Le labyrinthe de l’amour (incipit 1)

écrit par Paola-Lili RIBEIRO, en 5ème au Collège Joliot-Curie à Tergnier (02)

Il me prit la main et m’entraîna parmi les loups. Ses yeux d’un bleu mystique m’évoquèrent un songe merveilleux : nous étions tous deux, dansant près de la mer. L’écume me caressait les pieds qui piétinaient un sable aussi doux que la soie. Peu à peu mon rêve devenait trouble et je dus quitter mon compagnon pour la réalité. Le garçon vêtu tel un taureau connaissait mieux que quiconque ce palais. Il me mena dans des couloirs secrets. Pas à pas, je découvris la richesse des stucs sur les plafonds. Le sol était recouvert de tapis en velours d’un rouge vermeil et les lustres de diamant étaient aussi grands qu’un géant. Il me caressa lentement la joue. A son doigt,je vis une bague d’or ornée de diamants. Un long silence régnait, on entendait résonner les cris de femmes qui dansaient et s’amusaient. Pour combler ce long silence je lui demandai :

– Comment te nommes- tu ?

– Je ne sais plus.

– Comment cela ? On ne peut pas oublier son prénom !m’indignai-je mais je vis dans son regard un air d’agacement : peut-être ne voulait-il pas me dire son prénom ?

Je commençai à l’interroger :

– Ton nom est-il ridicule ?Tu connais le mien il faut que nous soyons à égalité et que …

Mon camarade ne ma laissa pas finir et m’offrit un baiser pour sûrement me faire taire. J’avais bien compris le message. A peine avais-je commencé à lui dire mon mécontentement quant à son attitude qu’il me prit la main pour m’offrir une danse. Sur un air de Vivaldi nous nous balançâmes de droite à gauche, lentement. Le monde s’arrêtait pendant notre danse, les oiseaux ne chantaient plus, les horloges ne tournaient plus et les hommes ne parlaient pas. Mon cavalier me chuchota à l’oreille :

– Donne moi un nom, toi...

– Trouver un nom à quelqu’un est difficile, c’est le rôle des parents ! Hum...Je sais ! Puisque je m’appelle Europe, tu t’appelleras Minos !

De mon point de vue, je lui avais juste proposé un surnom, mais lui, prenait cela très à coeur. Je vis dans ses yeux un air enfantin comme s’ il venait de renaître à la remise d’un prénom nouveau. Minos était un très bon danseur , à l’inverse de moi qui ne cessais de lui écraser les pieds. Alors, ensemble nous parcourûmes de magnifiques labyrinthes qui nous menaient aux plus belles salles du château. Il prit d’un vase un crocus qu’il plaça dans ma chevelure. Je bousculai une femme et un homme déguisés en Esis et Thésé. A son tour, Esis bouscula d’autres personnes qui commencèrent à se battre. Une femme d’une beauté céleste vint aborder Minos. Elle était presque aussi belle qu’une déesse,la beauté pure d’Aphrodite et le regard intelligent et courageux d’Athéna. Sur ses cheveux resplendissait un diadème orné de plumes de paon. Elle était vêtue d’une légère robe verte qui lui allait à merveille .Minos lui demanda :

– Héria, que fais-tu ici ? c’est réservé aux invités prestigieux ! 

– Si être la femme d’un célèbre écrivain ce n’est pas prestigieux...rétorqua Héria méchamment.

– Europe je te présente ma fiancée, m’annonça alors mon cavalier.

Mon monde s’écroulait sous mes yeux, je fis tout pour retenir mes larmes mais ma tristesse était trop grande. Minos me murmura à l’oreille :

– Ne t’en fais pas ma chère Europe je ne l’aime guère c’est un mariage arrangé, je n’irai jamais me marier avec elle. Me crois- tu vraiment assez bête pour passer toute une vie sans courir dans l’herbe un soir de pleine lune, ou se raconter des histoires de fantômes près d’un feu ?

– Peut-être as-tu raison mais ta bague de fiançailles est encore à ton doigt, lui répondis-je sèchement.

Il jeta sa bague sur les escarpins de verre de Héria. Minos et moi nous dirigeâmes, main dans la main, vers un balcon. La nuit venait de tomber, les étoiles resplendissaient dans ses beaux yeux célestes. Mon cœur battait comme jamais. Ce soir là aucune nuée troublait le ciel, seul une immense voie lactée se présentait à nous. Les oiseaux chantaient pour nous, un soir où rien ne pourrait me déranger. Je lui déclarai :

– Minos enlève ton masque de velours que je puisse t’admirer.

– Tu ne m’aimeras plus, me répondit-il d’une voix si triste.

– Tu sais, même si tu es laid je t’aimerai, l’amour rend aveugle, lui affirmai-je d’une voix douce.

Minos retira lentement son masque. Il était si beau, ses cheveux d’or, ses yeux bleus et son sourire d’enfant faisaient toute sa beauté. Je lui demandai :

– Minos, qui es-tu ? Tu n’es pas comme les autres garçons.

– Je suis un écrivain à la recherche de nouvelles aventures à te conter. D’ailleurs, je sais déjà comment je vais appeler la prochaine.

– Comment ?

– Le labyrinthe de l ’amour

– Ca me va !

Une fois de plus sous l’agréable symphonie de quelques loups, de toutes sortes d’oiseaux et d’un chant de criquet il m’invita à danser. Je tentai de lui dire quelques mots mais au même instant Minos m’embrassa. Et ensemble nous dansâmes sur la plus belle voie lactée, entourés des plus beaux musiciens. Plus tard nous serions heureux, nous baladant sur la mer au coucher de soleil...