Les mille et une voix / La musique de l’Islam

(Mahmoud Ben Mahmoud, Arte / Artline Films / Production du Sablier, Belgique, 2001, 90’)

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" Les Mille et une Voix " clôture la trilogie " Au Chœur du Sacré ". Consacrée aux musiques liturgiques, cette collection propose trois regards rappelant à l’Occident ses racines oubliées. Mahmoud Ben Mahmoud invite à découvrir la diversité des musiques de l’islam, de Dakar à Delhi, du chant soufi à la transe des derviches.

Des formes extrêmes du Sénégal, d’Égypte, d’Inde en passant par les musiques savantes de Tunisie ou de Turquie, le réalisateur Mahmoud Ben Mahmoud nous entraîne au coeur de l’univers mystique du soufisme, là où l’islam a développé le meilleur de son expression musicale. Rythmé par les fêtes du calendrier musulman, le film laisse une place importante à l’apprentissage et la transmission de cet héritage. Aujourd’hui, dans de nombreux pays musulmans, la musique lutte contre l’activisme des intégristes : la réalité politique et sociale de ces expressions artistiques est présentée dans le film.

À la différence des deux autres religions du Livre, l’islam ne comporte pas de liturgie. Au fil du temps, la pratique de l’appel à la prière est devenue l’expression de ce qui peut s’apparenter à un " office " religieux. Le film éclaire ce rituel qui est le quotidien du croyant avant d’introduire la dimension mystique du culte. On s’aperçoit alors que le soufisme prend en charge la quasi-totalité des chants et des musiques de l’islam. Si, d’après les musulmans, Moïse était " l’interlocuteur " d’Allah, Jésus " l’esprit " d’Allah, Mohammed, lui, était " l’amoureux " d’Allah. Cest pour célébrer cet amour que les soufis ont trouvé dans les formes du dhikr (invocation répétée de formules sacrées) un mode privilégié d’anéantissement de leur corps en Dieu, et dans les séances du samâ’ (l’écoute) le moyen de s’émouvoir avec Lui. Le film dévoile les niveaux successifs de cette célébration, allant toujours du plus austère vers le plus élaboré.