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Nous

Grasset

Dans ce livre à la fois original et rigoureux, Tristan Garcia entreprend de rendre lisible la condition brouillée de notre « nous » ou de nos « nous ». Ces affirmations de nous-mêmes paraissent désormais correspondre à différents plans identitaires, sur lesquels nous revendiquons successivement notre appartenance à une ethnie, à une communauté de croyance, à une classe sociale ou professionnelle, à une orientation sexuelle, à une génération, sans savoir comment nous représenter le « nous des nous », dont nous relevons tous en définitive.

En ayant recours à toutes sortes de documents qui nous renseignent sur ce que nous appelons « nous », pamphlets, manifestes, journaux, textes théoriques ou chansons, l’auteur donne à entendre les mille voix qui ont prétendu parler au nom de nous : « nous les jeunes », « nous noirs », « nous blancs », « nous juifs », « nous musulmans », « nous femmes », « nous prolétaires », « nous décolonisés », « nous communistes », « nous homosexuels », « nous animaux et humains »… Tristan Garcia se montre attentif à toutes les traditions, et suspend tout jugement moral sur les contenus politiques, pour s’intéresser à la constitution d’une subjectivité politique : la détermination d’un « nous », d’un « vous », d’un « eux », le tracé de lignes entre amis et ennemis, la formation de solidarités et le creusement de fossés entre les camps.
 
Désireux de comprendre ces phénomènes plutôt que de s’en réjouir ou de les déplorer, Nous est ainsi un premier essai de vision d’ensemble de la fragmentation et de la recomposition des identités collectives. Il examine les modèles qui se sont succédés, pour mieux tenter de rendre compte de cette déconstruction, avant de proposer de reconstruire une idée et une image de ce que nous appelons « nous », qui que nous soyons.
Le livre donne ainsi très concrètement à voir le « nous » comme une superposition de calques, de plans transparents de notre imaginaire, sur lesquels nous prétendons tous découper l’espace social et nous y situer. Démontrant que ces calques de l’identité collective ont perdu leur fond, en se trouvant désolidarisés d’une nature sous-jacente, ce livre cherche à nos identités d’autres contraintes, qu’il trouve dans une dynamique d’extension et de contraction, et dans l’histoire de la domination et de la contre-domination.

Ce qui en ressort est un modèle inédit, vivant, de ce que nous sommes, de « nous », en tant que forme souple, s’étendant et se repliant sans cesse suivant une logique qu’il révèle peu à peu, au fil d’un récit construit comme une enquête palpitante. C’est aussi une tentative radicale de trouver dans la « guerre de nous contre nous » une forme universelle de subjectivité qui nous tient toujours ensemble, au moment précis où elle paraît nous déchirer.

Histoire de la souffrance II : Vie contre vie

Histoire de la souffrance II : Vie contre vie

Gallimard - 2023

« Dans le labyrinthe du temps qui passe, suis quelques-unes de ces âmes.
Ça sent, ça souffre et ça jouit, ça fait des efforts. Alors, qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient et où ça va ?
Lis, peut-être que toi, tu trouveras. »

Depuis Cordoue au XIe siècle jusqu’à l’Angleterre du XVIIIe, péripéties, imagination et érudition animent cette grande fresque romanesque, dont chacun des chapitres déploie un univers particulier, plongeant le lecteur dans une époque et des lieux différents. Sautant de siècle en siècle, de vie en vie, pour suivre la lutte d’êtres sensibles contre la souffrance, Tristan Garcia se montre un conteur plein de souffle et d’empathie.
Il écrit l’épopée d’anonymes et d’oubliés, dessine un tableau du passé pour nos yeux d’aujourd’hui et invente une forme de fantasy réaliste.

Histoire de la souffrance I : Âmes

Histoire de la souffrance I : Âmes

Gallimard - 2019

« J’ai peur de la croix. Il paraît que ce n’est pas très long, mais c’est le dernier moment, il faut le passer, et ça fait mal. J’ai peur d’avoir encore mal. Je n’ai pas le courage, et… S’il y avait quelque chose d’agréable après, mais il n’y a rien… J’ai peur que ça dure, j’ai peur d’avoir la respiration coupée, de sentir une enclume contre mes poumons. J’aimerais être mort. Je ne veux pas attendre. Je ne veux plus vivre maintenant, je voudrais que ça finisse tout de suite, sans avoir à y penser.– Tu vis. Tu ne mourras jamais. » À travers les siècles, depuis la toute première étincelle de douleur au sein d’un organisme, quatre âmes se croisent, se battent, se ratent et se retrouvent.

