Pour saluer Edouard Glissant

« Derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » [...] se profile l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. [...] « Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l’individu, sa relation à l’Autre, au centre d’un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense
et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté ».
Manifeste pour les « produits » de haute nécessité (Galaade, 2009)

Nous l’aimions. L’équipe du festival, les écrivains qui en forment la famille, et le public qui, à chacune de ses venues à Saint-Malo, se pressait pour l’écouter. Ce dernier l’avait véritablement découvert en 1997, lors de l’édi- tion consacrée aux littératures de la Caraïbe, et cette découverte fut pour tous un coup de cœur. Découverte d’un immense poète, découverte d’un grand penseur, découverte d’un homme pour lequel engagement poétique et engagement politique ne se distinguaient pas.

Comme sa réflexion sur le « Tout Monde » rejoignait ce que nous déve- loppions depuis la création du festival, d’une « littérature monde » ! Au cœur de cette rencontre, il y avait une même conviction de l’urgence de la beauté, une même vision du « poème » : cette dimension de grandeur en chaque homme qui le fonde en son humanité — et qu’affirmait avec une force rare le Manifeste pour les « produits » de haute nécessité, écrit en pleine grève dans les Antilles, en 2009, et dont il fut un des inspirateurs, une pensée des temps présents, qui vaut pour tous : Édouard Glissant, tou- jours vivant.

Nous lui consacrons une grande journée à l’Auditorium en compagnie de Patrick Chamoiseau, Sylvie et Mathieu Glissant et ses amis, nous projetterons pas moins de trois films, feront des lectures. Et la journée se cloturera par une superbe soirée au Théâtre de Saint-Malo, avec le génial Denis Lavant, Sapho, Mike Ladd, Nicole Dogué, Alexandra Fournier et Raphael Didjaman.