Quand se réveillent les puissances du mythe... / Le XXIe siècle naît sous nos yeux #3

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Gandalf © John Howe

Star Wars, Game of thrones, Le Seigneur des anneaux, Harry Potter, légions de superhéros, films, séries, BD, jeux vidéo : n’en jetez plus ! Fuite dans l’imaginaire devant la dureté du réel – ou manière de l’habiter, quand se joue devant nous la création d’un monde, dans le déchaînement des passions premières ? Ne sommes-nous pas, devant ce monde nouveau qui peu à peu nous enveloppe, comme les enfants des contes, perdus dans les forêts obscures ?

« Dire le monde », pour nous, n’a jamais voulu dire céder aux illusions du « réalisme » – qui relève de l’idéologie – mais suppose une vision, un travail de l’imaginaire, une sensibilité aux forces à l’œuvre dans le monde, et en soi. Depuis toujours nous avons développé le programme jeunesse avec une attention particulière aux œuvres dites pour « young adults » et à ce que l’on appelle la «  fantasy  ».


Le génie de Tolkien

Le succès du Seigneur des anneaux nous l’avait fait négliger : J.R.R. Tolkien est un immense écrivain. Un génie littéraire hors norme, qui, face à l’épreuve de la Grande Guerre, fit un pari radical sur les puissances de l’imaginaire. Non pour fuir le monde : pour le penser. Tout comme le fit, jadis, Homère à travers les aventures d’Uysse : en imaginant des fictions si puissantes qu’elles ont traversé les siècles, sont devenues des mythes.

La journée Tolkien, devant une salle comble, tint toutes ses promesses, avec, en avant-première, le film attendu depuis des années : Tolkien, des mots, des mondes de Simon Backès. Et une rencontre de haut niveau avec les meilleurs spécialistes autour de Vincent Ferré, auteur du monumental Dictionnaire Tolkien et par ailleurs… spécialiste de Proust.


Les superhéros sont immortels

On les croit morts, ils ressuscitent. Nés dans les années trente quand menaçait la guerre, on les avait portés disparus avec le rêve américain, ils renaissent avec Stan Lee et Jack Kirby, dotés de faiblesses nouvelles, reflets de leur époque – et renaissent de nouveau. À croire qu’à travers eux se dit quelque chose sur nous-mêmes. Les superhéros, ou la poétique hallucinée des villes-mondes : ne sommes-nous pas devenus les habitants de Gotham City ? De superbes moments en compagnie de passionnés : Clément Pélissier, Jean-Marc Lainé ; et de romanciers de l’apocalypse : Pierre Bordage, Thomas Day, Laure et Laurent Kloetzer.


Game of thrones : le retour des barbares

« Winter is coming » : une phrase culte, pour nous tous, fous de Game of thrones. Du monde de G.R.R. Martin, et de la série TV qui fait tanguer la planète. D’une ampleur visionnaire, aux accents shakespeariens. Moyen Âge halluciné, dans l’affrontement des passions premières et longue quête dans le chaos d’un monde en train de se défaire – ou de se faire. Notre monde ?


Fascination des âges obscurs ?

Le Moyen Âge revient. Il ne cesse de revenir, d’ailleurs, à chaque fois que notre monde vacille, et s’interroge. Avec une attention nouvelle à ce qui reste un trou noir de l’Histoire : la chute de l’Empire romain, et la venue des âges barbares… Un hasard, vraiment ? Ou une manière de s’interroger sur les temps présents ? Games of thrones : l’occasion de poursuivre la réflexion avec des écrivains des « âges obscurs », François Taillandier, Raphaël Jerusalmy, Andrus Kivirähk, Régis Goddyn, Viviane Moore.
Star Wars, le temps des légendes.

Qu’est-ce qui se joue dans l’espace du mythe ? Pourquoi ce retour en force ? Les mythes : ils n’ont pas bonne presse, en France. Et si on les prenait au sérieux ?

Ils furent nombreux ce matin-là à se laisser séduire par le « côté obscur de la force » ! Un film étonnant, en ouverture : la création de Star Wars relevait du bricolage génial, non d’une super-technologie. Par contre, il fut pensé. Belle entrée en matière pour la rencontre qui devait suivre sur « Le retour des mythes » entre philosophes, universitaires de haut vol comme Vincent Ferré, Isabelle Pantin, Clément Pélissier, l’écrivain Pierre Bordage et Claudine Glot.


Dans la forêt des contes

Histoires de « bonnes femmes », ramassis de vieilleries, superstitions toujours juste bonnes à collecter, témoins d’un autre temps ? Ou bien coffre aux merveilles, au carrefour magique des mémoires du monde ? Les romantiques allemands, les premiers, les pensèrent comme l’expression première du continent des rêves, porte, voie d’accès à un secret de l’humanité. Les contes n’éclairent jamais qu’en projetant de l’ombre… Avec Claudine Glot, coauteure avec moi d’Elfes, fées, dragons (Éd. Hoëbeke), Pierre Dubois, elficologue, Victor Dixen, créature de la nuit, et Andrus Kivirähk, l’Estonien venu avec ses trolls et ses légendes.


Le retour des vampires

Ils continuent à hanter nos imaginaires. On les croit morts, ils ressuscitent. À croire qu’à travers eux se dit quelque chose d’essentiel. Sur le monde et sur les rêves qui toujours nous hantent. Le vampire, figure du désir sans plus de frein, à l’opposé de Frankenstein, imaginé à la même époque, figure de l’homme-machine à l’âge industriel ? Grand retour en mai 2012 sur les vampires, et grande nuit Dracula pour célébrer le centenaire de la mort de Bram Stoker ! Les vampires sont éternels…