Propos décalés d’Emmanuel Dongala

‘‘Un écrivain ne sert à rien sinon qu’à raconter des histoires’’

Le Congolais Emmanuel Dongala est à l’affiche de cette édition brazzavilloise d’Etonnants Voyageurs. L’auteur de Photos de groupe au bord du fleuve, Jazz et vin de palme s’est prêté à nos questions. Propos décalés.

Quel est le penseur qui vous accompagne ?
Oulala, il faut forcément que j’en trouve un ? Il y en a beaucoup. J’ai appris de tellement de penseurs, surtout de ceux qui ont une vision scientifique du monde.

Quel est le sophisme qui vous exaspère le plus ?
Ah, il y en a là aussi tellement… Ce sont des choses auxquelles on ne pense pas… Par exemple toutes ces choses autour de l’amour, le ‘‘aimez-vous les uns les autres’’, ‘‘nous sommes tous des humains’’ que les gens ne pratiquent pas. Je n’avale pas ça, c’est plein d’hypocrisie.

La question qui vous tourmente ?
Je ne veux pas être philosophique. Souvent je me dis que c’est bien pour moi de vivre en ce siècle parce que je vois tout ce qui se passe ici, tout le progrès technologique. En même temps je me dis que c’est dommage de ne pas pouvoir voir les progrès à venir à la fin du XX siècle pour voir le progrès.

L’animal le plus sage pour vous ?
Hmmm… Peut-être la tortue qui trace son petit bonhomme de chemin avec son refuge sur le dos. À la moindre alerte, elle s’arrête, se met à l’abri, laisse passer…, ensuite reprend sa marche. On dit qu’elle est lente mas ce n’est pas pour rien qu’elle peut vivre aussi longtemps.

L’astuce pour corrompre les jeunes ?
C’est très facile : leur faire croire que ce qu’ils veulent faire est facile, qu’il n’y a pas d’effort à faire. Il suffit d’avoir de l’argent, un parrain. C’est facile d’arriver à ce qu’on veut obtenir. Alors qu’il suffit simplement d’un peu d’effort.

Votre personnalité vivante préférée ?
J’en ai trois, je ne peux donc pas les citer.

Le personnage historique, auquel ?
Pfff… Je pense à… Je pense que vous en avez jamais entendu parler. C’est une dame, elle s’appelle Sojoirner Trueth. C’est à elle que j’ai emprunté la citation de ‘‘Photos de groupe au bord du fleuve’’. C’est une femme esclave qui a beaucoup lutté pour les droits des femmes.

Si vous rencontriez Dieu, que lui diriez-vous ?
Je lui dirai : comment as-tu pu faire cette merde (rire)… Cette merde de l’humanité ? (Rire). En tout cas t’as raté ton chef-d’œuvre, c’est une merde !

Si vous devriez renaître sous quelle forme voudriez-vous revenir sur terre ?
Ah, si je reviens sur terre… ? Sous un air de musique, un air de flûte

Aujourd’hui, c’est la St-Valentin, quelle est la chose la plus absurde que vous ayez faite par amour ?
Je déteste toutes les fêtes institutionnelles. (Silence) Me lever tôt le matin pour … ah c’est si difficile (rire)… me lever le matin pour faire la vaisselle. Je déteste ça.

À quoi sert un écrivain ?
À rien, sinon qu’à raconter des histoires…