Successivement animales et humaines, elles voyagent au Néolithique, en Mésopotamie, à travers la Méditerranée à l’Âge de Bronze, dans la Chine ancienne des Wu, sous l’Empire romain, dans le royaume indien de Samudragupta ou au beau milieu du désert australien. Elles meurent, elles reviennent. Chacune de leurs existences est l’occasion d’un récit, petite partie d’une fresque dont le sens se dévoilera peu à peu : l’épopée des oubliés, le chant des perdants, le grand livre des êtres morts dans l’ombre. Les héros en sont des femmes, des esclaves, des lépreux, des enfants ou des bêtes dont l’esprit se souvient, oublie, génération après génération, mais progresse à l’aveugle dans les galeries du passé. Âmes est le premier tome d’une Histoire de la souffrance qui en comptera trois. C’est un projet ambitieux et désespéré de ressusciter tout ce qui a vécu, petit ou grand, rare ou nombreux, misérable ou glorieux. C’est aussi un foisonnant roman d’aventures pour notre époque, un roman multiple, décentré de l’Occident et attentif à tous les êtres. C’est enfin la légende dorée de notre monde, adressée aux temps futurs.


  • « Difficile de ne pas saluer l’ambition, la ténacité, voire le courage de Tristan Garcia. Aux sujets dans l’air du temps, qui lui auraient assuré, après La Meilleure Part des hommes (Gallimard, 2008), le statut d’écrivain sociologue commentant les soubresauts de notre époque, le romancier préfère, avec Âmes, les vies condamnées à l’oubli par l’histoire mondiale officielle et héroïque. » Le Monde
  • « Aujourd’hui, Tristan Garcia, 37 ans, illumine la rentrée avec Âmes, un roman-somme époustouflant d’ambition, premier volet d’un projet fou en trois tomes, qui entend retracer l’histoire de la souffrance à travers toute l’humanité, et au-delà. Composé comme une gigantesque épopée des miséricordieux, Âmes débute il y a 2 milliards d’années et la trilogie devrait nous entraîner jusque dans le futur. » Les Inrockuptibles

Nous

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Grasset - 2016

Dans ce livre à la fois original et rigoureux, Tristan Garcia entreprend de rendre lisible la condition brouillée de notre « nous » ou de nos « nous ». Ces affirmations de nous-mêmes paraissent désormais correspondre à différents plans identitaires, sur lesquels nous revendiquons successivement notre appartenance à une ethnie, à une communauté de croyance, à une classe sociale ou professionnelle, à une orientation sexuelle, à une génération, sans savoir comment nous représenter le « nous des nous », dont nous relevons tous en définitive.

En ayant recours à toutes sortes de documents qui nous renseignent sur ce que nous appelons « nous », pamphlets, manifestes, journaux, textes théoriques ou chansons, l’auteur donne à entendre les mille voix qui ont prétendu parler au nom de nous : « nous les jeunes », « nous noirs », « nous blancs », « nous juifs », « nous musulmans », « nous femmes », « nous prolétaires », « nous décolonisés », « nous communistes », « nous homosexuels », « nous animaux et humains »… Tristan Garcia se montre attentif à toutes les traditions, et suspend tout jugement moral sur les contenus politiques, pour s’intéresser à la constitution d’une subjectivité politique : la détermination d’un « nous », d’un « vous », d’un « eux », le tracé de lignes entre amis et ennemis, la formation de solidarités et le creusement de fossés entre les camps.
 
Désireux de comprendre ces phénomènes plutôt que de s’en réjouir ou de les déplorer, Nous est ainsi un premier essai de vision d’ensemble de la fragmentation et de la recomposition des identités collectives. Il examine les modèles qui se sont succédés, pour mieux tenter de rendre compte de cette déconstruction, avant de proposer de reconstruire une idée et une image de ce que nous appelons « nous », qui que nous soyons.
Le livre donne ainsi très concrètement à voir le « nous » comme une superposition de calques, de plans transparents de notre imaginaire, sur lesquels nous prétendons tous découper l’espace social et nous y situer. Démontrant que ces calques de l’identité collective ont perdu leur fond, en se trouvant désolidarisés d’une nature sous-jacente, ce livre cherche à nos identités d’autres contraintes, qu’il trouve dans une dynamique d’extension et de contraction, et dans l’histoire de la domination et de la contre-domination.

