation de la banderole dût se faire rapidement. Sur celle-ci était inscrit : « Avant de reconstruire la maison, prenons soin du jardin. » Nous avons fait un clin d’ail aux petits messages Twitter du président américain en faisant attention de ne pas dépasser les 140 caractères, merci de votre compréhension ... Aux alentours de 9 heures le soleil se leva, les gens qui marchaient sur les quais ne manquèrent pas de remarquer la banderole et son inscription qui était posée sur la rosace. Tout le monde s’arrêta net interloqué, les journalistes accoururent par dizaines. Jo avait écrit son discours toute la nuit, nous le soutenions comme s’ il allait faire une compétition de boxe. On resserra nos liens avec la Forêt. Jo prit la corde et se la mit autour du cou. On l’ignorait mais on apprit peu de temps après que Joseph était suicidaire. Il prit la parole : 
  • « Trouvez-vous ça normal ? 
    En Mai 2019 nous avons vu tomber un monument, certes c’est culturel, c’est notre patrimoine, mais la planète est notre habitat, elle nous a fait, elle nous a réunis et nous la battons à mort. » Les personnes qui écoutaient Jo ne le voyaient pas, mais sa voix surplombante et colérique frappait dans le cœur des hommes et des femmes d’en bas. 
  • « Trouvez-vous ça normal ? 
    Le chef d’état nous promet que dans cinq ans la cathédrale de Paris sera rénovée et bonne pour refaire des messes. Pour la planète, les chefs d’états se font une petite réunion tranquille et à la fin de la réunion ils se disent :
    « Bon bah à dans cinq ans on verra si elle s’est encore réchauffée. Allez salut. »
    Autrement dit, les présidents passent et la Terre trépasse. Franchement je vais pas vous apprendre votre métier. 
    Trouvez-vous ça normal ? Mettre au pouvoir de la plus grande puissance du monde un homme qui n’a pas d’idée et qui fait empirer le monde dans lequel nous sommes.Le seul truc qu’il sait faire c’est jouer avec son téléphone et se moquer des autres sur les réseaux sociaux. Hey faudrait peut-être réagir les USA c’est pas une garderie. Non mais ça c’est plus possible, ne mets pas un adulte en train de faire sa crise d’adolescence au pouvoir d’un état puissant. Pour vous aider un peu à faire le premier pas j’ai une solution :
    Si les chefs d’états ne se mettent pas d’accord pour sauver la planète, Je saute !
    Je suppose que vous n’avez pas envie de retrouver un pendu dans la maison de Dieu, par contre je suis gentil je vous laisse le temps, mais le plus tôt sera le mieux. Et oui c’est du chantage mais bon vous avez l’air d’apprécier les jeux de gamins donc je vais pas me gêner. A ces mots, les journalistes ainsi que les policiers montèrent le plus vite possible dans la charpente de la cathédrale, ils arrivèrent. Jo ainsi que nous, étions à l’écran. Jo plongea sa main dans sa poche, un policier croyant qu’il allait sortir une grenade appuya sur la gâchette. Jo tomba pendu avec la chose qu’il avait dans la main, celle-ci roula jusqu’ aux pieds du policier qui l’avait tué : Ce n’était qu’une pomme mais il ne savait pas.