Rodney Saint-Eloi, Montréal, 26 juin 2010

image

Où j’en suis ! À Montréal... Je suis au 5863 de la rue Chabot, dans le quartier Rosemont, dit Petite patrie. Je viens de terminer tôt le matin la lecture d’un lumineux roman Montedidio de l’Italien Erri de Luca. L’après-midi du jeudi 24 juin, Dany Laferrière et Maggie m’ont amené à manger : du riz blanc et de la ratatouille. Nous avons causé du Festival de Jazz de Montréal qui s’ouvre ce vendredi 25 juin et de Saison sauvage (écriture, 2009) de Kettly Mars, qui se positionne très près du triple roman de Marie Chauvet Amour, colère et folie (Zellige, 2007). Le soir, j’ai parlé à Franketienne et à Marie-Andrée. Franketienne poursuit la construction de sa maison, fissurée par le séisme. Il est invité à Montréal en septembre dans le cadre du Festival International de Littérature (FIL) où il jouera, avec le jeune comédien Garnel Innocent, sa pièce visionnaire Melovivi ou le piège. Je crée également le spectacle Haïti debout en hommage au géant des lettres haïtiennes, à son courage et à la force de son art. Franketienne ouvre le spectacle avec son chant Erzulie.
Où j’en suis ! Je vais retourner au fond de moi-même cette fin de semaine pour me replonger dans l’écriture d’un long poème commencé depuis le début de l’année et que j’avais mis de côté. Une information pour vous tous : j’ai un récit-témoignage qui sort le 9 septembre chez l’éditeur Michel Lafon. Le titre : Haïti, Kenbe la ! Un récit d’enfance, mais aussi une histoire populaire du pays d’Haïti. Témoignage-récit polyphonique, allant du séisme à l’enfance, fouinant du côté de l’histoire, du social... enfin, tout ce qu’il faut pour sortir des sentiers battus et pour mieux comprendre Haïti. La thèse exploratoire est que l’histoire d’Haïti, de la colonisation au 12 janvier 2010, est une succession de séismes. Séisme humain. Séisme naturel.
Où j’en suis ! Je suis aussi avec Demain j’aurai vingt ans (clin d’œil au maître Tchicaya U Tam’ Si), un superbe roman d’Alain Mabanckou publié chez Gallimard. Alain me pousse à revisiter la gauche, la fameuse expression « opium du peuple », la lutte des classes, les moyens de production... Entre la radiocassette-miracle, les informations internationales, les portraits (les deux Roger, Pauline, Lounès, etc.) et les jeux d’esprit, je suis déjà comblé. Je suis à la page 241 : « Mon petit frère Maximilien transpire. » Demain, je compte tout terminer. J’écrirai à Alain pour lui dire, « frère, Good Job ! ». Ici, rien n’est artifice. Tout est mesure et fluidité. Le ton est juste. Je ris avec Brassens et son arbre… Les amours imaginaires entre le narrateur et Caroline ! Drôle... n’est-ce pas !
Un Barbancourt Cinq étoiles… Ce dernier Mabanckou, le plus Haïtien de tous les Congolais…
P.S. : Le mercredi 30 juin, j’accueille Kossi Efoui, qui vient à Montréal en vue de participer au Congrès international des études francophones (CIEF). Kossi Efoui est l’heureux gagnant du Prix des Cinq Continents pour son si beau roman Solo d’un revenant (Seuil, 2008). Des amis, Thomas Spear, Éloise Brézault, Romuald Fonkoua, Yolaine Parisot, Tierno Monenembo, seront également de passage à Montréal la semaine prochaine. L’été promet d’être bien chaud du côté du fleuve Saint-Laurent…

Rodney Saint-Eloi