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PEJU Pierre

France

Reconnaissance (Gallimard, 2017)

© C. Hélie

Fasciné par l’enfance, cet écrivain et professeur n’a cessé d’interroger, dans ses essais comme dans ses romans, la part d’innocence qui réside en chacun de nous. Récompensé pour ses écrits, notamment La petite Chartreuse, prix du Livre Inter 2003, porté à l’écran en 2005, Le rire de l’ogre, prix du roman Fnac 2005, ou encore Enfance obscure, prix des écrivains du Sud 2012, Pierre Péju revient en 2017 Reconnaissance, un récit où s’entremèlent fiction et réalité.

Issu d’une famille de libraires d’origine lyonnaise, il grandit pratiquement dans la librairie que son père Raymond Péju ouvre l’année de sa naissance en 1946. Le jeune Pierre voit y défiler les gloires du Nouveau Roman, de Nathalie Sarraute à Claude Simon, qui accompagnent le fondateur des éditions de Minuit, Jérôme Lindon, grand ami de la famille. Pierre Péju fait ses études de philosophie à l’Université de la Sorbonne. Etudiant passionné par les manifestations de Mai 68, il collabore dès 1971 à divers journaux et revues. Professeur au lycée Champollion, puis au lycée international Stendhal, à Grenoble, et directeur de programme au Collège International de Philosophie, il est aussi l’auteur de plusieurs essais, romans, contes et nouvelles. Spécialiste du romantisme allemand, il dirige la Collection romantique (domaine allemand) aux éditions José Corti.
En 1968, il fonde la revue Chute libre. « C’était poésie et révolution, à l’extrême de la gauche », se rappelle-t-il. Pour Jean-Pierre Sicre, fondateur des éditions Phébus où sa biographie d’Hoffmann a paru en 1992, « Péju est un écrivain de l’imaginaire, un courant longtemps souterrain et je trouve bien qu’il ressurgisse aujourd’hui en pleine lumière ».
Il passe une Thèse de Doctorat en Littérature Comparée intitulée Du conte traditionnel au récit littéraire, le rôle du Romantisme allemand (1992). Il a en effet publié, entre 1982 et 1992, de nombreux articles et plusieurs livres sur les contes ou sur le romantisme allemand, comme La petite fille dans la forêt des contes, ou L’Ombre de soi-même, une biographie de E.T. A. Hoffmann, mais aussi des nouvelles, Premiers Personnages du singulier, et un roman La Part du Sphinx, écrit à la suite d’un « voyage en orient » sur les traces de Nerval, Flaubert, Chateaubriand.
Pendant des années, il mène de front la création littéraire et l’enseignement de la philosophie, d’abord dans des lycées parisiens, puis au lycée Stendhal de Grenoble, et à nouveau à Paris au Collège International de Philosophie où, en tant que directeur de programme, il a tenu un séminaire intitulé « Penser l’enfant » (de 1998 à 2004). Après les publications de Naissances, de La vie courante, mais surtout de La petite Chartreuse, il se consacre exclusivement à l’écriture. Le roman La petite Chartreuse a par ailleurs été adapté à l’écran en 2004 par Jean-Pierre Denis avec Marie-Josée Croze, Olivier Gourmet et Bertille Noël-Bruneau.
En 2007, il publie Cœur de pierre, récit ironique sur le destin et la création romanesque, ainsi qu’une monographie sur le peintre Miquel Barceló, Portrait de Miquel Barceló en artiste pariétal, et un livre de philosophie pour la jeunesse, Le monstrueux. En 2009, paraît le roman La Diagonale du vide qui raconte des aventures et poursuites entre France et Afghanistan. De 2010 à 2012, il tient la chronique « Questions d’enfance » dans la revue Philosophie Magazine. Ses réponses aux enfants ont été réunies dans l’ouvrage : Pourquoi moi je suis moi ?.
En 2011, paraît son essai sur l’enfance, Enfance obscure, où il établit, entre autres, la distinction conceptuelle entre « enfantin » et « infantile ». En 2013, dans son roman L’état du ciel, il revient sur la question de l’art, de la perte et de la folie.

Dans son dernier récit, Reconnaissance (2017), l’auteur prête sa propre mémoire à un romancier narrateur, mêle fiction romanesque et écriture de la « vie réelle ».