Ce qui en ressort est un modèle inédit, vivant, de ce que nous sommes, de « nous », en tant que forme souple, s’étendant et se repliant sans cesse suivant une logique qu’il révèle peu à peu, au fil d’un récit construit comme une enquête palpitante. C’est aussi une tentative radicale de trouver dans la « guerre de nous contre nous » une forme universelle de subjectivité qui nous tient toujours ensemble, au moment précis où elle paraît nous déchirer.


Faber : Le destructeur

Faber : Le destructeur

Gallimard - 2013

Dans une petite ville imaginaire de province, Faber, intelligence tourmentée par le refus de toute limite, ange déchu, incarne de façon troublante les rêves perdus d’une génération qui a eu vingt ans dans les années 2000, tentée en temps de crise par le démon de la radicalité.

« Nous étions des enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n’étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l’aristocratie, nous ne rêvions d’aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons – par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler. »


Six Feet Under : Nos vies sans destin

Six Feet Under : Nos vies sans destin

PUF - 2013

Ce livre propose d’explorer la célèbre série d’Alan Ball à travers une série de portraits des principaux personnages, l’analyse circonstanciée de cinq épisodes majeurs et l’étude de six thèmes qui la structure : l’individualité, la famille, l’amour et la sexualité, le travail, la mort et la recherche d’un sens existentiel.

Parcourant ainsi les cinq saisons de la série, le livre propose de reconstruire comme un puzzle le paysage de nos vies contemporaines patiemment décrit par cette oeuvre. Il en ressort que la série télévisée, en suivant les trajectoires des Fisher mais aussi de Brenda, de Keith ou de Rico, personnages secondaires devenus essentiels, propose un nouveau réalisme romanesque et pousse le prosaïsme jusqu’à la description nue de l’ordinaire. Ne se prononçant jamais sur ce qu’il y a au-delà de la vie, dans la mort, Six Feet Under ordonne une représentation immanente du quotidien, de la vie jour après jour et supprime peu à peu la part encore accordée au destin dans le roman classique.

L’ouvrage propose alors de considérer Six Feet Under comme une nouvelle manière pour les classes moyennes occidentales du début du XXIe siècle de concevoir leurs existences, en supprimant l’héroïsme et la transcendance, tout en continuant à vivre leurs vies comme un grand roman.


Les cordelettes de Browser

Les cordelettes de Browser

Denoël - 2012

Et si le temps s’arrêtait ? Si le monde était fini ?

Lorsque David Browser, explorateur spatial, arrive aux confins du cosmos, il arrête l’expansion de l’Univers. Condamnés à l’éternel présent, les hommes peuvent cependant revivre et modifier à loisir leur propre vie en manipulant des cordelettes enfouies dans une console individuelle.

Explorant les conséquences d’une hypothèse stupéfiante, Tristan Garcia construit une galaxie de personnages survivant dans le temps immobile : de Dreamer Wallace âgé de dix mille ans, à Anita qui déclenche en rêve des paysages nouveaux, en passant par Viv qui monte et remonte jusqu’à la nausée une séquence clé de sa vie…

Un roman stupéfiant où l’aventure se mêle à une réflexion sur les objets, le temps, le sens de notre existence.


En l'absence de classement final

En l’absence de classement final

Gallimard - 2012

Voici des gymnastes roumaines, des cyclistes espagnols, des volleyeuses cubaines ou des pongistes chinois qui sacrifient leur vie, l’épuisent dans l’effort, espérant une victoire dont le sens demeure énigmatique.
Chacune des trente nouvelles de ce recueil porte sur une discipline sportive différente, bien connue ou inattendue, du football au kourach ouzbek, du tennis de table au biathlon. Souvent brefs, ces textes drôles et tragiques recueillent la souffrance et la joie du corps, la chance des perdants et le prix payé par les gagnants.
Arrivés les premiers ou les derniers, sportifs et sportives sont les pièces d’un puzzle qui ne représente rien, sinon la carte approximative du monde actuel : une compétition chaotique, dont personne ne parvient à déterminer les règles ni le classement final.


Mémoire de la jungle

Mémoire de la jungle

Gallimard - 2010

Le narrateur de ce roman, Doogie, est un jeune chimpanzé (Pan troglodytes troglodytes).

