Anthropologue nourrie de la pensée de Philippe Descola, Nastassja Martin dit s’être engagée sur ses premiers terrains d’étude avec le désir de rencontrer des collectifs animistes. Auprès des Gwich’in en Alaska et des Even au Kamtchatka, pareillement impactés par les crises économiques, sociales et climatiques, elle a pu mesurer le travail de résistance opéré par ces peuples qui réinvestissent des modes de vie dont ils avaient été déviés par la colonisation. Récompensé par les prix François Sommer et Joseph Kessel en 2020, son récit Croire aux fauves, infusé de la vitalité onirique de ces cosmologies alternatives, dit la force des écrits en marge pour penser les expériences de l’altérité et accueillir les métamorphoses inévitables pour une issue positive aux crises systémiques. Un grand entretien pour éclairer son parcours suivi, en avant-première, de son film Tvaïan, où l’on suit une famille even qui a fait le choix de vivre, après la chute de l’URSS, dans une des régions les plus reculées du monde.