À la découverte des autre peuples

Le ciel est dans un jardin

Stéphane Breton (Les Films d’Ici, 2003, 62’)

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Longtemps, Stéphane Breton a mené une double vie : l’une à Paris, salariée et confinée ; l’autre dans une petite vallée perdue de l’Irian Jaya, en Nouvelle-Guinée, au milieu d’une tribu papoue. Or, ces voyages, l’ethnologue ne va plus pouvoir les faire. Car l’Indonésie, qui a la tutelle du territoire, y laisse de moins en moins entrer de témoins extérieurs. Dans ce film, Stéphane Breton regarde vivre ses voisins du bout du monde peut-être pour la dernière fois...

Le ciel est dans un jardin
D.R.

"Avec Le ciel dans un jardin, je reviens sur les lieux où j’ai tourné mon film précédent, Eux et moi (...). Voulant échapper au cinéma ethnographique (qui ne laisse aucune place à la contemplation) comme au reportage télévisuel (qui fabrique des sauvages à la chaîne faute de savoir nous présenter nos semblables), j’essayai dans cette comédie intimiste de faire leur portrait comme s’ils étaient mes voisins de palier. À la fin du film, une famille se rapprochait de moi en construisant sa maison près de la mienne. Nous étions enfin arrivés à des relations de bon voisinage. Le ciel dans un jardin est la poursuite de cette conversation ironique et tendre, mais sur un registre devenu nostalgique. Ils se demandaient pourquoi j’étais venu les voir et pensaient que c’était avec des intentions mercantiles (celles qu’ils avaient eux-mêmes à mon égard). Ils ont désormais accepté que je ne sois qu’un curieux, un voyageur désoeuvré. La question de ma position étant réglée, il s’agit cette fois du récit de la vie de cette famille dont je suis devenu le voisin. Ayant gagné un degré dans leur intimité, je perçois mieux la différence de nos vies. Ils n’ont rien et ils ont du temps. Nous sommes riches et nous n’en avons pas. Qu’est-ce que la vie quand le temps en est la matière première ?" (Stéphane Breton)

Le ciel est dans un jardin
D.R.