Le Clézio, star d'Etonnants Voyageurs

    Le Clézio, star d'Etonnants Voyageurs

      Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) De notre envoyé spécial

      Au rendez-vous en terres inconnues, Saint-Malo a chaque année son mot à dire. Dans la cité corsaire qui gonfle sur la mer ses remparts comme des pectoraux, Etonnants Voyageurs, ce festival littéraire ouvert à toutes les sensibilités du monde, fête son 25e anniversaire.

      L'un de ses créateurs, le romancier marseillais Jean-Claude Izzo, l'a quitté en 2000, parti pour une navigation éternelle. Son copirate, l'écrivain breton Michel Le Bris, tient bon la barre et le festival émarge à 60 000 visiteurs en moyenne. La manifestation s'achèvera ce soir avec, en figure de proue d'un catalogue qui réunit plus de 200 auteurs, un film et une rencontre consacrés à Jean Marie Gustave Le Clézio, Prix Nobel de littérature. Prestance de militaire, menton carré comme une barge du Débarquement, l'auteur de « Tempête * », deux nouvelles en un seul volume qui viennent de paraître chez Gallimard, est un animal à émeutes. Dès qu'il apparaît, l'auditorium du palais du Grand Large ressemble tout à coup à un mouchoir de poche. Hier, lors d'une tribune collective à laquelle il participait, les trois étages affichaient complet une heure avant.

      Un festival ultra-pointu et ultra-familial

      Ainsi va cet étonnant festival à la fois ultra-pointu et ultra-familial, où l'on croise à la bonne franquette des baroudeurs de l'écriture, tel l'Irlandais Colum McCann, qui vient pour la troisième fois, et hier à midi, dans le hall de l'Hôtel de l'Univers, un guerrier masaï et son épouse en grandes tenues. Les dédicaces se font sous des tentes où il est conseillé de se munir d'une bouteille d'eau, car la température y est montée de trois crans. Dehors, les intermittents rafraîchissent l'atmosphère en rappelant par petites touches que le navire de la culture menace toutefois d'aller à vau-l'eau. Hier, l'un des plus grands poètes français, Yvon Le Men, menacé d'avoir à rembourser ses indemnités et pour lequel le festival a initié une pétition, a lu son dernier texte, publié aux éditions Doucey. Le titre ? « En fin de droits ». Evaporés. Comme celui du livre de Thomas B. Reverdy, « les Evaporés » (Flammarion), qui a reçu le prix Joseph-Kessel, tandis que Lola Lafon remportait le prix Ouest-France pour « La petite communiste qui ne souriait jamais » (Actes Sud). Pour le reste, en attendant, tout sourit à Etonnants Voyageurs.

      * « Tempête. Deux novellas », par J.M.G. Le Clézio. Gallimard, 238 p., 19,50â?¬.