Quand l’Afrique s’éclairera

Grand Large, salle Vauban
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© Pascal Maitre/Cosmos

L’Afrique ne peut continuer à éclairer les autres continents grâce à ses ressources en restant elle-même dans l’obscurité.
Macky Sall, président du Sénégal

Lauréat du prix de l’AFD 2017, Pascal Maitre, qui travaille régulièrement pour des magazines renommés tels Géo, National Géographic, Paris-Match, a réalisé des reportages photographiques dans plus de 40 pays d’Afrique et s’est intéressé aux thèmes essentiels de ce continent aux mille facettes. Avec une trentaine de grands tirages cibachromes, il nous propose un reportage nocturne du Bénin au Niger, du Tchad au Sénégal, où en ce début de XXIe siècle, le feu et la lampe à pétrole restent les sources majeures d’éclairage.

Révision des devoirs à la lampe à pétrole, Adido

« Pascal Maître : Pascal l’Africain »

En partenariat avec la MEP et le magazine Polka, l’Agence Française de Développement a obtenu triple satisfaction après avoir primé en 2016 Pascal Maitre dans la catégorie « Meilleur projet de reportage ».

  • Pour faire la démonstration que le talent des photographes primés est corollaire de sa raison d’être en contribuant à mieux faire connaître le rôle majeur de l’AFD dans 90 pays.
  • En donnant aux lauréats la possibilité d’aller au long cours enquêter, témoigner de l’urgence des solutions à apporter aux problématiques économiques, sociales et humaines, qui trop affectent un continent en général, un pays en particulier.
  • Pour mieux sensibiliser l’opinion publique sur des sujets de reportage écartés, déniés d’intérêt présumé par une presse magazine trop à l’étroit dans son domaine réservé.

Les photos ici exposées de Pascal Maître, très reconnu de par le monde, permettent d’apporter, selon ses propres mots : « un peu de lumière sur cette immensité noire qu’est l’Afrique Subsaharienne ». Car pour nous alerter sur cette catastrophe persistante il ne pouvait y avoir meilleur choix que « Pascal, l’Africain » dirait Amin Maalouf pour battre le tambour, djembé ou dunumba depuis les villages du Bénin ou du Sénégal parmi les huit pays parcourus et résonner jusque dans notre lumineuse « tribu » d’Occidentaux privilégiés par le génie d’Edison.
Car non sans humour ambiant, parlant de « détestage » au lieu de délestage lors de fréquentes coupures d’électricité, une population de 621 millions d’habitants vit la double obscurité de la nuit tombante et l’opacité d’une volonté politique trop souvent absente. L’Afrique n’exploite que 3 % de son potentiel hydroélectrique en ne produisant que 2,6 % de la production mondiale selon Le Point Afrique.
Cruelles données derrière lesquelles se cache une réalité que Pascal Maître révèle avec passion, pudeur et grande estime pour ces peuples africains, pères, mères et enfants de la débrouillardise obligés de s’éclairer à la lampe à pétrole, pour accoucher, enseigner, apprendre pendant ces nuits d’encre. Noir c’est noir et pas qu’en chanson dans une Afrique laissée sur le bas-côté d’un progrès en marche… arrière* !

Ferme éolienne d’Ashegoda

Coloriste hors pair, paysagiste ou portraitiste remarquable, pour ne jamais faire dans la caricature de couleur ou de peau, Pascal Maitre nous restitue le paradoxe criant de vérité en 25 images, d’une présence qui est la sienne, pour mieux nous éclairer sur la cruelle absence d’une lumière qui fait tant défaut au continent africain.
Des solutions technologiques de transition énergétique, photovoltaïque ou éolienne sont en cours comme dans la centrale solaire Synergie II à Bokhol au Sénégal. Elles n’ont pas échappé à l’œil expert de Pascal Maître, le plus à même de nous donner à voir les besoins d’une Afrique dans l’urgence.

Alain Mingam - Commissaire d’exposition
Président du Jury du PRIX PHOTO AFD
*Polka Magazine du 28/08/2017 – tiré à part à disposition.