La nouvelle d’une classe de 1ère du lycée professionnel Odilon Redon de Pauillac

Celle-ci n’a pu être acceptée car elle est le fruit d’un travail collectif
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La peau de l’autre , écrit par Chein Yohan, Curel Maxime, Danthez Dylan, El Hout Zacaria, Goguery Nathan, Holz Christopher, Morillon Alexandre, Seguin Nicolas, Vaincot Benjamin et Vaincot Florian (publié en l’état).

Bob, un jeune homme âgé de 17 ans habite dans un petit logement insalubre de Lesparre –Médoc avec ses parents et sa grand-mère. Il est très réservé. Son père est routier toujours sur les routes et ne rentre que le week-end et sa mère travaille comme femme de ménage dans plusieurs maisons de retraite. Quand il rentre du lycée il se retrouve seul, ou presque car sa grand-mère est là, invisible, silencieuse et son grand-père est décédé depuis son enfance. Après une dure journée et un début de soirée très compliqué, Bob se vide la tête en jouant aux échecs avec sa mère. Bob malheureux par le manque et la distance de son père, voudrait passer plus de temps avec lui.
Etudiant en baccalauréat scientifique au lycée Odilon Redon, Bob est d’une corpulence moyenne, il est de grande taille et n’est pas indifférent aux autres lycéens. Plus tard, Bob souhaite continuer ses études et devenir chirurgien au CHU de Bordeaux. Bob s’accrochant à son rêve passe sa grande partie de journée et de soirée à réviser sans cesse. Passionné par les échecs, Bob fut sélectionné pour le championnat de France et termina 5eme de son concours après avoir battu l’ex champion de France 2015. Au début de l’année il s’est inscrit au club échecs.
C’était un matin comme tous les autres, Bob apprend que de 8 heures à 10 heures il n’a pas cours. Bob ne sait pas quoi faire. Il part alors au club d’échecs pour se distraire, et comme tous les autres jours, il joue seul. Mais aujourd’hui la vie de Bob va changer radicalement : une fille vient vers lui, elle est de couleur noire chocolat, vive, de physique elle a vraiment tout pour plaire, elle est grande, élancée, les yeux d’un vert magnifique, les cheveux faits de toutes petites tresses. Bob n’a jamais vu une fille aussi jolie que la demoiselle. Elle s’assoit à coté de Bob, le regarde avec un petit sourire en coin, puis à la grande stupéfaction de Bob cette fille commence à jouer avec le jeune homme, qu’il est. Ils font connaissance, la jeune demoiselle s’appelle Linda. Ils commencent à dialoguer :
- Depuis combien de temps tu joues au échec ? dit Linda.
- Je joue depuis que mes parents me répètent toujours les mêmes choses.
- Oh c’est cool, moi c’est mon père qui m’a appris à jouer. Tes parents ils te répètent quoi ?
- Qu’il faut que je me méfie des personnes noires…
Linda regarde Bob dans les yeux pendant pas loin de 5 minutes, se lève et part. Linda est dégoûtée du comportement de Bob, elle est blessée au plus profond d’elle, la jeune fille pleure. Elle décide d’aller fumer une cigarette pour évacuer le stress.
Linda, une lycéenne de 17 ans d’origine brésilienne parle mal le français. Elle veut faire ses études littéraires en France pour mieux parler la langue. Elle est arrivée en milieu d’année au lycée Odilon Redon de Lesparre, ville où elle va habiter jusqu’à la fin de ses études. Dans son nouveau lycée, elle s’est présentée devant toute la classe la boule au ventre. Elle s’inscrit au club d’échecs, jeu qui la passionne. Elle a participé au championnat de France d’échecs où elle a fini 6eme et où elle a aperçu une personne de son lycée. Pour pouvoir acheter des paquets de cigarette et une voiture, elle travaille à la bibliothèque municipale. Son père est boulanger, il se lève très tôt pour préparer la pâte, sa mère est secrétaire dans l’immobilier. Linda travaille très dure pour réaliser son rêve d’être écrivain.

