Invités depuis 1990

RAPONGAN Syaman

Taïwan

Les Yeux de l’océan (L’Asiathèque, 2022)

© Kun Yung Wu

Issu du peuple Tao, originaire de l’archipel taïwanais de Lanyu, Syaman Rapongan se décrit d’abord en tant qu’écrivain de l’océan. Alors qu’il quitte son île natale afin de poursuivre ses études, il refuse l’admission à l’université nationale de Taïwan, où une carrière imposée dans l’enseignement l’aurait destiné à poursuivre la politique de colonisation du parti nationaliste chinois. Il opte plutôt pour l’université de Tamkang et s’implique dans les mouvements de droits des peuples autochtones et de protection de l’environnement, avant que son sentiment d’aliénation ne le rappelle à Lanyu. Pour lui, « c’est l’océan qui nourrit et instruit notre peuple ». Reconnu comme ethnologue et océanographe, il livre dans Les Yeux de l’océan un récit autobiographique détaillant le mépris envers les aborigènes tout comme sa lutte contre la perte des savoirs traditionnels, tant pratiques que philosophiques. Son ouvrage fait oeuvre de résistance face à l’intolérance, mais porte aussi un tendre hommage à la culture ancestrale des Taos, où l’océan devient le prisme à travers lequel il considère les fluctuations de sa vie.


Bibliographie

  • Les Yeux de l’océan (L’Asiathèque, 2022)
  • La Mémoire des vagues (Tigre de papier, 2011)
Les Yeux de l'océan

Les Yeux de l’océan

L’Asiathèque - 2022

La voix singulière et puissante de Syaman Rapongan, aborigène longtemps rejeté aux marges, prend part aux débats sur l’avenir du monde.

Syaman Rapongan, auteur appartenant au groupe autochtone des Tao et qui aime se définir comme un écrivain-pêcheur, revient sur sa jeunesse, quand il a quitté son île natale de Botel Tobago (île des Orchidées au large de la côte est de Taiwan) pour rejoindre le « continent » taïwanais. Dans cet ouvrage, d’inspiration largement autobiographique, Syaman Rapongan raconte comment il a été encouragé à quitter son lieu de naissance et celui de ses ancêtres pour aller trouver du travail dans la métropole « civilisée ». Il y raconte ses errements identitaires, les discriminations qu’il subit, à la fois comme autochtone et comme prolétaire, et aussi ce qui le pousse à reconsidérer la valeur de la culture de ses aïeux, et enfin, à revenir chez lui et à lutter pour la reconnaissance des droits de son peuple.

Chronique sociale du Taiwan des années 1970 et 1980, à un moment où les Autochtones sont encore considérés comme des individus arriérés et sauvages, Les Yeux de l’océan - Mata nu Wawa offre à voir une autre facette du « miracle économique taïwanais ». Avec une plume à la fois pleine de colère et d’espoir, Syaman Rapongan raconte comment les injustices d’hier ont contribué à façonner le Taïwan d’aujourd’hui et comment l’héritage culturel des autochtones formosans peut régénérer la culture taïwanaise contemporaine en la situant dans une nouvelle dynamique transpacifique. En dépit de sa double marginalisation, en tant qu’autochtone et en tant que taïwanais, Syaman Rapongan montre aussi comment Taiwan peut participer aux débats sur l’avenir du monde.

Traduit du mandarin vers le français par Damien Ligot.

Après-midi autour du Prix Gens de mer : "Façonnés par l’océan"

Saint-Malo 2023

Cité corsaire oblige, nous voguerons sur toutes les mers du monde ! Le voyage débutera en Patagonie avec le superbe film Austral, dans lequel les pêcheurs se livrent à la caméra de Benjamin Colaux.

Dans son sillage, ont été remis les prix Gens de mer 2023 et celui de la Compagnie des pêches. Pour écouter la remise des prix à Julian Sancton et Roxanne Bouchard :

Puis une rencontre : « Façonnés par l’Océan », animée par Hubert Artus :

Que fait la mer à celles et ceux qui vivent à son contact ? Retour sur les côtes avec le Taïwanais Syaman Rapongan, écrivain de l’océan ici interprété par Frédéric Dalléas, la Québécoise Dominique Scali, qui met en scène dans Les marins ne savent pas nager les habitant·es d’une île battue par les marées, et sa compatriote Roxanne Bouchard, qui offre avec Nous étions le sel de la mer un polar frappé par les embruns.


Les voix des peuples autochtones

Saint-Malo 2023

Expérience immersive avec le film Chasseuse de son, qui évoque par la musique de la chanteuse de gorge inuite Tanya Tagaq les voix d’un peuple en lutte.

Suivi par une rencontre exceptionnelle entre l’auteur taïwanais Syaman Rapongan et la poétesse et romancière canadienne Natasha Kanapé Fontaine. L’un, océanographe et ethnologue issu du peuple tao, signe Les Yeux de l’océan, une œuvre de résistance tout autant qu’un hommage à la manière d’être au monde de son peuple. L’autre, membre de la communauté innue de Pessamit, au Québec, à la fois poète-interprète, écrivaine, comédienne, est guidée par l’urgence de justice, de guérison et d’échange entre les peuples.

Animée par Christine Chaumeau. Interprète : Frédéric Dalléas.


Oser décentrer le regard, pour faire naître l’autre

Saint-Malo 2023

Apprendre à regarder autrement, à questionner sans cesse sa propre grille d’analyses, en faisant un pas de côté. Une démarche essentielle pour avancer dans la compréhension de l’Autre. Comment celles et ceux qui vivent aux marges voient-ils les choses ? Entre deux croyances, deux mondes, Seynabou Sonko s’amuse dans Djinns à jouer entre les identités multiples. Avec Les Yeux de l’Océan, Syaman Rapongan (interprété par Frédéric Dalléas) raconte enfin la colonisation de Taïwan vue par la minorité Tao. Et Tristan Garcia met à l’écoute d’autres manières d’être au monde (Vie contre vie).
Animé par Lou Héliot du 1 des libraires.