Le sol du continent africain, dévasté par des guerres, des famines et une vague de pollution chimique, a été laissé expérimentalement en jachère. Partout ailleurs, l’espèce humaine s’est retranchée dans les villes et à l’intérieur de vastes stations orbitales. Un immense zoo près du lac Victoria accueille scientifiques et étudiants afin d’observer la faune préservée... C’est là que Doogie a été élevé, dans une famille de chercheurs, en compagnie de deux enfants : Donald et sa sœur, la bien-aimée Janet. Tout autour, à perte de vue, la jungle de jadis a repris ses droits.

Singe génial et attachant, Doogie a appris à parler – à l’aide du langage des signes, d’écrans tactiles et de lexigrammes – un dialecte baroque et rapiécé.
Son récit commence alors que Doogie revient d’un long voyage en orbite. Après le naufrage de son vaisseau sur un rivage désertique de la côte africaine, le singe civilisé se retrouve seul, perdu dans la jungle. Pour rejoindre Janet et son foyer d’enfance, il devra affronter le monde sauvage, et se dépouiller peu à peu de sa « fidélité à l’humain », quitte à redevenir un animal...

Grand entretien avec Tristan Garcia

Saint-Malo 2023

Un entretien avec le romancier et philosophe, animé par Baptiste Liger de Lire - Le magazine littéraire.


Oser décentrer le regard, pour faire naître l’autre

Saint-Malo 2023

Apprendre à regarder autrement, à questionner sans cesse sa propre grille d’analyses, en faisant un pas de côté. Une démarche essentielle pour avancer dans la compréhension de l’Autre. Comment celles et ceux qui vivent aux marges voient-ils les choses ? Entre deux croyances, deux mondes, Seynabou Sonko s’amuse dans Djinns à jouer entre les identités multiples. Avec Les Yeux de l’Océan, Syaman Rapongan (interprété par Frédéric Dalléas) raconte enfin la colonisation de Taïwan vue par la minorité Tao. Et Tristan Garcia met à l’écoute d’autres manières d’être au monde (Vie contre vie).
Animé par Lou Héliot du 1 des libraires.


Créateurs de monde

Saint-Malo 2023

Le propre de l’homme, conter, raconter, se raconter. Mais le roman peut-il embrasser le monde, le tout ? Quel est donc le pouvoir de la littérature et de l’imagination ? Incroyable sentiment de liberté que celui du poète, du romancier au moment d’inventer son monde ! Le roman, une utopie littéraire ? Dans chacun de ses textes, faits de voyages et d’horizons multiples, Laurent Gaudé remet au centre de son écriture l’acte d’imagination, affirmant la nécessité et le plaisir particulier de créer des mondes. Il ouvre avec Chien 51 une porte à la dystopie, élargissant son univers de bâtisseur. Philosophe et romancier, Tristan Garcia, qui poursuit son roman-monde de la souffrance, du point de vue des opprimés et de l’ailleurs, voue une confiance inébranlable en la puissance du romanesque, capable «  d’embrasser tous les êtres qui palpitent   ». Il affirme vouloir donner corps à un répertoire vivant de tous les récits, tous les lieux et tous les temps, la joie du récit infini. Emmanuelle Pirotte mélange les genres dans Les Reines, une épopée d’après La Chute, mêlant mythes nordiques et tragédie grecque, illustration parfaite d’une imagination fertile.

Une rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos.


Faut-il ré-écrire la dernière saison de Game of Thrones ?

Avec Tristan GARCIA, Gérard WAJCMAN, Patrick K. DEWDNEY, Claude AZIZA - Saint-Malo 2019

Avec Tristan GARCIA, Gérard WAJCMAN, Patrick K. DEWDNEY, Claude AZIZA
Animé par Marie-Madeleine RIGOPOULOS


Le temps des mythes

Avec Tristan Garcia, Laurent Gaudé, Alan Lee, Michel Le Bris, Claude Aziza - Saint-Malo 2019

Avec Tristan Garcia, Laurent Gaudé, Alan Lee, Michel Le Bris, Claude Aziza
Animé par Claudine GLOT


Le temps de la colère

Avec Mireille Delmas Marty, Tristan Garcia, Marc Weitzmann, Michel Agier - Saint-Malo 2019

Avec Mireille Delmas Marty, Tristan Garcia, Marc Weitzmann, Michel Agier
Animé par Xavier DE BONTRIDE