Bob décide d’aller au cinéma pour se changer les idées. Il regarde un film mêlant drame et érotisme, un film intéressant qui ne lui déplaît point. La porte de la salle de cinéma s’ouvre, il se retourne mais ne voit rien, une seule place reste disponible, celle juste à côté de lui. Une femme s’assoit à côté de lui, il la regarde mais ne la reconnait pas sur le moment. Après quelques minutes, il lui demande :
- Etes-vous Linda ?
- En effet, c’est bien moi.
Bob étant vraiment timide, il ne trouve rien de plus à lui dire. Pendant le film, Bob sent un regard sur lui. Il tourne la tête du côté de Linda pour savoir si c’est vrai ou pas. Elle tourne la tête au moment où Bob la regarde. Il fait comme s’il n’a rien remarqué et continue à regarder le film. A la fin de la séance, il se dit que si elle le regarde c’est que quelque chose se passe. A la sortie du cinéma il la voit dehors en train de fumer, il décide d’aller lui parler.
- Salut.
- Salut.
- Comment vas-tu ?
- Très bien et toi ?
- Je suis tracassé par quelques chose en ce moment. Tu sais je dois t’avouer que je ne me sens pas bien. Depuis quelque temps je n’arrive pas à m’endormir. Tous les soirs, nuit après nuit, me reviennent les images de mon enfance. Le jour où, à table, mes parents me parlent d’eux, me disent de faire attention, qu’ils ne sont pas comme nous.
Un autre jour encore je me souviens de ma grand-mère me tirant par le bras, me rapprochant d’elle comme pour me protéger de ces passants que je ne connaissais pas. Sans dire un mot elle avait inscrit en moi une certaine peur que je ne comprenais pas.
Je te dis tout cela parce que j’ai un peu honte de ne pas pouvoir m’échapper de mon enfance, d’être prisonnier de sentiments inavouables.
J’aimerais que tu me comprennes et que tu m’aides à dépasser ces émotions qui n’ont pas de sens.
J’aimerais que tu m’aides à grandir.
- Que s’est-il passé ?
- Je ne sais pas, mes parents m’ont toujours mis en garde contre les gens de couleur, cette réaction est sans doute due à un événement tragique survenu avant ma naissance. J’avais beau demandé plus d’explications, mes parents n’ont jamais accédé à ma demande.
- Je comprends mieux maintenant ta réflexion au club d’échecs. Veux-tu que je vienne avec toi chez tes parents pour avoir le fin mot de l’histoire ?
- Oui je veux bien, cela montrera à mes parents que les personnes de couleur ne sont pas des personnes méchantes.
- Pas de problème, je viendrai avec toi en espérant que ça va arranger les choses.
Bob propose à Linda de venir manger chez lui, au côté de ses parents, pour faire connaissance le soir même. Bob très inquiet de la réaction de ses parents préfère ne pas leur dire et de ramener Linda chez lui en cachette pour leur présenter. Sur le trajet Linda très angoissée par la réaction des parents de Bob n’ose pas parler et le laisse réfléchir comment l’annoncer à sa mère et à son père. Bob devant la porte demande à sa mère et à son père de venir le voir dehors pour leur présenter.
- Voici Linda, un rayon de soleil entré dans ma vie !
- Bonjour, dit le père, rentrez, ne restez pas sur le pas de la porte, on pourrait nous…, heu déranger.
- Vous êtes africaine, demande la mère, puis marmonne, certainement du peuple des assassins.

Bob entend les mots de sa mère, voit la gène de son père et aperçoit sa grand-mère qui les observe cachée derrière l’armoire de la salle à manger.
- Je n’en peux plus, je ne vous comprends pas et vous ne m’aidez pas à y voir plus clair. Vous êtes les personnes les plus douces, délicates et sensibles que je connaisse et en même temps, votre peur, votre ségrégation voire votre haine envers les noirs m’effraient. Je ne sais plus si je dois rester votre petit enfant et faire comme si je ne comprenais rien ou bien, grandir, tirer mes conclusions et vous fuir comme de la peste !
- Nous allons t’expliquer, assoyez vous ton amie et toi, dit le père. C’était un jour de pluie, il commençait à faire nuit, ton grand père était à vélo, quand tout à coup, une voiture arriva à une intersection réputée très dangereuse. Elle ne marqua pas l’arrêt obligatoire et le percuta de plein fouet. Le choc fut tellement violent que le grand père passa sous les roues de la voiture et tomba vingt mètres plus bas dans le ravin. Par chance, le grand père était toujours en vie. Dans cette voiture se trouvait un groupe de noirs qui s’arrêta pour dissimuler les traces de l’accident. Ils allèrent dans le coffre chercher une batte de baseball et un sac mortuaire. Ils descendirent « finir » le grand père en le tapant puis ils déposèrent le vieil homme dans le sac et le remontèrent pour le mettre dans le coffre de leur voiture. Les hommes décidèrent d’aller jeter le corps du défunt dans la Gironde à son embouchure. Quelques jours plus tard, à l’aube, des passants découvrirent le corps allongé sur le ventre à la plage de Montalivet. Ils alertèrent la gendarmerie qui s’aperçut que l’homme était recherché depuis quelques jours. Nous étions choqués par l’acte de barbarie commis sur ton grand père et nous comptions bien poursuivre les auteurs de ces actes devant les tribunaux. A ce moment là, la gendarmerie nous convoqua pour nous annoncer que ce groupe de noirs récidivistes était bien à l’origine du décès du grand-père. Ils nous expliquèrent aussi qu’ils n’arrivaient pas à prouver leur culpabilité. Puis ils nous mirent en garde sur la dureté du combat qui s’engageait à ce moment-là.
- Pourquoi vous ne m’avez jamais rien dit ?
- Le combat fut réellement terrible : les journaux, la population nous désignaient comme les victimes d’une société qui protégeaient des « noirs » assassins de blancs. Les partis politiques utilisaient à leur fin le décès de ton grand-père, la haine montait. Nous n’en pouvions plus, les criminels couraient toujours et le racisme ambiant était à son apogée. Nous avons décidé alors de parler. Nous avons dit que ton grand-père bien qu’il fût de peau blanche était un enfant de noirs. La haine des communautés des blancs comme des noirs s’est retournée contre nous et nous n’avons plus eu que le choix de disparaître, de craindre cette bêtise humaine qui ne comprend pas que vouloir la peau de l’autre, c’est se détruire.