La nuit blanche du film noir américain

Vauban 1, samedi de 21h à 6h

Avec le soutien du Consulat des États-Unis pour le Grand-Ouest, cette Nuit Blanche du Film Noir Américain sera dédiée à un grand réalisateur et à un grand acteur – Jules Dassin et Richard Widmark – qui viennent tous deux de mourir à deux semaines d’intervalle.
Le hasard fait qu’il existe un très grand film noir qui nous permet de les saluer tous les deux à la fois : Les Forbans de la nuit (Night and the City) de Dassin et avec Widmark !
Suivront L’enfer de la corruption (Force of evil) d’Abraham Polonsky, La griffe du passé (Out of the past) de Jacques Tourneur, Les amants de la nuit (They live by night) de Nicholas Ray et Un si doux visage (Angel face) d’Otto Preminger.
Et, sous réserve, un chef-d’œuvre rarissime qui viendrait récompenser les courageux.

Les Rhums Saint-Étienne couperont cette nuit de cocktails bien tranchants et les noctambules épuisés se verront réconfortés par un solide petit-déjeuner.

Entrée libre, réservée aux festivaliers munis de leur ticket.


Les Forbans de la nuit (Night and the City)
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Les forbans de la nuit (Night and the City, 1950, de Jules Dassin avec Richard Widmark, Gene Tierney...)

Premier tournage en Europe pour Jules Dassin (le père de Joe) et dernier volet d’une trilogie noire entamée avec Les Démons de la liberté (1947) puis La Cité sans voiles (1948). Probablement l’un de ses chefs d’oeuvre. Et assurément l’un des plus grands films noirs !

Richard Widmark dans Les Forbans de la nuit
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Londres. Un petit escroc veut organiser de grands combats de catch. Il se heurte au chef de gang qui a un contrôle absolu sur ces manifestations. Commence alors une course folle dans les bas-fonds de Londres.


L’Enfer de la corruption (Force of Evil)
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L’enfer de la corruption (Force of Evil, 1948, d’Abraham Polonsky, avec John Garfield, Marie Windsor...)

Un autre classique du genre, avec l’immense John Garfield, le Gabin du Bronx, acteur ruiné (dans tous les sens du terme) par le Maccarthysme et qui meurt à 39 ans - ses funérailles déclencheront un engouement populaire qu’Hollywood n’avait plus connu depuis Rudolph Valentino.
Avec aussi Robert Aldrich comme assistant réalisateur, le futur réalisateur des Douze Salopards (Dirty Dozen) ou de Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (What ever happened to Baby Jane ?) décrivait en ces termes L’Enfer de la corruption : "Un film étonnant, à la fois réaliste et poétique, baigné dans une ambiance typiquement juive".

John Garfield et Thomas Gomez dans l’Enfer de la corruption
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Joe Morse, un jeune avocat, devient conseiller d’un gang contrôlant les paris. Confronté à son frère, qui refuse d’entrer dans sa combine et amoureux d’une fille de la bande, il finit par se révolter et s’attaque à l’organisation.


La Griffe du passé (Out of the Past)
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La griffe du passé (Out of the past, 1947, de Jacques Tourneur, avec Robert Mitchum, Jane Greer, Kirk Douglas...)

John Garfield était pressenti pour le rôle, puis Humphrey Bogart, finalement ce fut Robert Mitchum, incandescent, à l’écran pour la première fois dans un rôle principal. Ce film marque aussi la première rencontre de deux monstres sacrés : Robert Mitchum, donc, et Kirk Douglas ! il faudra attendre vingt ans pour les retrouver ensemble dans La route de l’Ouest d’Andrew V. McLaglen (avec en prime Richard Widmark).
C’est également l’occasion pour Jacques Tourneur de retrouver l’équipe de La Féline, à savoir Nicholas Musuraca, son chef-opérateur, qui signe ici un travail fabuleux, et le compositeur Roy Webb.
La griffe du passé passe pour l’archétype même du film noir : une ambiance sublimée par la photographie, des destins tragiques, des femmes tentatrices et fatales (à tel point qu’il subit les foudres d’associations féministes à sa sortie) et une intrigue adaptée d’un roman de Daniel Mainwaring, qui signe le script du film et avouera s’être inspiré du Faucon Maltais de Dashiell Hammett.

Robert Mitchum dans La griffe du passé
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Jeff Bailey (Robert Mitchum), un détective privé, est engagé par Sterling (Kirk Douglas), un joueur professionnel, pour rechercher sa complice Kathie (Jane Greer) qui l’a trahi. Mais lorsque Bailey la retrouve, il en tombe amoureux...


Les amants de la nuit (They live by night)
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Les amants de la nuit (They live by night, 1949, de Nicholas Ray, avec Farley Granger, Cathy O’Donnell...)

Un classique de l’immense Nicholas Ray, réalisateur culte pour tous les cinéastes de la Nouvelle Vague, le critique et cinéaste Jean Douchet se souvient : "En 1949, la vision des Amants de la nuit a représenté le premier choc de ce que devenait le cinéma américain. Le cinéma classique foutait le camp, c’est un nouveau cinéma qui naissait. A partir de là, c’est devenu un de nos deux pôles, avec Rossellini : Ray, c’était le sentiment qui venait un peu compenser l’intelligence de Rossellini."
Un film à la frontière des genres, entre film noir et révolte adolescente, comme dans un autre classique La Fureur de vivre, les deux héros, amoureux épris de liberté, seront arrêtés dans leur élan vers une vie meilleure. Il se murmure que David Bowie aurait choisi son pseudo en référence à ce film...
Cathy O’Donnell et Farley Granger se retrouveront à l’écran l’année suivante, dans un film d’Anthony Mann, La rue de la mort.

Cathy O’Donnell et Farley Granger dans Les amants de la nuit
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Deux criminels endurcis, Chickamaw et T-Dub, se sont enfuis de prison avec Bowie, un jeune homme naïf. Tous trois commettent un hold-up dans une banque. Bowie, blessé, est caché et confié aux soins de la jeune Keechie dont il s’éprend. A la suite d’un nouveau hold-up, Bowie entraîne Keechie dans une fuite désespérée…


Un si doux Visage (Angel face)
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Un si doux visage (Angel face, 1952, d’Otto Preminger, avec Robert Mitchum, Jean Simmons...)

Otto Preminger, Robert Mitchum, l’association magique de Rivière sans retour, tourné deux ans plus tard.
Un script d’Oscar Millard et Frank S. Nugent, qui a signé, excusez du peu, L’homme tranquille ou La prisonnière du désert pour John Huston et Implacables pour Raoul Walsh !
Et Jean-Luc Godard qui place Un si doux visage dans sa liste des dix meilleurs films américains parlants.
On a connu pire comme références...
Un tournage éprouvant pour Jean Simmons, en froid total avec Howard Hughes le grand patron de la RKO qui décide de lui faire tourner un film en 18 jours, le contrat de l’actrice expirant au-delà. Hughes demande même à Otto Preminger de se montrer particulièrement dur avec Simmons sur le tournage. Déjà connu pour son caractère extrêmement tyrannique, Preminger ne se fera pas prier.

Jean Simmons et Robert Mitchum dans Un si doux visage
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Un ambulancier est contacté par la famille Tremayne à la suite de "l’accident" dont est victime la maîtresse de maison. Engagé comme chauffeur, il tombe sous le charme de la belle-fille de Mme Tremayne, Diane, dont le visage angélique semble cacher de noirs desseins