En juin 1958, une équipe de tournage débarque à Rio de Janeiro. Dans les quartiers pauvres accrochés aux mornes se répand la nouvelle d’un drôle de casting : on recherche de jeunes comédiens amateurs noirs. À son adaptation de la pièce de Vinícius, réécriture du mythe d’Orphée et Eurydice, Aurèle Marquant a l’intention de donner pour cadre une favela vibrante de tragédie et de joie. Projet modeste et démesuré : à Paris, il a reconnu son Eurydice en Gipsy, danseuse américaine métis. Maintenant sur place, il lui faut débuter le tournage. Eva, comédienne martiniquaise, et Norma, coiffeuse ambitieuse, seront les deux autres visages féminins ; Breno, footballeur au chômage, sera Orphée. Les décors se montent, les acteurs s’apprivoisent. L’histoire de chacun redouble les sentiments que capture la caméra d’Aurèle, tout autant accaparé par l’autre volet de son oeuvre : la musique. L’effervescence artistique autour du tournage aiguise d’autres intérêts, ceux de deux agents locaux de la CIA, qui flairent un coup à jouer en récupérant la bossa nova, mais aussi de la France de Malraux, soucieuse de se placer dans la compétition internationale que constitue le festival de Cannes.