Bibliographie

  • Reconnaissance (Gallimard, 2017)
  • Pourquoi moi je suis moi ? Et autres questions d’enfance, dessins de Sandrine Martin (Gallimard, 2014)
  • Le goût de l’enfance, textes choisis et présentés (Mercure de France, 2014)
  • L’état du ciel (Gallimard, 2013)
  • Enfance obscure (Gallimard, 2011)
  • Marée basse : méditation sur le rivage, sur ce qu’on y trouve, et sur le temps sans emploi (Éditions Jérôme Millon, 2009)
  • La Diagonale du vide (Gallimard, 2009) Prix Rhône-Alpes pour le Livre 1996
  • L’Idiot de Shangaï et autres nouvelles (Gallimard, 2009)
  • Miquel Barcelo, avec Éric Mézil (Gallimard, 2008)
  • Cœur de pierre (Gallimard, 2007)
  • Le Rire de l’ogre (Gallimard, 2005. Réédition 2007)
  • La Petite Chartreuse (Gallimard, 2002. Réédition Belin 2012)
  • Lignes de vie : récits et existence chez les Romantiques allemandsLibrairie (José Corti, 2000)
  • Naufrage du siècle (Paroles d’Aube, 1998)
  • Naissances (Gallimard, 1998. Réédition 2000)
  • La Vie courante (Maurice Nadeau, 1996) Prix Rhône-Alpes pour le Livre 1996
  • L’Ombre de soi-même : E.T.A. Hoffmann, une biographie (Phébus, 1992)
  • L’Archipel des contes (Aubier, 1989)
  • Hoffmann et ses doubles (Séguier, 1988)
  • La Part du sphinx (Robert Laffont, 1987)
  • Premiers personnages du singulier (Robert Laffont, 1984)
  • Vitesses pour traverser les jours (Maurice Nadeau, 1980)
  • La Petite Fille dans la forêt des contes (Robert Laffont, 1980)
Reconnaissance

Reconnaissance

Gallimard - 2017

« Un soir, dans un refuge de haute montagne, un mystérieux randonneur m’a fait don d’un bloc transparent qu’il prétendait être le "Cristal du Temps".
Plus tard, au lieu de me remettre à la rédaction de mon roman, j’y ai plongé les yeux. Des moments de ma vie ont surgi en désordre : scènes banales ou incongrues, êtres perdus de vue, anecdotes auxquelles je n’aurais jamais repensé, comme la mise à mort d’un lapin, la folie d’une jeune plasticienne russe, un amnésique oublié, la femme qui voulait devenir un ange, les singes dans les ruines d’un temple khmer, les gosses cruels des rues du Caire…
Fasciné, j’étais contraint de reconnaître – comme un homme admet être le père d’un enfant – que ces aventures invraisemblables, ces rencontres sans lendemain, étaient bien miennes. Le cristal m’en restituait chaque détail. Impitoyable, il m’infligeait aussi le souvenir de mes propres rêves et quelques images de mon avenir.
Cette "vie réelle", j’ai voulu l’écrire. Ce vaste désordre s’est transmué en récits, histoires étranges et fragments romanesques. Explorateur en territoire dangereux, je racontais. Immense était ma reconnaissance envers le monde, sa variété, sa douleur et son énigme. »


Revue de presse

  • "Son livre est comme le recueil de mille et une nouvelles qu’il aurait pu écrire séparément. Il nous mène à une liesse partagée devant la richesse inépuisable de la réalité et de la vie. Au bord même du fleuve de la mort, le Léthé, sa réflexion sur le fait d’écrire nous conduit à une sorte de bonheur partagé. Ce beau livre est mystérieux comme les rêves les plus fous et attirants comme les contes les plus joyeux." (Bruno Frappat, La Croix)
L'état du ciel

L’état du ciel

Gallimard - 2013

« Au ciel tout va mal, Dieu se détourne de sa création. Les Anges sont livrés à eux-mêmes. Seul Raphaël, sans mission ni message, médite encore un modeste miracle. Depuis son balcon il se penche au-dessus du monde. Le ciel s’ouvre. Le hasard fait – mais est-ce le hasard ? – que là-bas, tout en bas, dans une maison construite à flanc de montagne, surplombant un lac dont les reflets font paraître le ciel plus beau, il aperçoit une femme endormie.
Nora est allongée en travers du lit défait, paupières closes, encore absente au monde, la chemise de nuit remontée au-dessus de la taille, les seins évadés du coton blanc. Un premier rayon de soleil vient glisser sur sa chair, gainer lentement ses jambes, caresser ses cuisses, chauffer son ventre. Le matin le plus ordinaire est aussi l’origine du monde. Quand la lumière atteint son visage, plaquant sur ses yeux une lame chauffée au rouge, Nora fait un bond hors du lit. Debout au milieu de la chambre, elle vacille. Ses pieds nus collent au carrelage tandis que la chemise retombe autour de son corps luisant de sueur. Son cœur cogne, comme d’habitude, à la seule idée de devoir affronter le jour. »

Nos jeunes années

Avec Michèle Standjofski, Pierre Péju, Georges-Olivier Chateaureynaud - Saint-Malo 2017

Avec Michèle Standjofski, Pierre Péju, Georges-Olivier Chateaureynaud
Animé par Claudine Glot


Infimes tremblements du temps

Avec Dimitri Bortnikov, Pierre Bordage, Pierre Péju - Saint-Malo 2017

Avec Dimitri Bortnikov, Pierre Bordage, Pierre Péju
Animé par Claudine Glot