Le livre

Pour une littérature monde en français paraîtra en mai 2007 aux éditions Gallimard. Cet ouvrage, sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud, rassemble vingt-cinq contributions qui prolongent le débat engagé par le mlanifeste :
Eva Almassy, Stéphane Audeguy, Tahar Ben Jelloun, Maryse Condé, Ananda Devi, Chadortt Djavann, Edouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Fabienne Kanor, Danny Laferrière, Michel Layaz, Michel Le Bris, Alain Mabanckou, Wadji Mouawad, Nimrod, Anna Moï, Esther Orner, Grégoire Polet, Jean-Luc Rahaminana, Patrick Raynal, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Dai Sijié, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Gary Victor, Abdourahman Waberi.

« Les prix littéraires d’automne – et c’est la gloire des jurés – ont mis en évidence ce qu’un certain milieu confiné avait jusque là tenté de masquer. Savoir que la littérature française ne se réduisait pas à la contemplation narcissique et desséchante de son propre rétrécissement, mais que d’autres voix, venues d’ailleurs, lui ouvrait les portes du monde, y faisait souffler les nouvelles du dehors qui sans ces voix ne seraient jamais venues jusqu’à nous. Alain Mabanckou nous avait pourtant prévenu : « Pendant longtemps, ingénu, j’ai rêvé de l’intégration de la littérature francophone dans la littérature française. Avec le temps, je me suis aperçu que je me trompais d’analyse. La littérature francophone est un grand ensemble dont les tentacules enlacent plusieurs continents. La littérature française est une littérature nationale. C’est à elle d’entrer dans ce grand ensemble francophone. » Même si à vrai dire personne ne parle le francophone, ni n’écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d’étoile morte, la nostalgie d’un temps où la France se présentait comme un flambeau déversant ses lueurs sur le monde. C’est d’une constellation que nous parlons. Nous assistons à l’émergence d’une littérature de langue française, détachée de la nation avec laquelle elle a entretenu des liens stratégiques, libre désormais de tout pouvoir autre que ceux de la poésie et de l’imaginaire, et n’ayant pour frontières que celles de l’esprit. »