Les vacances du cinéaste

De Johan VAN DER KEUKEN (Lucid Eye Films/1974/39’)

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Tournebouix, un petit village dépeuplé de l’Aude. Un vieux couple confie ses souvenirs d’un autre temps - la guerre, la maladie, la mort. Le cinéaste construit son film comme un recueil d’images autonomes, qui, réunies, composent son univers mental : le bonheur familial, fragments de quelques-uns de ses films antérieurs, hommage au saxophoniste Ben Webster, deux poèmes de Remco Campert et Lucebert, un portrait du cinéaste qui lui avait appris la photographie dès l’âge de douze ans, des événements politiques de l’actualité (la chute de la dictature des Colonels en Grêce, la révolte des paysans français).

« Il y a quelque chose de thérapeutique dans l’acte de filmer. Mais il faut faire attention de ne pas s’empêcher d’aller en psychothérapie ! Le cinéma peut masquer. Il faut savoir sortir du projet de cinéma. Beaucoup d’artistes disent : "Je ne veux rien savoir de moi, ça m’ôterait ma créativité." Je crois le contraire. Quand on se sent bloqué dans son art, confronté à des choses insolubles, et je l’ai été, il faut y aller. Ma question était : comment puis-je savoir autant de choses par le cinéma tout en sachant si peu sur moi ? Finalement, je ne savais rien ou presque. Il y a des artistes qui font des choses très profondes sans jamais rien savoir d’eux-mêmes. Tout cela est assez mystérieux. » Johan van der Keuken

“Un homme part en vacances. Il filme sa famille, ses voisins, des gens de passage, un vieil homme qui bredouille, un postier à mobylette. Tout est cousu et décousu par son regard. On ne voit plus que lui alors qu’il n’apparaît jamais.” Stéphane Breton