Ramer la vie

Alain Gallet (Aligal Productions, France 3 Ouest, 1999, 52’)

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Le 15 juin 1995, Jo Le Guen accoste sur la petite île de Molène, en Bretagne. Parti à la rame, de la côte Est des Etats-Unis, il vient de traverser l’Atlantique seul et sans assistance. Inconnu avant de partir, il pensait arriver sans bruit, avec juste quelques copains et le voilà obligé de se frayer un chemin dans la liesse collective.

A la suite de cette aventure Jo est reparti pour une autre traversée en direction des Canaris cette fois-ci, avec un ancien détenu car entretemps Jo à découvert l’univers carcéral et voilà deux galériens sur l’eau.

Jo Le Gwen n’a pourtant rien d’un sportif. Il n’est pas intéressant pour ses exploits mais parce qu’il trouve comme réponse à ses angoisses et à ses besoins de créations qu’une expression anormale. Les exploits sportifs de Jo, après une vie de vagabondage, sont quasiment assimilables à une fuite "esthétique" du monde.

Ceux qui vont le voir comme on admire un athlète sur le stade sont trompés et déçus. L’exploit ne l’intéresse pas, ou peu. Pour la traversée de l’Atlantique il ne s’est jamais entraîné à ramer ! Il n’a jamais été voir le bateau en construction. Sa traversée, il l’a réalisée pour d’essentielles raisons intimes.

Aujourd’hui l’an 2000 approche, Jo à 50 ans. Il veut maintenant virer le Cap Horn, seul et toujours à la rame au passage de l’an 2000.

La réalisation de ce portrait par Alain Gallet joue sur la solitude du personnage, qui se raconte, seul, en revenant sur ses pas : l’île de Molène, l’île de Trielen, le port de Brest, la côte nord bretonne, une prison. S’y mêle, en écho, s des images d’archive, extraites des vidéos 8mn tournée par Jo pendant ses traversées.

Nous découvrons un personnage très attachant qui a le sens de la formule, avec une gueule, un regard. Ce qui attire chez Jo, ce sont ses motivations profondes, et les blessures que l’on découvre derrière.