Le monde qui vient

Quand un monde bascule, et avec lui nos repères, qu’un autre s’annonce, dont nous ne savons rien, ce sont les artistes, les poètes, les écrivains, qui nous donnent à voir l’inconnu du monde, lui donnent un visage, nous le rendent habitable – et jamais mieux qu’en ces périodes s’affirme le besoin de fictions, le besoin de poèmes. Ces craquements qu’on dirait de plaques tectoniques frottant l’une contre l’autre, les experts les disent « crise », crise économique toujours, crise financière, appelant des mesures, techniques comme il se doit. Nous savons tous qu’il n’en est rien, que l’enjeu est plus vaste, interpelle nos valeurs : c’est d’un changement de monde qu’il s’agit.
Un récent Manifeste pour les produits de haute nécessité, co-signé par Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, rappelait que l’être humain n’est pas simplement un producteur ou un consommateur, qu’il est en lui une dimension poétique essentielle, qui fonde son humanité même, et qui fait irruption, dans ces périodes qu’on dit de « crise ». Les livres de Breyten Breytenbach et Amin Maalouf vont dans le même sens. Besoin de fictions : un débat pour les temps présents.